La plateforme multimodale Perpignan Saint Charles Conteneur Terminal (PSCCT) a mis du temps à trouver la bonne voie. Passé de 21 659 caisses transbordées entre un camion et un train en 2014 à 59 000 caisses en 2022, le terminal tourne désormais à plein régime. 
"Pour tout vous dire, oui, nous sommes aujourd'hui un peu à l'étroit". Sans un mot de plus, tout au plus un timide sourire, Eric Gilbert, le directeur du terminal combiné de Saint-Charles PSCCT garde un flegme très britannique. Il aurait de quoi remplir des wagons d'enthousiasme mais ce n’est pas le genre de la maison. Pourtant, entre 2014 et ce mois de novembre 2022 le trafic de marchandises en caisses mobiles, conteneurs ou remorques de camions a complètement explosé sur le site du chantier combiné rail-route perpignanais. En pleine tourmente en 2015 avec à peine une ou deux rotations de trains par jour, le terminal paraissait dès lors bien disproportionné avec ses immenses portiques tournant au ralenti.
L'investissement de 40 millions d'euros devenait bien démesuré face à une activité inadaptée. Une situation totalement paradoxale à une époque aussi où la transition écologique et le transport combiné rail-route devenaient un enjeu national. Mais dans le monde complexe pour ne pas dire parallèle du réseau ferroviaire français et de la SNCF, rien n'est jamais gagné d'avance. Jusqu'au jour où l'aiguillage permet enfin d'avancer. "Il y a encore 5 ans en arrière, on ne faisait que du conteneur, c’est-à-dire de la caisse mobile mais depuis on fait maintenant de tout et donc du transport de semi-remorque sur les trains. C'est ce transport qui se développe le plus", explique Eric Gilbert. 
Les remorques des camions représentent désormais 40 % du marché du terminal
Une progression de 20 % par an pour le transport de semi-remorques sur les trains contre une hausse de 4,5 % du trafic de conteneurs. "Les remorques des camions représentent désormais 40 % du marché du terminal", souligne encore Eric Gilbert. Ce changement de paradigme se ressent aux quatre coins du terminal. Car désormais, ce ne sont plus seulement un ou deux trains qu'il faut opérer mais 6 rotations allers-retours, 5 jours par semaine, bientôt 6 à partir de novembre (voir encadré), et même la nuit. Dans les cours de transbordement du terminal ce vendredi midi, le site est en ébullition.
Trois trains sont à la manœuvre, attaqués par des grues mobiles qui soulèvent les caisses et les remorques pour les poser le long des quais où attendent déjà les premiers camions. À l'entrée du site, le chef d'équipe gère l'entrée d'un nouveau train, celui en provenance de Lille-Drouges. À 12h, c'est le train pour Valenton qui sera chargé et prêt à prendre les rails. Avant le prochain pour Sarrebruck en Allemagne à 17 h. Sans compter les arrivées. Dans la tour de contrôle, les yeux rivés sur les écrans et sur les camions en transit, les agents du terminal contrôlent la bonne marche des opérations. Ce vendredi matin, un semi-remorque a perdu son chargement, l'incident est mineur. Éric Gilbert passe en revue les interventions en cours. Rien de grave. Bien au contraire. Il ne fait que confirmer une chose : que la progression de l'activité est telle sur le site de 100 000 m2 qu'il faut désormais penser à gagner du terrain. Le directeur du terminal l'a déjà dit. Mais cela fait tellement de bien. 
"L'outil ne fonctionne qu'à 20 % de ses capacités", expliquait en 2015 Eric Gilbert, déjà directeur du terminal combiné de Saint-Charles. Avec un ou deux trains en gare par jour de 2013 à 2016, la situation financière du terminal a vite tourné au fiasco. Avec des déficits colossaux à combler par les actionnaires majoritaires de la société d'économie mixte (SEM) que sont PMM (Perpignan Méditerranée Métropole ) et le conseil départemental. Une autre époque. Désormais, tout a changé. Ce ne sont plus 2 trains mais 6 allers retour à gérer. Et l'activité s'accélère. Et l'outil de fonctionner aujourd'hui à presque 100 % de ses capacités. Entre 2021 et 2022, le chiffre d'affaires est passé de 2,1 millions d'euros à 3 millions d'euros. Le nombre de salariés de 27 à 31. Mais surtout, cette année 2022 marque un tournant comme le souligne Robert Vila, le président de PMM. "Nous enregistrons en effet cette année, les premiers résultats positifs. C'est très encourageant et il faut maintenant confirmer. Il nous reste aussi à continuer à moderniser l'outil et à penser à l'extension." Des résultats prometteurs, après des années difficiles. Mais un sursaut qui tombe à pic, et qui justifie aussi tout l'intérêt de cette infrastructure logistique sur Perpignan. "Bien sûr, dans le transport ferroviaire, il y a toujours des aléas mais il n'y a aucune raison que l'activité diminue sur le terminal", ne manque pas de rappeler Robert Vila.
En octobre, CargoBeamer a lancé un service en Allemagne, entre Kaldenkirchen et le port de Rostock sur la Mer baltique. Cette nouvelle liaison, opérée six fois par semaine, est en correspondance avec le service Perpignan-Kaldenkirchen (près de Düsseldorf), lancé début 2022 par l’opérateur de transport combiné CargoBeamer. Les rotations sur cette ligne entre le terminal de Perpignan et l'Allemagne passeront de 5 à 6 fois par semaine à partir du 13 novembre prochain. 
De Perpignan à Rostock, les deux lignes proposent des services de transport de semi-remorques, de caisses mobiles et de conteneurs. À Rostock, ces chargements peuvent emprunter ensuite des ferries vers le Danemark, la Finlande, la Lituanie et la Suède.
 
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Où est le bec à piquer l'ego-fret ? A la mi-échelle du tant…
> Ah, le mot est lâché > SOCIALISTES > J'adore l'aveuglement idéologique. > Pas trop froid au Québec, loin des chemises brunes ?
Bravo ! Quelle bonne nouvelle pour tous ceux qui attendent depuis si longtemps le développement du transport ferroviaire !

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