Kyklos, en grec ancien signifie cercle. Quand Candilis mandata deux architectes pour créer cet emblème leucatois, c'était sans compter sur le fait que, cinquante ans plus tard, il serait question de le raser pour y construire un complexe immobilier. Et pour en revenir aux cercles, c'est un dossier qui tourne en rond, entre intérêts particuliers, appétits immobiliers et défense d'un patrimoine remarquable. Explications.
Si Port-Leucate a deux emblèmes liés à la mission Racine, ce sont les Carrats, un ensemble d'habitations de vacances classés au Patrimoine et par les Batiments de France, et ce drôle d'immeuble accueillant des commerces et discothèques : le Kyklos. 
Si le premier n'est pas en danger, le second, commandé à l'époque par Candilis est en danger de mort. Et il est heureusement protégé par le premier. Pour l'instant. Et même, peut-être, durablement.
Un peu d'histoire : Georges Candilis, mandaté par De Gaulle et Pompidou, passa commande à des architectes novateurs toulousains Paul Garcia et Maurice Zavagno pour inventer un lieu de rencontre, insolite, convivial, festif permettant d'accueillir commerces, restaurants, bars et discothèques. Et naquit le Kyklos, ambitieux architecturalement, original, tout en rondeurs, tout en béton, et de blanc vêtu dans la tradition méditerranéenne. Treize propriétaires, dont la mairie de Leucate qui, depuis, a cédé son lot, ont investi. 

Cinquante ans, ou à peu près, c'est long. L'investissement de départ s'est largement remboursé, la copropriété, au fil du temps, s'est désengagée, n'a plus entretenu les lieux. Et ils se sont dégradés. La mairie n'ayant pas la main, surtout depuis qu'elle a choisi de céder le local dont elle avait la possession, a laissé libre cours aux buisness divers et variés avec des investisseurs et constructeurs et, comme pour accélérer les choses, a pris un arrêté de péril, contredit par une expertise dont vous pourrez prendre connaissance sur notre site lindependant.fr.
Un projet de destruction puis construction a été retoqué par l'architecte des bâtiments de France, eu égard à la proximité des Carrats. Et par ailleurs, les aficionados de la station balnéaire et de ce bâtiment aussi atypique que beau montent au créneau et mettent tout en œuvre pour sa sauvegarde, voire sa réhabilitation au titre du patrimoine architectural du XXe siècle. La responsable régionale du "Groupe de travail français pour la valorisation et la protection de l’architecture, de l’urbanisme et des paysages du XXᵉ siècle", Catherine Compain. Mais pas elle seule. 
Brigitte Defives, riveraine des abords de ce lieu symbolique de convivialité et d'années heureuse en bord de mer a lancé une pétition en septembre qui a déjà recueilli près de 2000 signatures. 
Sauver ou sacrifier le Kyklos au profit de promoteurs immobiliers ? C'est le maire de Leucate (qui n'a pas donné suite à nos sollicitations) qui a les cartes en main. Il a, toutefois, concédé un entretien téléphonique à notre consœur du Monde voici quelques jours. "Si le Kyklos n’est pas sauvé, nous proposerons un geste contemporain, conduit par un architecte de niveau international qui respecterait les principes de Candilis, à savoir une architecture blanche, une sobriété dans le trait, dotée de patios et empreinte d’une dimension collective", a-t-il confié à Marie Godfrain
André Illescas, membre de la copropriété,dénonce une forme d'imposture, "une volonté libérale ou une bêtise". Selon lui, qui ne se résout pas à vendre son lot, tant pour des raisons patrimoniales que de principe, "le Kyklos doit rester un symbole patrimonial à Port-Leucate". "N'oublions pas, non plus, la destruction de la piscine et des courts de tennis où ont été construits des immeubles", assène-t-il. 
C'est aussi l'avis des Leucatois, habitants du secteur et touristes, qui ont vécu des moments uniques dans cet agora tout en rondeurs et en originalité architecturale, unique en son genre. Et comme voulu par le visionnaire Candilis. 
Situé en front de mer, au plus près du nouveau "symbole" de Port-Leucate qu'est le ponton, il est compréhensible que raser le Kyklos pour créer un ensemble d'immeubles avec vue sur la mer aiguise des appétits. Si ce n'est que le patrimoine contemporain, voulu par Pompidou et De Gaulle , en prendrait un coup dans l'aile. Les choix à venir sont dans le camp des décideurs actuels et éventuellement à venir. En ce sens, l'autrice de la pétition a écrit à Emmanuel Macron, à la ministre de la Culture etc. 
Pour aller plus loin, les documents officiels sur le sujet:
 
Rapport Expertise 2018 by L’Indépendant on Scribd
 
 
 
 
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Il est regrettable de lire les propos d'un propriétaire qui critique ce qui s'est fait sur la station car ils sont faux ! Non la piscine n'a pas été remplacée par des immeubles mais par le Ponton avec avancée sur la mer. Pour ce qui est des anciens tennis, oui des immeubles y ont été construits. Par contre si les propriétaires dont il fait partie avaient fait le nécessaire pour entretenir le Kyklos, cet édifice ne serait pas en décrépitude. Après avoir perçu des loyers durant des années, ils auraient dû faire en sorte de conserver l'endroit en bon état. Mais non ! et après on critique….

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