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Si la désalinisation d’eau de mer est déjà pratiquée, en dépit de son coût et de sa consommation d’énergie, l’utilisation des eaux de catégorie C en sortie de stations d’épuration ouvre de réelles perspectives sur le bassin méditerranéen.
En test d’abord à Gruissan (Aude) sur le domaine de l’INRAE, la technique du reuse (réutilisation des eaux usées traitées) a été développée à plus grande échelle à Roquefort-des-Corbières (Aude) où 16 hectares de vignes appartenant à dix propriétaires bénéficient depuis trois ans de cette nouvelle source d’eau.
« Dans notre contexte où l’eau devient un enjeu majeur, le recours aux eaux de stations d’épuration est un atout, explique Lilian Copovi, président de la cave de Cap Leucate. Et le premier de ces atouts, c’est que cette eau sera toujours là et disponible puisqu’elle sert d’abord aux habitants et que les populations se développent. »
L’installation de Roquefort-des-Corbières a nécessité la création d’un bassin de rétention de 3.000 m3 de façon à obtenir le débit nécessaire à l’irrigation. Une fois traitée par la station d’épuration du village, l’eau est reprise par une pompe pour être expédiée dans le bassin avant de transiter ensuite par des filtres à sable. Enfin, elle subit un filtrage aux ultra-violets et une très légère chloration avant d’être injectée dans le réseau d’irrigation.
L’investissement total, mené avec BRL (opérateur technique et concessionnaire du réseau régional hydraulique pour la Région Occitanie), est de 480.000 euros. Les tests menés depuis, suivant quatre modalités étudiées, ont montré la pertinence de l’installation en particulier l’apport de l’irrigation pour les vignes les plus jeunes.
Paradoxalement, ce sont les eaux les moins pures – les eaux de catégories C, qui sont aussi les plus répandues – qui se sont révélées les plus intéressantes à utiliser en irrigation. La technique du goutte à goutte et l’absence de contact direct avec le raisin ont permis de lever les contraintes sanitaires à leur utilisation au lieu des eaux de catégorie B, plus rares, qui avaient la faveur des autorités.
« Ces eaux sont porteuses de nutriments et de micro-organismes, et elles comportent de l’azote, mais aussi du potassium et un peu de phosphate », décrivait Flor Etchebarne, consultante indépendante et chef de projet Irri-Alt’eau, qui a travaillé avec l’INRAE à Gruissan pour le développement de la technique.
Ce qui permet d’envisager, dans le futur, de passer de la simple irrigation à de la ferti-irrigation.
« La plupart des stations d’épuration récentes sont compatibles, du point de vue sanitaire, avec ces procédés, et l’avantage, c’est que la population augmentant, c’est une ressource qui est pérenne pour de nombreuses années, souligne Lilian Copovi. Juste à côté de chez nous, il y a la station de Sigean qui pourrait être raccordée, mais personne ne s’en occupe, ainsi que celle de Fitou. Les élus ne sont pas vraiment concernés par cette question et ces projets... »
Dans ses cartons, la coopérative avait un projet de d’irrigation de 160 hectares autour du chai Laprade, à Leucate, à partir des eaux de stations, projet qui a été réduit à 30 hectares, par prudence financière, et qui avance doucement. Trop doucement au goût des vignerons.
« Le reuse est une partie de la solution, mais cela ne fera pas tout. Face à cette problématique de l’eau, il faut étudier toutes les pistes possibles », plaide encore Lilian Copovi.
Les pistes ce sont les forages qui pourraient venir compléter le dispositif, mais aussi le stockage collinaire et des actions d’adaptation au réchauffement climatique, l’agrivoltaïsme, les cépages plus résistants, etc.
Lire également les autres volets de cette série :
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