Ce dimanche 11 septembre, Théo Sanson, le funambule à la fibre écologique, a réussi sa traversée sur un fil large comme un pouce et sur les 150 mètres reliant l'Obélisque à la grue d'un thonier amarré dans le port. Le tout en équilibre précaire à une dizaine de mètres au-dessus du sol et de l'eau, et sans jamais interrompre son discours. Presque un millier de personnes sont venues assister et ont applaudi à son exploit. Son rêve à présent ? "Marcher sur un fil enflammé au-dessus de Notre-Dame de Paris". Tout un symbole …
Sa traversée aura duré une bonne demi-heure au-dessus d'un vide d'une dizaine de mètres qui paraîtrait abyssal pour le commun des mortels. Sur un fil "large comme un pouce" et sur les 150 mètres séparant l'Obélisque de la place de l'Appel du 18 juin jusqu'à la grue d'un thonier amarré dans le port de Port-Vendres, Théo Sanson, 37 ans, a réussi son challenge.  Fildefériste professionnel depuis une quinzaine d'années, le Grenoblois s'était lancé dimanche matin ce nouveau défi en pays catalan.

C'est à quelques mètres du thonier, presque à la fin de son parcours sur 150 mètres que Théo a perdu l'équilibre, mais a pu heureusement le rétablir grâce au fil noir.r.
C'est à quelques mètres du thonier, presque à la fin de son parcours sur 150 mètres que Théo a perdu l'équilibre, mais a pu heureusement le rétablir grâce au fil noir.r. Independant – Olivier GOT

Dès 11 h 30, micro-casque devant la bouche, entouré d'une foule de curieux déjà conséquente, Théo attaque son discours, humaniste et très "vert", écrit et basé sur des textes librement inspirés par le biologiste français Gilles Boeuf ( lequel, entre autres hautes fonctions, a occupé la chaire Développement durable au sein de l'université Pierre-et-Marie-Curie, Sorbonne Université et fut un temps président du Muséum national d'histoire naturelle, NDLR).
Puis il grimpe à bord de la nacelle qui le hisse à 3 mètres du sol le long de la colonne. Il s'attache au niveau de la taille à deux fils : le rouge, le principal, et le noir, dit de secours. Le public, maintenant amassé derrière les barrières de sécurité, retient son souffle et, menton levé, ouvre grand les yeux, à la fois fasciné par ce spectacle insolite et vaguement inquiet aussi pour celui qui, filmé en direct par des dizaines de téléphones portables, en est l'unique protagoniste. 

Le filderériste grenoblois Théo Sanson a accompli son exploit sous les yeux fascinés de presque un millier de spectateurs.s.
Le filderériste grenoblois Théo Sanson a accompli son exploit sous les yeux fascinés de presque un millier de spectateurs.s. Independant – Olivier GOT

Pas à pas, ses bras servant de balancier naturel pour maintenir le bon équilibre, Théo glisse lentement ses pieds nus sur cette surface tellement étroite qu'elle ressemble, vue du sol, à un simple élastique qu'un rien pourrait distendre, ou pire, rompre. Par chance seule une brise marine, à peine perceptible, s'est levée. Le fildefériste ose même, à un endroit crucial sur son parcours, une pointe d'humour noir.
Tandis qu'il évolue, sans cesser de monologuer, à quelques centimètres au-dessus d'une grille hérissée de pointes, il lâche  "si je tombe là, avec l'élongation de mon fil de secours, je risque d'atterrir à vos pieds en l'état de pizza, même si toutes les conditions de sécurité sont assurées et les risques calculés !". Rires étouffés parmi les badauds, bien conscients de l'énorme préparation que le jeune homme a dû effectuer en amont.

Pause détente et hydratation.
Pause détente et hydratation. Independant – Olivier GOT

Courte pause ensuite pour s'asseoir avec souplesse mais prudence, et surtout, s'hydrater. En deux mouvements il se remet déjà debout, poursuivant sa trajectoire millimétrée jusqu'au thonier. Le voici qui survole le quai et ses semblables admiratifs sous un soleil sans pitié. Sa voix claire résonne aux alentours, portant un message d'espoir, éveilleur de consciences, certes politique mais pas moralisateur. Théo franchit à présent le bout de quai où l'attend le thonier. La délivrance est proche.
Et là panique : sous les "oh" des spectateurs incrédules on voit soudain l'équilibriste, heureusement retenu par le fil noir, basculer en une fraction de seconde dans le vide. Puis se rétablissant tout aussi vite. Salve d'applaudissements qui redouble lorsqu'il pose enfin le pied sur la grue.
Grand sourire aux lèvres et bras levé en signe de victoire Théo Sanson, en nage, le visage creusé par l'effort, salue et remercie chaleureusement son public, tandis que sous ses pieds d'immenses bulles de savon montent vers le ciel et s'évaporent dans l'air. Comme pour lui dire : bravo et merci pour cet instant suspendu.
(SOURCE : L'INDEPENDANT)
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