L'enseigne So.bio ouvrira ses portes le 17 septembre. Au grand dam des magasins déjà installés sur la commune.
L’intérêt de la grande distribution pour l’alimentation biologique n’est plus à démontrer. Si le groupe Intermarché est monté au capital des Comptoirs de la Bio, que la famille Zouari, qui possédait d’ailleurs le Leader Price de l’avenue de Verdun, vient d’acquérir l’enseigne Bio c’Bon après avoir pris le contrôle de Picard, voilà que Carrefour, via la franchise So.bio, groupe familial du Sud-Ouest avalé par le géant des hypers en 2018, avance ses pions.
C’est ainsi que le 17 septembre prochain, un So.bio ouvrira ses portes en lieu et place du Leader Price, justement, tout près de la station Total. À sa tête, Mathilde Bavoil, qui dirigeait jusqu’alors la même enseigne, située dans les locaux d’Hyper U Grand Cap, à Agde, propriété de la famille Prou. Contacté, Marc Prou nous a assuré que Mathilde Bavoil "est une commerçante indépendante. Je l’aide pour le lancement, je l’accompagne, mais ça n’est pas mon projet." Pas vraiment là, donc, mais pas trop loin quand même.
À l’en croire, le site de l’ancien Leader Price était l’objet de bien des convoitises. 'Il y avait pas mal de projets. Le groupe Casino voulait ouvrir un Naturalia, La Vie Claire souhaitait également s’implanter. On nous l’a finalement proposé." So. Bio aurait dû ouvrir ses portes en juin dernier, mais le Covid a retardé les travaux. Et quand on l’interroge sur cette installation, Marc Prou, n’éprouve guère d’états d’âme : "Effectivement, il va y avoir de la concurrence. Il faut l’accepter."
À quelques centaines de mètres de là, pourtant, c’est tempête sous les crânes. Chez Distribio, l’épicerie bio historique de Pézenas (lire par ailleurs), mais aussi à NouriBio Market, dans la zone des Rodettes. À la tête du magasin depuis bientôt dix ans, Laurent et Clarisse Nourigat, qui possèdent également deux autres enseignes, à Clermont-l’Hérault et Agde. Autant dire que la concurrence avec So.bio, ils connaissent. Et l’installation de la franchise ne les enchante pas, mais pas du tout. "So.bio, c’est Carrefour, tout simplement. Avec la grande distribution qui veut s’acheter une virginité. On retrouve les mêmes acteurs, qui essorent les producteurs depuis des années. Qu’est-ce qu’ils viennent faire ici ? " Du business, ni plus, ni moins. Et enclencher une guerre des prix, sans doute, comme le confirme Marc Prou : "So. Bio est généralement moins cher sur les produits." L’avenir le dira.
Chez NouriBio, on assure "qu’il n’est pas question d’engager une bataille des prix. Nous allons encore plus miser sur le personnel, le conseil et la relation avec les producteurs", promet Laurent Nourrigat, qui ne peut s’empêcher de pester : "Ils (la grande distribution) veulent tout bouffer ! C’est plus fort qu’eux. Je trouve qu’à Pézenas, nous avions trouvé un équilibre commercial. Non seulement entre acteurs du bio, mais aussi avec l’épicerie des producteurs, par exemple. Ils ont des fromages, de la viande, des produits complémentaires des nôtres."
Selon lui, l’équilibre aurait vécu, donc. Ce qui reste à prouver. Car la clientèle locale, celles des villages alentour aussi, ne peut se démultiplier à l’infini. Sur un territoire où le taux de chômage flirte avec les 20 %, la nourriture bio demeure un luxe pour de nombreuses personnes. L’arrivée d’un nouvel acteur du secteur fractionnera-t-elle un peu plus la clientèle qui fréquente ces magasins ? Où fera-t-elle venir à elle de nouveaux adeptes ? C’est tout l’enjeu de cette installation, qui ne fait décidément pas que des heureux.
Le magasin Distribio est un peu l’enseigne historique du bio à Pézenas.
C’est tout à fait ça, puisqu’elle existe depuis 1997. Nous avons acheté le magasin il y a un an. Nous ne faisons partie d’aucun groupe, même si nous allons adhérer prochainement à un groupe coopératif de 200 magasins indépendants, Biomonde, ce qui nous permettra de négocier un peu plus les prix.
Quand avez-vous pris connaissance de l’installation de So.bio ?
Au mois de mars. C’est clairement une mauvaise nouvelle. Déjà, après le confinement, les gens ont repris leurs habitudes, en se tournant à nouveau vers les grandes surfaces, alors que quelques semaines avant, nous étions presque indispensables. Et là, c’est la grande distribution qui vient s’installer et qui va traiter avec les mêmes fournisseurs que les nôtres, pour les mêmes produits.
Vous regrettez d’avoir acheté le magasin, il y a à peine un an ?
On n’a pas fait de bêtise. Nous ne sommes que deux salariés, mon épouse et moi, mais nous travaillons 60 heures par semaine. Inévitablement, il y aura une guerre des prix dans les semaines qui viennent, mais on va se battre avec nos armes, qui ne sont évidemment pas celles de la grande distribution.
720000 €
Cette jolie maison pleine de charme est idéalement située sur la commune de[…]J’ai déjà un compte
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Attention au faux bio celui qui ne serait pas en circuit court avec des produits importés de pays difficilement contrôlables sur les plans environnemental et social.
au foot, on qualifierait Mr prou de "renard des surfaces "…..n'en déplaise au RCOA
Pour rester dans l'esprit du bio, il vaut mieux encourager de véritables circuits coopératifs qui donnent la priorité notamment à des producteurs locaux (fruits, légumes, fromages, viandes, oeufs…) plutôt qu'au nettoyage superficiel en vert ("greenwashing") des multinationales de la grande distribution…