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Historique, le long épisode de sécheresse qui a frappé le Var et les Alpes-Maritimes cette année peut avoir des conséquences sur votre habitation. Dans le collimateur: les maisons individuelles construites sur des sols argileux sujets au phénomène de retrait/gonflement, un mouvement de terrain susceptible d'endommager fortement leur structure. Dans les Alpes-Maritimes comme le Var, de nombreuses zones sont concernées. Un spécialiste du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) aide à y voir plus clair.
Manque de pluie, de neige, très fortes chaleurs… Le Var et les Alpes-Maritimes viennent respectivement de vivre leur deuxième et première année hydrologique la plus sèche. Une sécheresse qui peut menacer la structure des habitations, surtout si elles sont construites sur des sols argileux. On appelle cela la sécheresse géotechnique.
“Les sols argileux ont cette propriété de voir leur volume varier en fonction de leur taux d’humidité. Quand ils sont saturés en eau, ils gonflent. En période de sécheresse, dans la phase où ces sols perdent leur eau, leur volume diminue. Cela se traduit sous nos pieds par des tassements, c’est-à-dire par un mouvement vertical du sol. Sous une maison individuelle, ces mouvements, de l’ordre de quelques millimètres, vont la faire travailler, bouger. Selon leur intensité, ils peuvent provoquer des dégâts. Quelques millimètres suffisent parfois à endommager une maison”, explique Sébastien Gourdier, géotechnicien spécialiste du retrait/gonflement des sols argileux au sein du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), le service public français qui gère les sols.
“C’est un phénomène qui ne touche quasi exclusivement que les maisons, car ce sont des structures légères avec des fondations peu profondes généralement situées entre 60 et 80 cm de profondeur). Or, les effets de la sécheresse ont un impact essentiellement dans le premier mètre du sous-sol, idem pour le prélèvement de l’eau par les racines des végétaux plantés à proximité des maisons. C’est la frange qui subit le plus les pertes d’humidité et les variations de volume”, précise le spécialiste du BRGM.
Structures plus massives avec des fondations plus profondes et des sous-sols aménagés, les immeubles sont nettement moins, voire pas du tout, concernés par ce type de mouvement de terrain.
“Souvent, ce sont des fissures, généralement en diagonale, qu’on voit sur les façades extérieures. Elles touchent la maçonnerie, au niveau des angles des maisons. Cela peut aussi concerner les points de faiblesse comme les portes et les fenêtres. Dans les habitations endommagées, les gens nous disent: ‘j’ai du mal à ouvrir telle fenêtre’, ou bien ‘cette porte ne ferme plus très bien’, détaille le spécialiste du BRGM.
Le mouvement commence dès le début de la période de sécheresse. Quand celle-ci est un peu longue et prononcée, l’eau contenue dans les sols va s’évaporer, les végétaux à proximité de la maison vont aussi prélever de l’eau… “Lors d’une année normale, ce phénomène arrive tout le temps mais comme les sols sont réhumidifiés par la pluie, les prélèvements d’eau sont moins importants et cela passe donc inaperçu. Mais en année très sèche, avec des épisodes de sécheresse longs, de fortes températures, les déplacements commencent et s’accumulent. Les premiers déplacements vont être encaissés sans souci par la maison. Les dommages apparaîtront plutôt en fin d’été ou courant septembre”, explique Sébastien Gourdier.
Le Bureau de recherches géologiques et minières a effectué une cartographie très fine des sols argileux en France. Sur le portail Géorisques, une carte interactive permet de savoir si les sous-sols d’une habitation sont concernés, en rentrant son adresse et en sélectionnant à l’aide du pictogramme en haut à gauche de la carte la couche “argiles”.
Si la carte interactive ci-dessous ne s’affiche pas, cliquez ici
Dans les Alpes-Maritimes, de nombreuses zones sont concernées. Parmi celles où les risques sont forts: une bande allant de Vence à Villeneuve-Loubet village, des quartiers de La-Roquette-sur-Siagne, Mandelieu, Grasse… Mais aussi des parcelles situées davantage en altitude, à Coursegoules, Gourdon, Bonson, Conségudes ou encore Sospel…
Dans le Var, Draguignan, Flayosc, Salernes, Lorgues, Barjols, Rians, ou encore des quartiers de l’agglomération toulonnaise sont, entre autres, concernés par un risque fort. Tandis que de larges plages orangées témoignent, quant à elles, sur les deux départements de risques “moyens”, comme sur une grande partie de la ville Nice, de Menton ou encore à Fréjus et Saint Raphaël.
En France, le phénomène est cartographié depuis 1989. Quant aux niveaux de risque (nul, faible, moyen et fort), “ils tiennent compte de la nature des sols mais intègrent aussi une donnée de sinistralité, c’est-à-dire la récurrence des sinistres dûs au retrait-gonflement des sols argileux enregistrés sur la zone ces 33 dernières années”, précise le spécialiste du BRGM.
Plusieurs options s’offrent à vous si votre maison est située dans une zone à risques.
Même en zone orange ou rouge, le degré de risque peut s’étudier plus finement au cas par cas. Une maison sera, par exemple, plus exposée au mouvement de l’argile si elle est construite sur une dalle à même le sol, sans présence de sous-sol (vide sanitaire, caves, parking). Son exposition pourra aussi dépendre de la profondeur de ses fondations. “Si on veut en avoir le cœur net, il est possible de faire intervenir un bureau d’études géotechniques pour un diagnostic plus fin du sol”, préconise Sébastien Gourdier du BRGM.
Imperméabiliser le pourtour de la maison à l’aide d’une géomembrane est aussi une solution préventive. “Il s’agit d’un film imperméable qu’on vient légèrement enterrer autour de l’habitation (sur un mètre de large environ) pour éviter l’évaporation de l’eau des sols, puis qu’on recouvre, par exemple, d’un trottoir pour l’aspect esthétique”, ajoute-t-il.
Gérer la végétation autour d’une maison à risque est aussi essentiel. “Si on a des arbres adultes à proximité directe, ils peuvent être un facteur d’aggravation du phénomène car leur gros besoin en eau va les pousser à capter celle du sol. Là encore, des systèmes d’écrans anti-racines permettent de leur couper l’accès à la maison en les orientant autrement, sans supprimer pour autant l’arbre. Il faut aussi s’assurer qu’on rejette les eaux des gouttières suffisamment loin de l’habitation, par exemple. Cela devient du cas par cas”, précise Sébastien Gourdier.
Et l’addition s’annonce salée pour les assureurs. Les dégâts aux bâtiments dus aux épisodes de sécheresse observés en France en 2022 devraient leur coûter entre 1,6 et 2,4 milliards d’euros, soit potentiellement l’année la plus coûteuse pour ce type d’événements, selon les chiffres dévoilés il y a quelques jours par la fédération des assureurs.
“Cela génère aussi tout un débat: jusqu’à présent, le phénomène de retrait gonflement des sols argileux était pris en compte dans les risques naturels sécheresse et cela donnait lieu à des reconnaissance en catastrophe naturelle. Mais cela coûte très cher aux assurances donc ils restreignent de plus en plus les remboursements de ce risque là. Car des promoteurs ont construit délibérément sur des zones à risques”, explique notamment l’hydroclimatologue Florence Habets. Une question cruciale alors que les projections promettent aux Alpes-Maritimes comme au Var une recrudescence des épisodes de sécheresse dans les années à venir.
 
 
→ Votre habitation est située dans une zone à risques des Alpes-Maritimes ou du Var? Vous avez déjà constaté des dégâts sur votre maison? Vous rencontrez des problèmes de prise en charge? Partagez-nous votre témoignage en écrivant à solutions@nicematin.fr
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