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Beaucoup de Niçois peinent à trouver un logement car de plus en plus de biens sont mis en location meublée avec parfois des baux de septembre à juin. L’explication des professionnels.
Le marché de l’immobilier est tendu sur la Côte d’Azur et à plus forte raison à Nice. Les prix à l’achat sont très élevés, les loyers sont onéreux. Et depuis deux ans, le nombre de logements mis en location meublée a augmenté et représente aujourd’hui environ 20% des baux.
Si cela constitue une bonne nouvelle pour les étudiants qui ont les moyens, cela complexifie la recherche des actifs qui souhaitent un appartement ou une maison vide.
Pour les professionnels, le constat est unanime. “Oui il y a davantage de meublés sur le marché pour plusieurs raisons. La première est qu’il y a de la demande et la demande crée l’offre, affirme Vincent Bossé de l’agence immobilière éponyme. De la part d’étudiants, bien sûr, mais aussi de plus en plus de cadres qui effectuent des missions de plusieurs mois et recherchent de grands appartements tout équipés. La seconde est que les prix à l’achat sont très élevés. De plus en plus de gens, malgré de confortables revenus, n’ont pas les moyens d’acquérir le logement de leurs rêves. Alors, à la place, ils le louent parce que les prix à la location sont plus abordables. Dans le même temps, ils investissent dans un appartement plus petit qu’ils vont louer en meublé, pour la fiscalité et la simplicité.”
Deux arguments qui font mouche comme le confirme le président de Century 21 Lafage Transactions, Benjamin Mondou. “La location en meublé permet de déduire davantage de charges et donc de déclarer moins de revenus fonciers. Fiscalement, c’est intéressant. Par ailleurs, c’est beaucoup plus facile pour récupérer son bien alors que, dans une location vide, il faut attendre l’échéance du bail qui intervient seulement tous les trois ans. Certains propriétaires ne sachant pas encore exactement ce qu’ils comptent faire durant ce laps de temps préfèrent opter pour le meublé: ça leur laisse une plus grande marge de manœuvre et ils peuvent demander un loyer un peu plus élevé.”
Autre piste expliquant l’augmentation du nombre de meublés sur le marché: “Beaucoup de propriétaires qui louaient en Airbnb ont changé leur fusil d’épaule, indique le patron de Vincent Bossé Immobilier. Après la crise du Covid durant laquelle ils n’ont pas perçu de loyers, ils ont préféré jouer la carte de la sécurité et louer en longue durée, le logement étant déjà meublé, il n’y avait pas grand-chose à faire.”
Ces biens ont donc fait gonfler la proportion de meublés dans les portefeuilles des agences immobilières.
“À cela s’ajoute la politique de la Ville de Nice destinée à limiter les locations en meublé touristique”, ajoute Benjamin Mondou.
Et pour rentabiliser un peu plus, les propriétaires peuvent opter pour des baux de septembre à juin, très souvent pour les étudiants, et louent à la semaine le reste du temps, avec des tarifs plus élevés, aux touristes.
La conséquence est claire: le marché est en tension extrême. “Je reçois une soixantaine d’appels par jour de personnes qui recherchent une location vide”, confirme Benjamin Mondou. Et son confrère Vincent Bossé appuie: “Certaines personnes deviennent presque agressives quand elles ratent un appartement.” Les deux professionnels se rejoignent sur la conclusion: “Il y a clairement une pénurie de logements dans tous les secteurs à Nice. Il faut construire plus.”
Jonathan, aide-soignant niçois de 39 ans, va enfin pouvoir souffler, il vient de trouver un appartement. Mais il a eu chaud. « Notre propriétaire voulait récupérer son logement pour y habiter. Nous avons négocié avec lui car nous n’étions pas en fin de bail, il nous a versé une indemnité en échange. » En couple, il cherchait un 3 pièces afin de pouvoir recevoir les grands enfants de son compagnon. « Nous avons cherché sans relâche pendant deux mois et ça a été très très compliqué ! Nous avons vu des tas d’annonces de meublés en bail étudiant (de septembre à juin). Ce n’est pas possible, nous ne pouvons pas redéménager l’été prochain ! Quant au meublé, pourquoi pas si c’est joli et bien équipé mais souvent ce n’est pas le cas. Vous n’imaginez pas le parcours du combattant. Nous avons bien vu des annonces d’appartements vides, nous avons déposé une dizaine de dossiers mais, à chaque fois, on recevait une réponse négative. Alors que nous gagnons 6 000 euros à deux. Finalement, nous avons dû revoir nos prétentions à la baisse. Après deux mois de recherches intensives nous avons fini par trouver un grand deux-pièces de 70 m² pour 1 320 euros. On se rapproche de plus en plus des tarifs et des problématiques de pénurie de logement que connaît Paris. Ce n’est pas exactement ce qu’on voulait mais nous n’avons pas le choix. »
Jonathan est soulagé… pour le moment : « Mon compagnon va prendre sa retraite dans quelques années. D’ici là, nous aimerions trouver à acheter mais ça s’annonce encore très compliqué. »
Le Niçois a aussi passé de longs mois à la recherche d’un logement pour sa mère qui a quitté la région parisienne pour se rapprocher de lui. « Elle touche 1 200 euros de retraite. Je ne trouvais rien en dessous de 700 euros de loyer pour un deux-pièces. » Là encore, il a fallu diminuer ses prétentions. « J’ai fini par lui trouver un studio de 30 m² pour 620 euros. Et encore, ce n’est pas cher par rapport à ce que j’ai vu. Sincèrement, en ayant travaillé toute sa vie, on estime qu’on mérite plus qu’un lit de 90 cm et une plaque électrique d’étudiant ! »
Ax. T.
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