Grâce à une extension fin 2021 de la loi Molac, relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, une famille de Saint-Féliu-d'Avall a remué ciel et terre pour faire inscrire un de ses enfants en école publique immersive catalane à Perpignan. Or, prise en étau par un imbroglio administratif entre les deux communes au sujet de la prise en charge des frais de scolarité, elle a déploré que sa fille de 5 ans ne soit toujours pas inscrite dans un établissement à la mi-septembre. Jusqu'à ce jeudi 15 septembre 2022. 
"J'ai patienté pendant des années. À présent que la loi est de notre côté, ça ne passait pas. Mais je suis restée campée sur mes convictions. Je voulais que mes enfants bénéficient des belles lois de notre République." Inscrire sa fille dans une école publique catalane en immersion linguistique totale est un rêve que caresse une mère de famille depuis longtemps. Bien avant de devenir maman. Elle qui a vu évoluer et qui a accompagné lors de multiples manifestations ses neveux et nièces au sein des écoles primaires Arrels de la place Cassanyes, puis au Vernet, à Perpignan. "L'école Arrels, c'est l'école de la famille", confesse-t-elle. Sauf qu'avec son époux et leurs deux filles, ils ne sont pas domiciliés à Perpignan mais à Saint-Féliu-d'Avall. Par conséquent, le couple ne pouvait inscrire à l'envi son aînée à Arrels-Vernet dans ce qu’il considère comme refuge éducatif dans la capitale roussillonnaise.
Le temps a fait son travail, et la persévérance d'un député du Morbihan, Paul Molac, aussi. Le 21 mai 2021 est promulguée une loi éponyme relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion dans le patrimoine, l’enseignement et les services publics. Le texte voté par le Parlement prévoit d’obliger les communes de résidence, qui ne disposent pas d’écoles bilingues, à contribuer aux frais de scolarité des écoles privées sous contrat proposant un enseignement bilingue. Après que le Conseil Constitutionnel a balayé l’enseignement immersif jugé contraire à la Constitution, le 16 décembre de la même année, une circulaire sur les langues régionales fixe un nouveau cadre légal à la loi Molac. L'avenir de l'enseignement immersif est finalement assuré et "la participation financière à la scolarisation des enfants fait l'objet d'un accord entre la commune de résidence et l'établissement d'enseignement situé sur le territoire d'une autre commune, à la condition que la commune de résidence ne dispose pas d'école dispensant un enseignement de langue régionale." A ce moment-là, la famille touche du doigt son but ultime. Mais depuis le 30 mai 2022, un autre mur s'est édifié devant elle : si la mairie de Saint-Féliu-d'Avall ne s'opposait pas à la dérogation, elle ne comptait pas supporter les frais de scolarité. Et sans frais de scolarité versés, la mairie de Perpignan refusait d'accueillir cette nouvelle élève. Depuis, une atmosphère kafkaïenne accablait cette situation.
Interpellé en début de semaine par l'Associació per a l'ensenyament del català (APLEC), L'Indépendant s'est longuement intéressé à cette situation abracadabrantesque. D'autant que la petite Soraya* (prénom d'emprunt), 5 ans, qui devait être en dernière année de maternelle depuis plusieurs jours, n'avait toujours pas rejoint les bancs de l'école. Jusqu'à ce qu'un pas en avant soit fait ce jeudi 15 septembre 2022.
Je comprends que les maires des deux communes concernées ne connaissent pas la loi Molac
Malgré un certificat de radiation de l'école de Saint-Féliu-d'Avall, Soraya n'avait pas basculé à Perpignan. Depuis la rentrée scolaire, elle apprenait les lettres à la maison avec son papa, faisait des plantations avec sa maman : "On ne veut pas qu'elle regarde les écrans et qu'elle garde un rythme scolaire." Elle jouait avec ses Playmobil de la ferme, passait du temps auprès d'une dame âgée de son voisinage, et "demandait tous les jours à retourner à l'école."
"Cette histoire ne sortait pas de ma tête, milite la maman. J'ai été combative mais pas désemparée même si j'avais peur pour l'avenir de mon enfant. J'ai été en contact avec la direction d'Arrels-Vernet, je suis allée voir une assistante sociale à Millas, on m'a renvoyé à Thuir, puis à la Direction académique des services de l'Éducation nationale (DASEN)." Elle précise : "Je n'ai rien contre l'école de Saint-Féliu-d'Avall. Vraiment ! Et je comprends que les maires des deux communes concernées ne connaissent pas la loi Molac. Mais pour moi l'école Arrels est une autre alternative, elle défend des valeurs de diversité des identités, conduit les enfants à l'autonomie. Là-bas, les enfants connaissent tout autant Noël que le Tió de Nadal." Un temps, la famille envisageait même de déménager de Saint-Feliu d'Avall où elle vit en location, à Perpignan. 
À force de pugnacité, la mairie de Perpignan a tendu la main à cette famille en acceptant d'avancer les frais de scolarité de Soraya. Et en attendant que la commune de Saint-Féliu-d'Avall s'acquitte de son dû ultérieurement comme le stipule la loi. "Émotionnellement, nous relâchons la pression, reconnaissent les parents. Nous voulons montrer à d'autres parents qui connaîtront le même parcours, que c'est possible. C'est tout de même dommage que l'éducation se mélange aux problèmes de trésorerie et d'administration." Toujours est-il que ce vendredi, avec sa robe rayée et son cartable décoré d'une licorne pailletée, la petite Soraya va pouvoir faire sa rentrée. En català, si us plau. 
 
 
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chuis de bonne,bonne,bonne humeur ce matin,y'a des matins comme ca ! me demandez pas pourquoi ..
;-)))
T'as qu'à faire tes commentaires en catalan si tu peux le mariolle. MRD
@marioupol: apres toi ;-))
De L'école à la licorne (so british ) à l'escola des bourros ?
il ont fait un choix qu ils assument et paient les frais de scolarité

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