Publié le 04/08/2022 à 16h00
Aujourd’hui paisible village de la vallée du Serein, Montréal fut autrefois une importante seigneurie Bourguignonne dont on ne connaîtrait pas l’histoire sans quelques passionnés d’histoire locale. Didier Sécula, professeur d’histoire est de ceux-là et a longtemps travaillé aux côtés de l’association Montréal en lumière, qui chaque année produit un spectacle nocturne sur l’histoire du village pendant la guerre de 100 ans. “C’est un village qui n’a sans doute pas livré tous ses secrets”. Didier Sécula a surtout fait des recherches sur d’autres auteurs à avoir écrit sur le sujet mais regrette : “Il n’y a pas d’étude de fond sur l’aspect défensif ni sur le bâti médiéval”.
Car la forteresse de Montréal est édifiée par Raoul de Bourgogne au Xe siècle sur une position stratégique dans la vallée du Serein. La légende raconte qu’elle aurait été bâtie par la reine Brunehaut, d’où son nom d’origine : Mont-Royal. “Une famille assez puissante va s’y installer et se range derrière le nom des Anséric”, continue Didier Sécula. Ces seigneurs tirent parti de la position fortifiée et revenu des terres alentour, ils se dotent de chanoines servant aussi d’officiers et la collégiale sera édifiée au XIIe siècle.
“L’un des derniers Anséric de Montréal était un seigneur brigand, il sera délogé par les ducs de Bourgogne”. Au début de la guerre de cent ans, les troupes d’Édouard III prennent la place. Elle sera finalement rendue aux Bourguignons, contre 200.000 deniers, à la faveur du traité de Guillon le 10 mars 1360. “C’est une somme considérable pour l’époque”, assure Laurent Vérin, actuel président de Montréal en Lumière.
À ce moment-là, une grande partie des troupes d’Édouard III est démobilisée, sans solde elle sème la terreur dans la région. “Ce sont des groupes de soldats qui attaquent, pillent, et ne se posent jamais nulle part, le but étant de gagner de l’argent”, retrace Laurent Vérin. Ces Grandes compagnies, comme on les appelle furent délogées par cent quarante chevaliers sous le commandement de Jacques de Vienne.
Le village du jour : Montréal, le charme des siècles
La forteresse fut transmise à Philippe le Hardi, de la dynastie des Valois, duc de Bourgogne et qui fera de Dijon sa capitale. Après une histoire compliquée pendant la guerre, dûe notamment à ces grandes compagnies qui vont et viennent dans la région, la fin de la guerre de cent ans et l’arrivée d’Henri IV au pouvoir voient aussi la fin des grandes heures de Montréal explique Didier Sécula : “Il fait abattre les murailles, ce qui marque la fin”. Le village sera placé sous la responsabilité d’un sénéchal, ce qui marquera le déclin progressif de la colline de Montréal en tant que telle. “Pour le coup, Montréal a toujours été du côté du roi de France, y compris pendant la guerre de religions”, relève Didier Sécula qui ajoute : “C’est un potentiel archéologique énorme, la collégiale est le vestige le plus important de cette période, mais il reste des maisons médiévales et d’autres traces de cette époque”.
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VIe siècle Fondation légendaire du village de Montréal par la Reine Brunehilde.
Du XIe au XIIe siècle La dynastie des Anséric règne sur Montréal, position stratégique entre le duché de Bourgogne et le duché de Champagne. À cette période la colline devient une place fortifiée comprenant notamment un château dont il ne reste aucune trace et une collégiale.
1255 Anséric VII s’étant fait connaître comme un seigneur pillard, Saint Louis ordonne au duc de Bourgogne Hugues IV de mettre fin à ses agissements.
XIVe siècle Pendant la guerre de cent ans, la place forte de Montréal est l’objet de nombreux conflits entre Bourguignons et Armagnacs.
XVIe siècle En 1521, François Ier fait un passage à Montréal, en atteste une salamandre gravée dans un mur. L’accession au pouvoir d’Henri IV marque la fin de la grandeur du village. Celui-ci faisant abattre les murailles, et reléguant Montréal au statut de bourg agricole.
Myriam Déborbe
myriam.deborbe@centrefrance.com
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