S’il y a bien une profession qui se rend compte de la tendance du marché immobilier, c’est celle de notaire. Investi d’une mission d’autorité publique, il prépare les contrats sous la forme authentique pour le compte de ses clients. Rien ne lui échappe des transactions sur le marché de l’immobilier. Dans la région, la chambre des notaires est interdépartementale, regroupant les Pyrénées-Atlantiques, les Landes et les Hautes-Pyrénées.
Les chiffres varient d’un territoire à l’autre, mais son nouveau président, maître Marc Cazeils, qui officie à Lourdes, constate la même dynamique. « La tendance est clairement à la hausse, indique-t-il. Il y a beaucoup d’acquéreurs pour peu de vendeurs, et dans certains endroits, notre activité finit par ressembler au notariat parisien. » C’est évidemment plus le cas sur le littoral basque qu’autour de Tarbes. Il n’empêche, l’effet confinement provoque des effets sur tout le territoire. « On le constate dans les Hautes-Pyrénées, avec des investisseurs qui s’intéressent à des marchés de niche en montagne. Il y a une vraie attirance pour la nature avec de nouveaux arrivants qui s’installent et télétravaillent sur place, et qui bénéficient d’un accès rapide à l’aéroport. »
Dans ce secteur, les prix augmentent, de 900 à 1 500 euros le mètre carré. Une augmentation qui peut paraître énorme pour les habitants du piémont pyrénéen, mais qui ferait rêver n’importe quel primo-accédant du Pays basque. « C’est presque dix fois plus cher sur le littoral, illustre maître Cazeils. Au global des trois départements, on note une hausse de 10 % du montant des transactions en deux ans, et du chiffre d’affaires des notaires. »
Actuellement, la valeur au mètre carré peut grimper à 10 000 euros à Biarritz, et même au-delà sur des biens spécifiques. La moyenne se situe entre 4 000 et 6 000 euros. De quoi ouvrir l’appétit à de nouvelles activités intermédiaires. « La dynamique du marché et l’effet télévision créent de nouveaux métiers, comme les chasseurs d’appartement. Les agences immobilières évoluent aussi. Ce qui compte toujours, c’est la technicité et la compétence », souligne Maître Cazeils. Une adaptation rendue nécessaire par les exigences des acheteurs qui veulent aller toujours plus vite pour conclure leurs négociations. « Les délais sont de plus en plus courts, mais notre rôle de notaire demeure le même pour sécuriser les transactions. On a gagné beaucoup de temps avec la possibilité des signatures à distance par exemple. Mais on reste là pour vérifier le consentement et l’équilibre du contrat. »
Au Pays basque, son collègue et vice-président maître Nicolas Berhonde, confirme ce marché à la hausse. À la fin juillet, le prix médian au mètre carré est en hausse de 11,6 % par rapport aux chiffres de la période 2017-2020. Un bond en avant exceptionnel qui porte ce prix médian à 4 140 euros le mètre carré pour un appartement ancien sur la Côte, et 2 700 euros à l’intérieur des terres. Dans le neuf, la hausse est aussi significative. Le tarif des studios s’envole au point de ne plus pouvoir en définir de prix moyen, et celui des T2 et T3 est celui qui subit l’inflation la plus galopante. Sur les maisons anciennes, la hausse avoisine également les 20 % avec un prix médian à 522 400 euros pour une maison de 130 m² sur une propriété de 800 m² proche du littoral. En Pays basque intérieur, le prix descend à 240 700 euros (+ 9,2 % de hausse), mais connaît une augmentation record. À titre de comparaison, quand les prix bondissent de plus de 11 % au Pays basque, ils augmentent de 5,9 % à l’échelle nationale.
« C’est l’effet combiné de l’attrait du Pays basque et des confinements, explique Nicolas Berhonde. Les gens ont un besoin renforcé d’espaces, et une volonté d’investir facilitée par des taux d’intérêt très bas, et un apport rendu possible par une épargne consolidée ces derniers mois. »
L’attrait du Pays basque intérieur est renforcé, entre « ceux qui veulent du vert et de l’espace et ceux contraints par des critères économiques ». Les communes du rétro littoral se retrouvent de plus en plus investies, avec des prix à la hausse en raison de la raréfaction des biens. « Les familles s’éloignent aussi de la côte pour trouver un terrain à bâtir, ce qui n’est pas simple », reconnaît Nicolas Berhonde. Autre constat du notaire : le nombre de vente à la chaîne évolue, avec des gens qui vendent et achètent un bien en suivant. En clair, ils ne vendent que lorsqu’ils ont l’assurance d’avoir retrouvé un nouveau logement.

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