David Massot, arboriculteur et président de l'ASA de Thuir ; Baptiste Cribeillet, arboriculteur bio dans les Albères et vice-président de l'ASA des Albères ainsi que Pierre Hylari, président des Jeunes Agriculteurs dans les Pyrénées-Orientales tirent la sonnette d'alarme. Après un été particulièrement sec et face à la contestation qui monte contre les projets de collecteurs d'eau (les grandes bassines dans les Deux-Sèvres), ils craignent pour l'avenir de la profession. Et du territoire.
Vous avez tenu à réagir après un éditorial de L'Indépendant titré "lanceurs d'alerte" qui concernait les opposants au projet des Grandes Bassines. Face au manque de ressource en eau, il convient pourtant d'agir ?
Les lanceurs d'alerte, c'est nous. Nous avons un rôle actif sur le terrain, au plus près du territoire. Imaginez des terres non cultivées. Que deviendraient nos paysages ? En cas d'incendie, tout brûlerait. Si demain, les chasseurs et nous ne sommes plus là pour les entretenir, c'est la catastrophe annoncée. Nous sommes sans cesse pointés du doigt, mais aujourd'hui pour nous l'enjeu c'est d'arriver à produire, pas de produire plus. 
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Nous sommes bien conscients que la population a besoin d'eau, que le tourisme est un enjeu capital dans les Pyrénées-Orientales mais il faut arrêter de toujours taper sur les agriculteurs
La question de la ressource en eau se pose pourtant. Ici aussi, comment la partager ?
Il faut absolument apprendre à vivre ensemble, on sait qu'on a la ressource et on sait la gérer. On a la chance d'avoir un maillage serré de canaux d'arrosage qui permettent déjà de réalimenter des forages domestiques notamment. C'est bien la preuve qu'on sait faire. Nous sommes bien conscients que la population a besoin d'eau, que le tourisme est un enjeu capital dans les Pyrénées-Orientales mais il faut arrêter de toujours taper sur les agriculteurs. 
On sort d'un été particulièrement sec. Quelle est la situation dans les Pyrénées-Orientales ?
On a atteint les limites. Notamment dans la vallée du Tech où la pénurie est la plus importante. Cet été, quand l'État a "proposé" de classer ce secteur en crise, on avait encore 30% des récoltes sur les arbres. On n'aurait plus pu arroser…
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Comment vous êtes-vous organisés ?
En mettant en place des tours d'eau sur les canaux, il y a longtemps aussi que nous sommes passés au goutte-à-goutte. Nous avons fait des efforts plus importants que ceux qui étaient demandés.
La ressource on l'a, il faut maintenant apprendre à la gérer autrement
Début des années 2000, les Pyrénées-Orientales ont refusé d'être raccordé au "tuyau" qui devait amener l'eau du Rhône ici. C'est une erreur ?
À l’époque, il y avait une condition : que ce tuyau soit prolongé en Espagne. Les agriculteurs souffraient violemment de la concurrence espagnole et ils ont eu peur d'être mis encore plus en difficulté. Ce tuyau est une option supplémentaire qu'il convient d'étudier. 
Quelles sont les conséquences directes de ce manque d'eau ?
Des pêches plus farineuses, moins de calibre et moins de rendement… Et des conséquences sur les arbres pour la production suivante…
Quelle solution, selon vous, pour la vallée du Tech ?
Nous planchons sur des projets de retenues collinaires, on en parle depuis des décennies et les études devraient commencer l'an prochain. Avec les barrages déjà existants dans les Pyrénées-Orientales, on a 60 millions de m3 stockés. La ressource on l'a, il faut maintenant apprendre à la gérer autrement. Ces barrages sont indispensables.
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Si on ne fait rien, l'agriculture va disparaître
Pourquoi ?
Sans celui de Vinça, aujourd'hui la Têt serait au plus mal. Or, ne serait-ce que pour alimenter les stations d'épuration, il faut absolument que les fleuves et rivières soient en eau. Il va aussi de la survie des poissons. Ceux qui dénigrent les barrages en affirmant que ces ouvrages dénaturent les paysages oublient l'essentiel : sans la main de l'homme et la régulation de la ressource, certains cours d'eau seraient complètement à sec !  
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Qu'attendez-vous aujourd'hui ?
Des réponses concrètes de la part de nos dirigeants. Aujourd'hui, face à toutes ces difficultés, on a du mal à installer des jeunes. À titre d'exemple, on en compte seulement 18 dans les Pyrénées-Orientales cette année. On a 3000 exploitants et 9000 retraités agricoles. Si on ne fait rien, l'agriculture va disparaître. 
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les chasseurs entretiennent donc le paysage !!! Ils sont vraiment crédibles ces agriculteurs ( bio !!! ) . Encote Plus d'eau pour encore plus de pognon …..c'est tout …pas besoin d'aller chercher l'aide morale des chasseurs !!!
Dès le début des années 60, l'eau du bas Rhône arrivait dans les environs de Béziers…
Les PO, comme souvent, ont estimé qu'ils n'en avaient que faire… Nous avons trop d'eau, non ?
Oui mais aujourd'hui…

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