l’essentiel Mort au combat le 6 septembre 1914, Edmond Sereine a eu droit à un hommage officiel en ce vendredi 11 novembre 2022 dans la petite de commune de Sansan (100 habitants) où une stèle célébrant la paix a été dévoilée en présence de ses descendants. Récit.
Plus d’un siècle après la fin des combats, la commune de Sansan rendait hommage ce vendredi à l’un des trop nombreux "soldats agriculteurs" gersois tués pendant la Première Guerre mondiale. Originaire de la commune de Traversères et installé en 1910 à Sansan, Edmond Sereine a 28 ans lorsqu’il est envoyé sur le front au mois d’août 1914, en tant que soldat 2e classe du 288e régiment d’infanterie (288e RI). Marié et père d’une fille de 4 ans, il est tué au combat le 6 septembre à Ippécourt, à 20 km de Verdun. La première bataille de la Marne fait alors rage. Elle permettra de stopper l’avancée des forces allemandes. Mais ce décès au combat ne sera officialisé qu’en 1921.

Habitants du village et descendants du soldat tué en 1914 étaient réunis ce vendredi à Sansan.
Habitants du village et descendants du soldat tué en 1914 étaient réunis ce vendredi à Sansan. DDM – NEDIR DEBBICHE

« C’est la raison pour laquelle, je suppose, il n’y a pas eu de monument aux morts à Sansan jusqu’à maintenant », estime Jacques Sonilhac, maire du village de 100 âmes en ce 11 novembre 2022. Après avoir mené des recherches, cet ancien menuisier a découvert que sa commune n’avait pas été épargnée par l’hécatombe de 1914-1918. Il a alors pris contact avec les descendants du soldat Sereine. Avec un double objectif : rendre hommage au Poilu « oublié » tout en célébrant la paix et la fraternité (lire aussi encadré).
« J’ai été contacté par le maire qui m’a communiqué des documents retrouvés, raconte René Dulac, ancien boucher de 76 ans installé à Seissan et petit-fils d’Edmond Sereine. Notre grand-mère nous avait raconté l’histoire du départ à la guerre puis l’absence de nouvelles et la confirmation de son décès. » Après la guerre, la veuve du soldat tué s’est remariée avec son frère, Léon Baptiste Sereine. La famille se rend alors sur la tombe du soldat, dans un cimetière militaire de Verdun.
Ce matin, c’est face à une stèle à son nom, situé à proximité de l’église et de l’entrée du sentier paléontologique de Sansan, que René Dulac a pu rendre hommage à son aïeul. À ses côtés, son épouse mais aussi son neveu Eric Rusconi, arrière-petit-fils d’Edmond, et son fils Cédric. « C’est une histoire de famille qui rejoint l’Histoire avec un grand H… J’ai été surpris par cette requête du maire mais je trouve ça intéressant », souligne le jeune homme. « Avec le contexte actuel de guerre en Ukraine, où d’autres jeunes hommes sont envoyés au front sans rien avoir demandé, la démarche est importante, juge René Dulac. À notre époque, on devrait éviter d’en arriver là mais ce n’est pas vraiment d’actualité… On a plutôt l’impression d’être assis sur un tapis de bombes. »

Un arbre pour la paix a été planté près de la stèle d'acier Corten.
Un arbre pour la paix a été planté près de la stèle d'acier Corten. DDM – NEDIR DEBBICHE

Bénéficiant du soutien financier du Souvenir Français, Jacques Sonilhac a fait appel au sculpteur Philippe Pateau pour la conception de la stèle. Le Vendéen a fait le choix d’un monument en forme de livre ouvert, « mais un livre qui vit avec des pages écornées, qui raconte une histoire à lire, relire et surtout transmettre ». Sur la stèle d’acier Corten (à corrosion superficielle provoquée), dont la rouille protectrice est aussi une allégorie du temps qui passe, on retrouve les incontournables colombes, symboles de paix.
En cette journée du souvenir inédite à Sansan, un arbre pour la paix a aussi été planté. « C’est un gingko biloba dont les graines nous viennent d’Hiroshima par l’intermédiaire du mouvement des communes pour la paix auquel nous adhérons (avec Lasséran et Lanne-Soubiran, NDLR) », souligne Jacques Sonilhac avant d’inviter l’assistance à entonner une "Marseillaise" revue et corrigée par Graeme Allright (1926-2020) : «Pous tous les enfants de la Terre / Chantons amour et liberté / Contre toutes les haines et les guerres / L’étendard d’espoir est levé / L’étendard de justice et de Paix…»
Inspirée du fameux monument aux morts de Gentioux (Creuse), inauguré en 1922 et au message détonnant pour l’époque, la phrase gravée sur la stèle de Sansan a pour but de marquer les esprits. «Nous avons voulu souligner l’absurdité et l’horreur de la guerre, explique le maire. Bien sûr, il est des circonstances où la guerre est inévitable, comme aujourd’hui les Ukrainiens n’ont d’autre choix que de défendre leur pays les armes à la main. Le problème, c’est qu’ils vont pour cela tuer des soldats russes qui ne sont pas responsables. Le vrai responsable est bien à l’abri dans son bunker. Ce ne sont jamais les peuples qui décident la guerre, mais ce sont eux qui la subissent.»
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