Plus de 4.000 bâtiments publics sur les 191.000 que compte l'Etat ont ou vont entamer des travaux pour réduire leurs consommations d'énergie. Une enveloppe supplémentaire de 150 millions sera mise en place l'an prochain.
Par Muryel Jacque
Plus de 191.000 bâtiments, 94 millions de mètres carrés, et des émissions annuelles de 2,2 millions de tonnes équivalent CO2… En pleine traque aux économies d'énergie dans tous les secteurs, le gouvernement a tenu à faire ce mardi un « point d'étape » sur la rénovation de l'immobilier de l'Etat (qui représente un quart des bâtiments publics), dans le souci d'exemplarité régulièrement martelé par l'exécutif.
Selon Bercy, plus de 3,8 milliards d'euros, dont 2,7 milliards dans le cadre de France Relance, ont été investis depuis 2019 pour rénover près de 4.000 bâtiments de l'Etat. « C'est un effort sans précédent », a fait valoir Bruno Le Maire qui s'est rendu pour l'occasion à Trappes, dans les Yvelines, sur l'un des chantiers de rénovation les plus importants, celui du Laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE).
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« Ce bâtiment des années 1970, mal isolé, nous le rénovons totalement – 5 millions d'euros et des travaux considérables. Et au bout du compte, son bilan carbone sera bien meilleur. Nous allons faire cela sur des milliers d'établissements publics et de lieux publics, avec le soutien du ministère de l'Economie et des Finances », a-t-il expliqué, assurant au passage : « Nous devons accélérer sur la réduction des émissions de CO2 et Bercy prendra toute sa part. »
Globalement, les investissements consentis pour rénover le parc de l'Etat devraient permettre d'économiser « 800 gigawattheures » par an, ce qui équivaudrait à la consommation domestique – chauffage, climatisation, ventilation, eau chaude, etc. – d'une ville de 200.000 habitants, a évalué le ministère.
Bercy a aussi annoncé que 150 millions d'euros supplémentaires seraient mis sur la table l'an prochain pour « réduire les consommations énergétiques du parc et sa dépendance aux énergies fossiles ». Les détails de l'utilisation de cette nouvelle enveloppe sont « en cours de discussion et de co-construction » dans le cadre du groupe de travail sur la sobriété énergétique avec les acteurs publics lancé en juillet pour trouver comment baisser la consommation de l'administration de 10 % d'ici à deux ans.
Energivore, le secteur des bâtiments reste l'un des plus pollueurs. « Avec 18 % des émissions directes de gaz à effet de serre provenant du secteur et 36 millions de logements en 2019, la décarbonation complète de ce secteur est indispensable à l'atteinte de la neutralité carbone en France », avertissait le Haut Conseil pour le climat dans un rapport consacré au sujet publié fin 2020.
Pour ses bâtiments tertiaires, la France s'est fixé comme objectif de baisser la consommation d'énergie de 40 % d'ici à 2030 et de 60 % vingt ans plus tard. Le parc public dans son ensemble – à savoir l'immobilier de l'Etat, les bâtiments des collectivités locales et du secteur de la santé – constitue donc « un enjeu majeur pour la rénovation énergétique », souligne l'Ademe.
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Les efforts à faire restent colossaux. Le Haut Conseil pour le climat insiste : il faut « donner l'exemple par la mise en oeuvre de rénovations très performantes des bâtiments publics », celles à même de réduire les déperditions d'énergie et donc de faire baisser la facture sur le long terme. Or, le comité d'évaluation du plan France Relance constatait dans son premier rapport fin 2021 que « moins de 3 % des projets en nombre (et 22 % en montant) constituent des rénovations globales ».
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