Nous sommes 67,16 millions d’habitants en France. Ou plutôt : nous étions. L’Insee a publié ce jeudi son traditionnel résultat du recensement, regardant le nombre d’habitants que nous étions dans le pays (hors Mayotte) au 1er janvier 2020. S’il continue d’augmenter, bien qu’en ralentissant, ce n’est pas le cas partout, au risque d’aller vers une France à deux vitesses, avec des endroits qui gagnent et d’autres qui perdent en population.
Ainsi, en Martinique (- 1 % chaque année en moyenne), dans la Nièvre (-0,9 %), en Haute-Marne (-0,8 %) et dans la Meuse (- 0,8 %), on perd des habitants. Ce ne sont pas les seuls : un tiers des départements français sont dans cette situation. A l’inverse, en Guyane (+ 2,1 %), en Loire-Atlantique, dans l’Hérault, en Gironde et en Haute-Garonne (+ 1,2 % pour ces quatre derniers départements), la population augmente considérablement.
« Entre 2014 et 2020, le taux de croissance annuel de la population de la France hors Mayotte diminue par rapport à celui observé entre 2009 et 2014 : + 0,3 % contre + 0,5 %, observe de manière générale l’Insee, dans son étude publiée sur son site Internet. Ce constat se retrouve dans toutes les régions, à l’exception de Provence‑Alpes‑Côte d’Azur où la croissance est identique. »
Mais à y regarder de plus près, les chiffres de l’Insee montrent des dynamiques très différentes selon les villes. Pour cette analyse, nous avons sélectionné les communes de plus de 3000 habitants – regarder l’évolution de la population dans des petites communes n’ayant que peu d’intérêt et déformant la réalité. Pommerol (Drôme), par exemple, a perdu chaque année presque 20 % de sa population, entre 2014 et 2020, ne comptant au 1er janvier… que 5 habitants.
Anse-Bertrand, en Guadeloupe, est la commune de plus de 3 000 habitants qui a perdu chaque année le plus d’habitants : – 4,8 %, entre 2014 et 2020. En deuxième position, on retrouve la très connue ville de… Saint-Tropez. Cette station balnéaire huppée du Var, où les prix de l’immobilier ont augmenté de 20 % en dix ans (atteignant voire dépassant ceux de Paris), a perdu annuellement 3,1 % de ses habitants. Non loin de là, Briançon (Hautes-Alpes) a perdu chaque année 2,3 % de ses habitants.
Parmi les grandes villes qui perdent des habitants, citons aussi le cas de Calais (Nord, -2 % chaque année), Cherbourg-en-Cotentin (Manche, -0,7 %) ou encore Le Havre (Seine-Maritime, -0,7 %). À cause de prix élevés, notamment pour l’immobilier, Paris perd également des habitants : -0,6 % chaque année, entre 2014 et 2020. Sa ville voisine de Neuilly-sur-Seine, également très chère, a vu son nombre d’habitants fondre de 0,7 % annuellement sur la même période. La tendance a pu s’accélérer avec le Covid-19 et la généralisation du travail, mais ces données de l’Insee ne permettent pas de le voir.
La décroissance de certaines villes profite à d’autres. Bezannes (Marne), près de Reims, a ainsi vu son nombre d’habitants augmenter de 14,9 % chaque année, entre 2014 et 2020, passant de 1 500 habitants à plus du double. Au début de l’année, son maire déplorait presque la situation : cette croissance le contraignait à embaucher plus de personnels dans des locaux devenus trop petits, à construire une nouvelle école et à accueillir des habitants malgré un déficit d’infrastructures. « C’est le côté exponentiel de l’accroissement qui pose problème », relevait Dominique Potar, auprès de l’Union.
Heureusement, rares sont les villes françaises à avoir la même évolution que celle de Bezannes. Rubelles (Seine-et-Marne), à proximité de Melun, a vu sa population augmenter annuellement de 6,8 %. Dans le même département, Montévrain (+ 6,3 %) et Chessy (+ 5,6 %) sont portés par les aménagements et la construction de logements par centaines autour de Disneyland Paris. En Île-de-France, toujours, Fleury-Mérogis confirme son attrait, avec une augmentation annuelle de son nombre d’habitants de 6,7 %.
Ailleurs en France, Saint-Genis-Pouilly (Ain) a vu son nombre d’habitants augmenter de 6,4 % chaque année sur la période. Ce n’est pas un hasard : la ville se situe à la frontière avec la Suisse. Bien loin de là, Montarnaud (Hérault) observe la même évolution de sa population. Et la situation n’est pas sans causer de souci : depuis septembre, rapporte Midi Libre, plus aucun permis de construire n’y est autorisé… par manque d’eau ! En banlieue de Lyon, Vaulx-en-Velin (Rhône) a gagné chaque année 2,2 % d’habitants. Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes), Montpellier (Hérault) et Toulon (Var) ont elle aussi le vent en poupe avec annuellement 1,4 % d’habitants, entre 2014 et 2020.
« Entre 2014 et 2020, la population augmente deux fois plus rapidement dans l’espace urbain que dans l’espace rural », relève l’Insee, notant une croissance « en moyenne plus soutenue dans les ceintures urbaines ». Et l’institut de statistiques de relever que, « au sein de l’espace rural, la population diminue au rythme de 0,3 % par an dans les communes à habitat très dispersé ». De quoi encore creuser un peu plus le fossé entre la France des campagnes et celle des villes…
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