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Dès 1897, la "grand-mère de l’Europe", qui régnait sur près d’un quart des habitants de la planète, avait pris l’habitude de poser ses royales valises dans le palace de Cimiez à Nice.
Dès 1897, la “grand-mère de l’Europe“, qui régnait sur près d’un quart des habitants de la planète, avait pris l’habitude de poser ses royales valises dans le palace de Cimiez à Nice.
On la dit peu frileuse et pas si guindée qu’elle pourrait l’être, considérant son auguste fonction. On la dit mélomane, mais ne boudant pas son plaisir non plus lors de simples fêtes de village, ou bien lors de la bataille des fleurs. On la décrit férue d’histoire, ou toujours prête pour une revue militaire.
Et, on la jure pleine d’humour et adorant éclater de rire… Pas si cliché, finalement, la reine Victoria!

L’attelage de la reine, tiré par l’âne Jacquot (Photo Giletta/François Baille et Richard Ray)
Même si, bien sûr, elle est à cheval sur de nombreux principes et que sa boisson favorite reste sans conteste le thé, qu’elle préfère largement préparé avec minutie par ses domestiques que par un Niçois profane dans l’art subtil de l’infusion.
Dans le cœur des Niçois
C’est pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres encore, mais surtout parce qu’elle a gratifié Nice de sa royale présence à de nombreuses reprises, que la “grand-mère de l’Europe”, reine de Royaume-Uni de Grande Bretagne, reine d’Irlande, reine du Canada et impératrice des Indes, était, à l’époque, la souveraine préférée des Niçois…
Ces visites à Nice devenaient si fréquentes, que dès 1895, il est décidé de lui construire un hôtel fastueux pour l’accueillir. Il se situera, bien sûr, sur le “boulevard des palaces”, le… boulevard de Cimiez.

(Photo Giletta/François Baille et Richard Ray)
Biasini pour les plans
La première pierre de l’Excelsior Regina est posée en 1896. Les plans du Palace sont confiés à l’architecte Biasini, qui s’engage à livrer une partie du somptueux édifice pour la saison suivante afin de pouvoir y recevoir la reine dès sa prochaine villégiature.
Pari raté, la royale hôte devra se contenter du Grand Hôtel lors de son séjour en automne 1896.
Ce n’est qu’à l’automne suivant qu’elle pourra poser ses – très nombreuses – valises et loger ses – très nombreux – serviteurs dans l’aile Ouest de l’Excelsior Regina, inauguré quelques mois plus tôt, en grande pompe par le propriétaire administrateur Antonin Raynaud, le préfet Henry et le maire Sauvan, en présence de nombreuses personnalités.

Le Regina de l’époque (Photo Giletta/François Baille et Richard Ray)
L’ensemble de 6 étages, tout en longueur offre plus de 250 ouvertures en façade, plein sud. Balcons métalliques, frises ornementales et médaillons composent la Biasini’s touch.
La reine débarque donc et prend possession de l’aile ouest : 70 pièces séparées du reste du bâtiment. Elle a son entrée réservée qui donne sur un vestibule avec ascenseur… électrique.
Sans oublier un escalier colossal en marbre blanc qui mène au premier étage entièrement dédié à la souveraine.
Dans les étages supérieurs logent les domestiques, environ 70, dont une dizaine de lanciers du Bengale, sa garde rapprochée, mais aussi son valet qui ne quittait jamais son kilt.
Devant la façade, Sébastien-Marcel Biasini réalisa un jardin d’agrément réservé à Victoria, auquel elle pouvait accéder par la terrasse de ses appartements. Pour le reste, des serres et des installations permettant la pratique des sports so british, comme le tennis et le croquet.
Le tout agrémenté de palmiers, le must fashion sur la Côte.

Face au Régina, la statue de Victoria rappelle les séjours royaux de la souveraine anglaise sous le soleil niçois. (Photo Giletta/François Baille et Richard Ray)
L’âne Jacquot
Et c’est donc ici que la reine Victoria et son petit monde viendront séjourner à trois reprises, en 1897, 1898 et 1899. Une reine qui ne restait pas cloîtrée dans ses appartements royaux niçois. Bien au contraire!
Il n’était pas rare de la voir se promener, toujours de noire vêtue. Ainsi, la souveraine, qui régnait alors sur près d’un quart de la population mondiale mais aussi sur le cœur des sujets niçois, arpentait la colline dans une petite voiture vernissée à laquelle était attelé le légendaire petit âne Jacquot.
Souvent, « Lady Balmoral », son pseudo lorsqu’elle était en vacances, était accompagnée d’une partie de sa suite, nombreuse et colorée, avec deux écuyers, un grand maréchal et une troupe d’Indiens habillés de cachemire éclatants.
Le festin de Cougourdons
Certains historiens affirment que la souveraine, alors âgée de près de 80 ans, aurait fait une halte pour boire du vin de Bellet, serait allée aux archives municipales pour admirer les collections de tableaux d’Ernest Gambard, le plus grand galeriste de Londres, ou aurait été aperçue Cours Saleya, où elle aurait découvert les pénitents rouges. La reine aimait également se rendre au festin des Cougourdons devant le monastère de Cimiez, ou encore à la bataille des fleurs.
 

La plaque qui orne la façade du Pavillon Victoria de l’hôpital de Cimiez et qui témoigne de la venue de la reine avant même la construction de l’Hôtel Excelsior Regina. (Photo Giletta/François Baille et Richard Ray)
Au début de l’année 1901, les Niçois s’apprêtaient à l’accueillir une nouvelle fois, mais elle mourut avant de pouvoir revenir sur la Côte. Selon les historiens, quelques heures avant de s’éteindre, le 22 janvier, elle aurait déclaré: “Ah, si seulement j’étais à Nice, je guérirais”…
Merci à Roger Rocca et à ses formidables recherches et à son article paru en 2009 « Quand la rine Victoria séjournait à Cimiez».
 
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