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Pour la première fois depuis plusieurs siècles, les troupeaux de l’enclave espagnole de Llivia ont interdiction de rejoindre leurs pâturages d’estives situés dans les Pyrénées-Orientales. Explications.
Quand on vous dit que les contrôles sont renforcés à la frontière ! Dans les Pyrénées, les autorités ont décidé de refouler les vaches espagnoles qui viennent brouter l’herbe française. **Cette mesure d’ordre sanitaire s’inscrit dans une stratégie visant à éradiquer **la rhinotrachéite infectieuse bovine, une maladie bénigne qui contamine de nombreux troupeaux depuis quelques années.
La décision des autorités françaises suscite colère et inquiétude chez les éleveurs de Llivia, une petite commune espagnole enclavée au milieu de la Cerdagne française (Pyrénées-Orientales). Depuis près de 1.000 ans, chaque début juin, leurs troupeaux prennent le chemin du lac des Bouillouses pour passer quatre mois et demi dans les montagnes françaises. La commune de Llivia y est propriétaire de plusieurs dizaines d’hectares de pâturage.
“Si on nous refuse la passage de la frontière, c’est une véritable injustice“, s’indigne Venanci Agusti, à la tête d’un troupeau de 80 vaches de race Aubrac et limousine. “Cela fait un millénaire que nos vaches participent à cette transhumance vers les Bouillouses, sur des terres qui appartiennent à notre commune. C’est une tradition, c’est une fête. La fermeture de la frontière nous affecte profondément !”
Au milieu du troupeau, Blanquette rumine paisiblement, sans se douter que ses vacances d’été risquent de tomber à l’eau. “Du haut de ses 15 ans, c’est notre doyenne. Et depuis 15 ans, elle a toujours passé la saison dans les estives en France. Comme avant elle, sa mère et sa grand-mère“.
En réalité, seules les vaches positives au virus IBR ne pourront pas passer la frontière. Mais cela représente tout de même 30 à 40% du cheptel de Llivia. ”Nous avons été prévenus au dernier moment ! Nous n’avons pas le temps de nous retourner“, s’inquiète l’éleveur Lluis Tor, en implorant les autorités françaises d’être plus conciliantes. “Nous demandons un moratoire sur cette mesure, au moins pour cet été. Surtout que toutes nos vaches ont été vaccinées !“
Le problème n’est pas seulement d’ordre affectif, il est aussi financier. “Si les vaches ne peuvent pas monter dans les estives, nous allons devoir les nourrir tout l’été avec le fourrage prévu pour l’hiver. Et ensuite, nous devrons en acheter“.
Face à l’urgence de la situation, le maire de Llivia, Elies Nova, tente de remuer ciel et terre. Il a saisi les autorités régionales de Catalogne, mais aussi le ministère espagnol de l’Agriculture. ”Nous devons trouver un solution. Ici, en Cerdagne, la frontière n’a jamais vraiment existé dans l’esprit des habitants.“
Dans un communiqué, le mouvement Unitat Catalana dénonce une ”interdiction qui ne résisterait pas un seul instant à un procès où seraient invoquées nos Lois Stratae d’us et usages locaux qui protègent l’élevage traditionnel en Catalogne du nord depuis le haut Moyen-âge quand la Catalogne était unifiée (…). Nous sommes prêts à aider toutes associations voulant aller dans ce sens ainsi que la municipalité et les éleveurs de Llivià.“
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