Musique hip-hop remixée, lumière noire et stroboscope. On se croirait en boîte de nuit. C’est en réalité un salon cossu donnant sur les Champs-Élysées. Quand Samia, 15 ans, quitte la fête, elle se dirige vers le RER, 200 euros en poche pour s’être allongée avec un inconnu. En prime, une paire de lunettes de soleil hors de prix, « cadeau de la team » qui l’a invitée à la soirée. Longs cheveux noirs méthodiquement lissés, elle rêve de vivre comme une reine. À en croire ses copines Louise et Jess, « si t’as envie de tenter l’expérience, tu peux te faire dans les 3 000 E (euros) facile ». Plus que sa mère en un mois.
Faire l’escort, Samia veut bien. La pute, c’est non. Louise la recadre : c’est elle qui choisit les pigeons. Elle est libre. Son père, en revanche, est dévoré par l’absence de sa fille. Il sillonne les rues de la ville chaque nuit, s’arrêtant devant des hôtels miteux pour montrer une photo d’elle aux types qui tiennent le pavé.
Ce mercredi soir sur France 2, « Comme des reines », le téléfilm de Marion Vernoux, plébiscité au festival des créations TV de Luchon en 2021 et multiprimé, plonge avec brio au cœur de la prostitution des mineures. Bernard Campan et sa fille, Nina Louise, s’y donnent la réplique.
« Plus je lisais le scénario, plus l’idée que cette Louise — d’ailleurs son nom est proche du nom de scène de ma fille — était Nina » s’imposait, se souvient le comédien. « C’est la meneuse, la déconneuse. Je retrouvais l’énergie qu’elle a avec ses copines ».
Le rôle est magnifique. Mais pas facile. Dans le téléfilm, la jeune fille, pas encore majeure, est sous l’emprise d’un garçon à peine plus âgé. Elle est amoureuse. Persuadée que dès qu’ils auront assez d’argent, ils partiront tous les deux. Bientôt. En attendant, elle accepte de vendre son corps pour quelques centaines d’euros.
Avant de soumettre l’idée à la réalisatrice, Bernard Campan en parle avec sa fille, ancienne candidate de « The Voice Kid », aujourd’hui âgée de 19 ans. « Je lui ai dit : est-ce que tu veux lire ça ? Est-ce que tu te sens de le faire ? Prends le temps, réfléchis. Ce n’est pas un rôle anodin. »
Pour Nina Louise aussi, le choix est évident. Le scénario est pudique, sobre. Il dit tout sans en montrer trop. Pour Marion Vernoux, en revanche, c’est plus difficile. Réunir le père et la fille autour d’une histoire pareille ? La responsabilité est grande. « Nina s’est un peu battue, il a fallu qu’elle fasse ses preuves. Elle a passé trois auditions », confie Bernard Campan.
À l’écran, le père s’abîme les yeux sur des sites Internet qui vantent les charmes de jeunes étudiantes. Le personnage joué par celui qui retrouvera bientôt ses comparses des Inconnus va jusqu’à réserver une heure dans un hôtel de passe, juste pour serrer sa petite dans ses bras. Lui dire qu’il est là. La scène est bouleversante. « Forcément, j’appréhendais, reconnaît l’interprète. Mais à ce moment-là, je suis avec une fille qui s’appelle Louise et qui n’est pas la mienne. Ça reste un tournage. » La distance s’installe naturellement. Bernard Campan et Nina Louise se parlent très peu ce jour-là.
Dans son sillage, la blonde éblouissante entraîne donc Samia, grisée par l’argent facile. Première soirée, l’adolescente ramène mille euros. Deux mille en comptant le fric que Nico, le petit ami proxénète, se met dans la poche au passage. La mère est perdue, ne sait plus comment rattraper sa gamine qui lui échappe. Quand la principale lui révèle qu’elle s’est livrée à une fellation monnayée dans les toilettes du collège, un gouffre s’ouvre. Et Samia disparaît. « La première fois, elles reviennent toujours, tente de la rassurer la flic à qui elle signale la fugue. On leur a promis la belle vie mais elles déchantent vite. »
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