• 1 Ce qu’a vraiment dit le pape

  • Curieuse digression que celle consacrée par le souverain pontife au « personnage mythique de la belle-mère », mercredi, au cours de son audience hebdomadaire, place Saint-Pierre. Les gros titres en ont essentiellement retenu cette mise en garde pour le moins surprenante : « Je vous dis, faites attention à la façon dont vous vous exprimez, [les écarts] de langage sont un des péchés les plus vilains des belles-mères ».
    Si c’est le pape qui le dit – et il n’a pas de belle-mère -, nous n’irons pas le contredire. Mais il convient de replacer ses propos dans leur contexte. Car le discours visait précisément à rendre hommage aux belles-mères. Ce, dans le cadre d’un enseignement sur le thème de la vieillesse et des rapports entre générations. S’appuyant sur le livre de Ruth – « Un joyau de la Bible », a-t-il dit -, le chef de l’Église catholique s’est évertué à démonter les préjugés concernant les rapports entre belles-mères et belles-filles et à montrer la beauté des liens familiaux générés par la vie de couple. « La belle-mère, je ne dis pas qu’on la voit comme le diable, mais elle est toujours présentée de façon péjorative (…). On se dit que plus elle est loin, mieux c’est. Mais non, c’est une mère, c’est une personne âgée », a-t-il souligné. Le pape de 85 ans a d’ailleurs invité les belles-filles à « rendre heureuses » leurs belles-mères, auxquelles il a rendu grâce : « Parfois, elles sont un peu spéciales, mais elles ont donné la maternité à votre conjoint ».

  • 2 Belles-mères mal-aimées et malmenées

  • Le pape s’en est tenu à évoquer la belle-mère de bru – autrement dit, la mère du mari ou du compagnon, ou « belle-doche » -, sans faire mention de la « marâtre », surnom aussi peu flatteur attribué à la nouvelle compagne du père dans une famille recomposée. Réputées pour avoir la dent dure avec leurs belles-filles – et vice-versa -, les belles-mères de brus pâtissent d’une mauvaise réputation (pas toujours justifiée) dans l’imaginaire collectif. Stars des comédies de boulevard (« Ciel ma belle-mère », « Et Dieu créa ma belle-mère », « Ma belle-mère, mon ex et moi », « Belle-mère à vendre »…), elles sont généralement dépeintes comme intrusives, possessives, castratrices… et font l’objet de nombreuses blagues. Un proverbe français ne dit-il pas : « Le mariage, ce n’est pas la mer à boire, mais c’est la belle-mère à avaler » ? Autres citations connues : « Pas de mer qui ne soit salée, ni de belle-mère qui doit douce » (Jacques Sidvé) ou « La conscience, c’est comme une belle-mère qui serait toujours derrière vous » (Henry Louis Mencken). De quoi faire se rebeller la journaliste Christiane Collange, en 2001, dans un livre (« Nous, les belles-mères ») consacré à ces femmes mal-aimées et surtout malmenées.

  • 3 Pas toujours en odeur de sainteté

  • Si les propos du pape ont fait les choux gras de la presse, les rapprochements opérés entre belles-mères et références bibliques sont légion dans la littérature satirique. Ainsi, les Alsaciens prétendent-ils que « chaque belle-mère est un morceau de culotte du diable ». Alors que pour Mark Twain, « Adam était l’homme le plus heureux du monde, il n’avait pas de belle-mère ». Même les ecclésiastiques en rient. Dans ses « Paraboles d’un curé de campagne », Pierre Trevet se fait volontiers l’écho des plaisanteries qui circulent à ce sujet. « On raconte que si Saint Pierre a renié Jésus, c’est parce qu’il ne lui avait pas pardonné d’avoir guéri sa belle-mère », rapporte-t-il, notamment, sur la chaîne KTO.

  • 4 Piquantes et coriaces

  • Dans un tout autre registre, on retiendra le nom de « coussin de belle-mère » donné à l’Echinocactus grusonii, cactus en forme de boule très hérissée. Allusion au « qui s’y frotte s’y pique » à laquelle les Anglais ont préféré le terme « tonneau d’or ». La sansevière, autre plante d’intérieur, a, pour sa part, hérité du sobriquet de « langue de belle-mère », du fait de ses feuilles, si coriaces qu’elles lui confèrent une résistance à toute épreuve…

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