Publié le 30/09/2022 à 19h43
Louis Lamure
Dans les rayons, dans les cabines ou à la caisse, les clientes défilent : “- 40 %, – 20 %”, c’est le moment. Le moment de profiter avant le clap de fin. Le moment de profiter des derniers achats, des dernières promotions. Pour les employées, des dernières ventes.
Ce samedi 1er octobre, l’enseigne de prêt-à-porter Camaïeu ferme l’ensemble de ses magasins, entraînant le licenciement de plus de 2.621 salariés, selon la CGT. Dans l’Yonne, les trois boutiques existantes sont concernées : à Auxerre, Sens et Saint-Denis-lès-Sens. Partout, les soldes proposés attirent pour ces dernières heures d’ouverture.
De la clientèle, des ventes, des essayages. Aux Clairions d’Auxerre, ce vendredi, tout ressemble à une journée on ne peut plus classique. Une très bonne journée d’un point de vue commercial même, avec beaucoup de clientes. Pourtant, sur le visage des salariées, le sourire cache un tout autre sentiment. “On était préparées depuis quelques semaines, on s’y attendait. Ça fait vingt-deux ans que je suis là, j’ai vu l’entreprise s’effondrer”, confie une employée, avant que les larmes ne viennent couler sur ses paroles. “On leur a fait confiance, et on en est là. Maintenant, on va essayer de digérer tout ça.”
Autour des vêtements proposés et des cabines, de nombreuses intéressées affluent. La machine à carte bleue chauffe. À Sens et Saint-Denis-lès-Sens, les deux autres boutiques du département, on ne souhaite pas se confier sur la fermeture pour une raison similaire : “On a trop de clients qui attendent à la caisse. On n’a pas le temps, désolé.” 
Après l’annonce d’une liquidation judiciaire le 28 septembre, les magasins proposent des promotions pour les derniers jours. “On a battu des records de chiffres d’affaires, il y a un vrai soutien. C’est dommage que ça soit si tard”, concède une vendeuse auxerroise. On pourrait croire que le malheur des uns fait le bonheur des autres. Ce n’est pas le cas. “Je viens depuis le début, c’est l’occasion de profiter une dernière fois des remises. Mais c’est surtout triste pour les salariés”, confie Annick, accompagnée de son mari. “Je ne suis pas une fidèle de Camaïeu, mais j’ai beaucoup de compassion”, admet Camille.
L’avenir de 400 jeunes se bâtit
Ce samedi 1er octobre, au soir, les portes vont se fermer. Comme plus de 500 magasins, la boutique d’Auxerre va se vider des salariées, mais pas des articles, comme l’explique une vendeuse. “On laisse tous les vêtements comme ça, on ferme et on part.” Pour le futur, d’autres enseignes des Clairions ont compati à leur manière. “Des collègues sont venues nous voir pour nous dire que nos CV étaient prioritaires. On a quatre employées au total.”
Au niveau national, l’avenir est flou pour la filiale de La Financière immobilière bordelaise (FIB), dirigée par Michel Ohayon. “Il n’y a pas grand chose à espérer. On ne sait même pas s’il y aura assez d’argent pour rembourser les indemnités de licenciement. La direction est également censée replacer les employées de Camaïeu ailleurs dans le groupe”, souligne Élodie Ferrier, secrétaire fédérale de la CGT commerce. “Certains ont eu le temps de réfléchir. D’autres vont prendre le contrecoup lundi, quand ils resteront chez eux.”
Louis Lamure
louis.lamure@centrefrance.com
1 commentaire
Jean-Philippe Bonneau a posté le 30 septembre 2022 à 20h39
J’adresse à tous les employés de l’enseigne , tout mon soutien et mes encouragements. Inscrit à pole emploi depuis février 2015 , je sais comme il est compliqué de retrouver un poste. A 58 ans on me refuse un poste : on va pas vous former à 4 ans de la retraite. J’enchaine les contrats , cdd , vacation etc. Je ne me plains pas je ne suis pas dans le besoin. Mais je pense aux familles pour qui ça va être difficile. Honte aux dirigeants qui ont prix des mauvaises decisions ou pas de decision du tout, pour eux ça va ! sans consideration politique, aucune.
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