« Les gens qui regardent par la fenêtre, ils le font derrière leur rideau. Tout le monde a peur. » Cette habitante du quartier du stade, à Jurançon, a assisté à une partie de la scène de violences qui s’est nouée avenue Georges-Guynemer, dimanche en début de soirée. Selon nos informations, deux bandes rivales se seraient affrontées pour un motif que l’enquête doit encore déterminer.
Au cours de la rixe, trois individus auraient été blessés, un homme de 22…
Au cours de la rixe, trois individus auraient été blessés, un homme de 22 ans par arme blanche, deux mineurs de 17 ans par des barres de fer. Ils ont été pris en charge par les pompiers, alertés vers 19h50, et transportés au centre hospitalier de Pau. Leur pronostic vital n’a pas été engagé. Plus personne n’était hospitalisé ce lundi après-midi.
« J’ai vu un gamin se faire courser par un type qui avait un couteau ou une machette en main, relate cette habitante. J’ai vu un autre gamin prendre des coups de pied à la tête alors qu’il était au sol et se faire taper à coups de barre de fer. C’est choquant. Un jour, il y aura un mort. On est à Jurançon, pas dans les quartiers nord de Marseille ! »
Les habitants du quartier du stade ont eu l’impression de revivre deux précédents épisodes de violences en réunion, notamment celui de juin 2020, où des « intimidations » avaient été menées par des « extérieurs » venus de Billère, avec des coups de feu tirés. Un an plus tard, une agression à la barre de fer avait également eu lieu dans le quartier.
« Cela devient invivable. C’est de la violence gratuite », réagit une jeune habitante qui a « toujours vécu ici ». Pour deux mères de famille, qui ont souhaité rester anonymes, « mettre ça sur le dos de règlements de comptes, c’est facile à dire. Ils s’en sont pris à des gamins qui jouaient au City stade et qui n’ont rien à voir avec ces histoires. »
Cette fois, l’irruption aurait pour origine un quartier palois, sans que le motif de cette « descente » soit clairement établi. Il semble également que les (très) jeunes gens impliqués dans la rixe se connaissent plus ou moins, via le lycée professionnel Campa. Lundi après-midi, la procureure de la République Cécile Gensac indiquait que dix personnes étaient en garde à vue, « majoritairement de jeunes majeurs » et deux mineurs de 17 ans.
Les policiers sont arrivés rapidement sur les lieux. Les premiers équipages ont avant tout « sécurisé » la victime au sol, blessée au couteau, tandis que, selon des riverains, la rixe s’était déplacée de l’autre côté des immeubles. D’où un sentiment d’incompréhension : « les policiers n’ont pas bougé », s’émeut une habitante. Ils ne sont pourtant pas restés inactifs. Moins de deux heures plus tard, notamment avec l’appui de la vidéosurveillance de la ville, neuf personnes sont interpellées en lien avec cette rixe.
Le syndicat de police Alliance s’est d’ailleurs félicité du « travail des policiers du quotidien qui font preuve une fois de plus de professionnalisme et d’abnégation pour assurer la tranquillité de nos concitoyens ». Et le maire de Jurançon, Michel Bernos, abonde en saluant « un travail remarquable des services de police, par leur rapidité d’intervention, aidés également par le dispositif de vidéosurveillance qui a permis des interpellations moins de deux heures après les faits ».
L’édile déplore néanmoins, « après plusieurs mois de calme », une forme de réactivation d’un « phénomène de bandes » et prône « une politique de fermeté face à ce genre d’actes insupportables ». « C’est un phénomène de bandes identifiées, insiste Michel Bernos. Nous avions été épargnés depuis plusieurs mois. Le quartier est calme et nous ne pouvons pas accepter qu’on vienne y importer les difficultés des autres. »
La violence des faits a cependant ravivé le sentiment d’insécurité des habitants du quartier du stade. « On se rend compte que ça peut partir très vite et très loin juste pour savoir qui va se faire le plus respecter », déplore une jeune mère de famille. « Ils se sont bagarrés avec des barres de fer ! Je n’en ai pas dormi de la nuit. Et j’ai peur que cette histoire ne soit pas finie, surtout avec le beau temps qui arrive. »
Elle hésite à accompagner son enfant au parc pourtant flambant neuf avec son beau toboggan orange. « La dernière fois, quand ils ont déboulé avec des voitures, mon fils était au parc avec ma mère. Il est revenu en pleurant. » D’autres partagent ces inquiétudes quant à d’éventuelles « représailles ». Parce qu’on est « dans un quartier » et que « tout se sait ».
« Cela devient compliqué quand on en est à se demander : est-ce que je vais laisser sortir mes gamins, même plus grands ? » confie une autre habitante. « Pour moi, il n’y a pas de petite ou de grande délinquance si on laisse la porte ouverte à ce genre de faits. Et on a peur. Et ça va crescendo. »
Et une nouvelle fois, les regards se tournent vers la police et la justice dont on attend qu’il panse les plaies de la société. Le parquet a ouvert une enquête pour violences volontaires aggravées (en réunion et avec usage ou menace d’armes), confiée à la sûreté départementale du commissariat de police de Pau.
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