l’essentiel Les épidémies d’influenza aviaire hautement pathogène se multipliant, les professions concernées, lassées des différentes contraintes, demandent une nouvelle gestion des crises.
Si les voisins gardois, héraultais, tarnais ou lotois en sont aujourd’hui victimes, l’Aveyron – pour l’instant – n’a pas encore cédé à l’envahisseur. Ce compagnon indésirable se nomme influenza, ou grippe aviaire. Face à cette menace, l’inquiétude des éleveurs, des transformateurs ou des simples revendeurs est grande, tant la maladie se fait de plus en plus présente au fil des années.
"On respecte les consignes, mais on voit que le résultat n’est pas là, le virus se propage", constate François Gayraud, éleveur de volailles aux Axous, sur la commune de Saint-Rome-de-Tarn. "La circulation du virus influenza aviaire n’a pas ralenti cet été. Cette absence d’intersaison estivale explique la découverte du virus en faune sauvage et l’émergence de foyers en élevage", communique la préfecture.
Car l’État déploie un nouveau dispositif pour lutter contre la généralisation de ce virus, entre confinement et abattage des foyers, voire d’élevages dans des zones ciblées. "Par exemple, en ce moment, l’accès à l’extérieur est limité pour nos animaux", précise Julien Tranier, coprésident des Jeunes agriculteurs (JA) de l’Aveyron. Une mesure qui ne convainc pas la profession. "Bien sûr, on respecte les règles et on fait tout notre possible pour éviter la propagation, mais c’est compliqué ici, avec de nombreuses fermes qui reposent sur de l’élevage en plein air", poursuit-il. "C’est contradictoire avec ce que l’on s’engage à faire pour nos clients, confirme François Gayraud. D’autant que c’est néfaste au bien-être de nos animaux. Entassés, ils deviennent agressifs et on déplore de la perte." 10 % des volailles pouvant, en effet, décéder pendant une période de confinement longue et éprouvante.
Sur le territoire, l’élevage est dans la très grande majorité extensif, plutôt qu’intensif, une situation qui freine les contacts avec un grand nombre de bêtes, et donc les risques de foyers.
" Notre situation est difficilement comparable avec celle de très grandes exploitations. En plus, nous ne sommes pas sur des grands couloirs de migration, alors les risques sont moindres", poursuit l’agriculteur aveyronnais.
Face à cette impasse, pour Julien Tranier, la solution est simple : il faut vacciner. "On voit que ce qui est mis en place ne suffit pas, il faut maintenant mettre les bouchées doubles en ce sens, c’est l’unique avancée que l’on peut avoir."
Les volailles recevant d’ores et déjà de nombreuses injections à leur sortie des couvoirs, cela ne poserait pas de problèmes pour l’agriculteur. "C’est efficace, cela nous permet d’utiliser les antibiotiques que rarement."
Or pour cela, le produit doit être prêt et ce n’est pas tout à fait le cas. "On doit attendre les conclusions des différentes expérimentations, précise-t-on du côté du service vétérinaire de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP). On parle éventuellement d’une vaccination possible à l’été 2023, mais pas avant."
Car en plus de la simple technique du vaccin et de son efficacité, expérimentée en clinique vétérinaire à Toulouse, s’ajoutent des enjeux politiques et commerciaux. "Lorsqu’une bête est vaccinée, elle n’est plus considérée comme indemne. Il faudra que les pays où on exporte l’acceptent", poursuit-on. Pourtant, comme l’indique l’éleveur, les premiers retours sont "plus qu’encourageants". Cependant, pour le service vétérinaire, ceci n’est pas un fin en soi. "Cela diminuera la propagation, mais la contamination ne sera pas totalement empêchée. Le vaccin ne résoudra pas tout."
En attendant, les éleveurs et la filière croisent les doigts pour que les contaminations ne s’amplifient pas dans les jours à venir, histoire de profiter des fêtes de fin d’année, période économiquement faste.
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