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Le camp d’internement de Kapuskasing (1914-1920) était situé le long de la rivière et du chemin de fer. Connu à l’époque sous le nom de MacPherson, le peuplement est à l’origine de la municipalité de Kapuskasing.
Photo : Bibliothèque et Archives Canada/triée par Dominique Villeneuve
Il y a 100 ans aujourd'hui mourait la première victime du camp d'internement de Kapuskasing. Fred Prokopciuk est l'un des milliers de prisonniers étrangers qui ont été détenus dans des camps d'internement aux quatre coins du pays pendant la Première Guerre mondiale. Retour sur un chapitre méconnu de l'histoire canadienne.
Un texte de Daniel Blanchette Pelletier
Alors que la Grande Guerre s'amorce en 1914, le Canada est aux prises avec des dizaines de milliers de nouveaux arrivants originaires de pays « ennemis ». Les quelque 80 000 immigrants des Empires allemand, austro-hongrois et ottoman sont alors considérés comme des étrangers illégaux.
De ce nombre, 8 579 sont internés dans 24 camps à travers le pays. L'un d'eux est Fred Prokopciuk, qui a vécu ses derniers jours au camp d'internement de Kapuskasing, dans le nord de l'Ontario.
« On n'en sait pas beaucoup sur lui », déplore la conservatrice du musée commémoratif Ron Morel de Kapuskasing, Julie Latimer. Fred Prokopciuk n'est identifié sur aucune photo. L'immigrant d'origine austro-hongroise aurait été interné peu après son entrée au pays. Il aurait succombé à une méningite, vers l'âge de 30 ans.
Photo : Un montage d’Yvon Thériault
Comme Fred Prokopciuk, les immigrants internés un peu partout au Canada représentaient une soi-disant menace. « Ce qui est plus difficile à comprendre avec la documentation actuelle, c'est le processus de sélection », estime l'historienne de la Première Guerre mondiale au Musée canadien de la guerre, Mélanie Morin Pelletier.
« Pourquoi certains sont internés et d'autres non? »
L'historienne explique cependant que les jeunes hommes, en âge de servir, avaient plus de risques d'être internés « par crainte qu'ils retournent dans leur pays d'origine et qu'ils servent alors auprès de l'ennemi ».
Le camp d'internement de Kapuskasing est au centre de cet épisode de l'histoire canadienne. « L'endroit a été choisi pour deux raisons, explique Julie Latimer. C'était extrêmement isolé et le gouvernement voulait en même temps construire une ferme expérimentale dans le nord de l'Ontario. Il avait alors le terrain et la main d'oeuvre, avec les internés qu'il devait tenir occupés. »
Des milliers de prisonniers y transiteront pendant la guerre. Ils seront jusqu'à 1 200 pendant la période la plus occupée.
Le camp d'internement de Kapuskasing en images d'hier à aujourd'hui :
Des milliers de prisonniers passeront par le camp d'internement de Kapuskasing pendant la Première Guerre mondiale.Photo : Collection du musée commémoratif Ron-Morel, Kapuskasing, Ontario
Ils seront jusqu'à 1 200 prisonniers à la période la plus occupée du camp.Photo : Collection du musée commémoratif Ron-Morel, Kapuskasing, Ontario
Le camp était situé tout près de la rivière Kapuskasing et du chemin de fer.Photo : Collection du musée commémoratif Ron-Morel, Kapuskasing, Ontario
Les prisonniers doivent, dans un premier temps, assurer leur subsistance: se nourrir, se loger et se chauffer, notamment.Photo : Bibliothèque et Archives Canada/triée par Dominique Villeneuve
Les internés sont également mis à l'ouvrage. Ils bâtissent des installations, construisent des routes et défrichent la forêt.Photo : Collection du musée commémoratif Ron-Morel, Kapuskasing, Ontario
Les tâches qu'ils effectuent pour l'état ou encore pour des entreprises privées sont rémunérées 0,25$ par jour.Photo : Collection du musée commémoratif Ron-Morel, Kapuskasing, Ontario
L'un des buts est de fournir des terres à la ferme expérimentale pour l'après-guerre.Photo : Bibliothèque et Archives Canada/triée par Dominique Villeneuve
Quand ils ne travaillent pas, les internés peuvent s'adonner à des loisirs ou suivre des cours.Photo : Collection du musée commémoratif Ron-Morel, Kapuskasing, Ontario
En 1917, le camp d'internement de Kapuskasing est déjà bien établi.Photo : Bibliothèque et Archives Canada/triée par Dominique Villeneuve
Le rituel des décès est particulier : les corps sont transportés sur la voie ferrée jusqu'au cimetière.Photo : Bibliothèque et Archives Canada/triée par Dominique Villeneuve
Chacun des corps est enterré individuellement.Photo : Bibliothèque et Archives Canada/triée par Dominique Villeneuve
La plupart des prisonniers décédés au camp ont été enterrés dans un cimetière à Kapuskasing. Il est situé à deux kilomètres à l'ouest de la communauté, le long de la route 11.Photo : Radio-Canada/Yvon Thériault
31 prisonniers y sont enterrés, la plupart décédés à la suite de maladies, notamment une épidémie de tuberculose.Photo : Radio-Canada/Yvon Thériault
Le cimetière de Kapuskasing a été complètement rénové il y a quelques années.Photo : Radio-Canada/Yvon Thériault
Les pierres tombales ont toutes été remplacées, mais, malheureusement, la plupart des originales, en bois, ont disparu. Trois d'entre elles sont cependant conservées au musée commémoratif Ron Morel de Kapuskasing.Photo : Radio-Canada/Yvon Thériault
Le dernier camp d'internement à fermer au pays est celui de Kapuskasing en 1920.Photo : Radio-Canada/Yvon Thériault
Du camp à la municipalité de Kapuskasing
Le camp d'internement de Kapuskasing est à l'origine de la création de la municipalité. « Avant, il n'y avait rien à Kapuskasing, rappelle l'auteur d'un roman sur le sujet, Dominique Villeuneuve. Il y avait seulement une gare, à proximité de la rivière, où le train pouvait s'approvisionner en eau. Il y avait quelques maisons pour les trappeurs, mais c'est tout. »
En 1917, le peuplement appelé MacPherson change de nom pour Kapuskasing. Déjà, le camp d'internement est bien établi. Trois trains traversaient Kapuskasing chaque jour, alors qu'il n'y en avait que deux par semaine quelques années plus tôt.
« Puis, quand le camp a fermé, il y avait toujours une ferme expérimentale avec plusieurs âcres de terres, une cantine, un barbier et une école, illustre Dominique Villeuneuve. De l'autre côté de la voie ferrée, il y avait plus de 250 militaires avec des familles et des enfants. Au village des militaires, il y avait aussi une école, un restaurant, un hôpital, un cimetière. Il y avait une petite ville avec toute l'infrastructure pour accueillir n'importe qui. »
Ce qu'il en reste aujourd'hui est notamment le cimetière des prisonniers.
Le cimetière des prisonniers de Kapuskasing est l'un des trois seuls ouverts au public au Canada. Il est cependant le plus facile d'accès puisqu'il longe la route 11.
24 camps d'un océan à l'autre
Les 24 camps d'internement du Canada étaient répartis dans tout le pays. Ceux situés dans les grands centres, ou près des ports maritimes, servaient à l'accueil des immigrants et à la transition vers des camps de détention qui étaient, comme à Kapuskasing, dans des régions plutôt isolées.
« Les camps d'accueil étaient surtout dans le sud, alors que les camps de travail dans des lieux plus éloignés, dans le nord de chacune des provinces », explique le président du conseil de dotation du Fonds canadien de reconnaissance de l'internement durant la Première Guerre mondiale, Ivan Grbesic.
« Le gouvernement voulait aussi qu'ils défrichent l'Ouest canadien », ajoute Julie Latimer. Les prisonniers sont d'ailleurs considérés comme les « pionniers » de certains parcs nationaux canadiens.
Découvrez les anciens camps d'internement au Canada
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La plupart des prisonniers des camps d'internement sont libérés avant la fin de la guerre. « La très grande majorité d'entre eux n'a jamais menacé la sécurité publique, rappelle Mélanie Morin Pelletier. Au même moment, les besoins de main-d'œuvre liés au départ des jeunes Canadiens à la guerre se font sentir. »
Dès 1916-1917, les prisonniers libérés sur parole s'engagent à respecter les lois canadiennes. « En retour, on leur donne des emplois dans des domaines où il manque de la main-d'œuvre : auprès des chemins de fer et dans les mines », donne pour exemple l'historienne.
Très peu d'internés seront renvoyés dans leur pays d'origine.
Intéressés par l'histoire des camps d'internement?
Reconnaître une page d'histoire oubliée
Les camps d'internement de la Première Guerre mondiale sont très peu connus dans l'histoire canadienne.
« Le gouvernement de l'époque a essayé d'étouffer l'affaire en détruisant les dossiers du bureau d'opération d'internement », déplore Ivan Grbesic.
En 2005, cependant, le gouvernement fédéral a adopté la Loi visant à reconnaître l'internement de personnes d'origine ukrainienne au Canada pendant la Première Guerre mondiale et à en rappeler le souvenir. Celle-ci était dotée d'un fonds de réparation, géré par le conseil dont Ivan Grbesic est le président.
« Un des buts de notre fonds, c'est d'éduquer et de sensibiliser le public aux camps d'internement pour commémorer les victimes et leurs familles et pour s'assurer qu'un tel évènement ne se répète jamais », précise-t-il.
Le camp d'internement de Kapuskasing a été le dernier à fermer ses portes en 1920, mais d'autres verront le jour pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945).Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !
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