l’essentiel Le docteur Christophe Prudhomme, leader de la lutte des urgentistes, et par ailleurs responsable de la branche santé et Action Sociale à la CGT, était à Tarbes hier. Il a rendu visite à l’hôpital et la clinique de l’Ormeau. Son diagnostic est clair.
L’homme a l’art de manier le verbe, le ton est toujours doctoral, pas vociférant, mais son diagnostic est sans appel : la santé est malade en général, et l’hôpital en particulier. Pas seulement celui de Tarbes, où le leader de la CGT pour les questions de santé était en visite, l’hôpital en tant qu’institution. “ça fait 40 ans qu’on le dit, maintenant tout le monde s’en rend compte.” Après avoir animé un débat lundi soir, puis rencontré la direction et des agents de l’hôpital, il administre un remède de cheval : “Il faut immédiatement remettre en cause ce projet d’hôpital unique, c’est une hérésie qui conduira à de nouvelles fermetures de lits. Et donc de licenciements de personnels. C’est aussi simple que ça. Actuellement, le système ne tient que par la bonne volonté des soignants, qui s’abrutissent au travail, sans compter leurs heures. Bien sûr, le Covid n’a pas arrangé les choses, mais la pandémie aura servi de révélateur.”
Pas d’hôpital unique donc, et maintien du site de Tarbes, mais aussi de Lourdes, Bagnères et Lannemezan. Un site de Tarbes forcément rénové. “Le directeur nous a dit que la construction du nouvel hôpital coûterait le même prix, 200 M€, que la rénovation de celui-ci, alors à quoi bon le déménager ? La meilleure solution, puisque les urgences de la clinique de l’Ormeau ont fermé, c’est d’abord d’embaucher les ex-personnels de la clinique, et d’agrandir les urgences ici. Avec 9 000 admissions supplémentaires, ça ne passe plus.”
Pour la clinique de l’Ormeau, son traitement est également ans appel. “Il ne peut pas y avoir, dans une ville intermédiaire comme Tarbes, deux établissements qui sont en concurrence. De toute façon, pour nous, il est inconcevable que la santé soit confiée au secteur marchand. Il faut un hôpital fort, avec un véritable projet. C’est facile de dire que l’on a du mal à trouver des médecins et des soignants, mais s’il n’y a pas de projet, de perspective, c’est normal.” Et d’ajouter, à propos de la “rumeur” de la fusion des maternités, qu’elle doit se trouver à l’hôpital…
Pour autant, paradoxalement, il évoque un rapprochement physique de la clinique sur le site de l’hôpital, “chacun avec ses activités, et des passerelles entre l’hôpital et les médecins libéraux.”
Mais, avant tout, il faut reconstruire le système, l’hôpital n’en étant que le sommet. “Le médecin généraliste qui travaille seul dans son coin et rémunéré à l’acte, c’est une vision obsolète. il faut créer massivement des centres de santé pluridisciplinaires, avec des médecins, mais aussi des infirmières, des puéricultrices, ainsi que du matériel léger de radiologie et de tests sanguins rapides. Aujourd’hui, partout en France, les urgences sont engorgées parce que les citoyens n’ont pas de médecin. Alors, plutôt que d’attendre dans les maisons médicales, ils vont directement aux urgences. Ensuite, nous ne sommes pas opposés à une régulation autoritaire des jeunes médecins sur le territoire. Mais dans des centres de santé, où ils ne sont pas seuls, peuvent avoir des horaires décents, un salaire à la fin du mois. La médecine à la papa, c’est terminé.” Reste la question du financement de ces centres de santé. “Ils peuvent être portés par des collectivités, par un hôpital, une association… Et des conventions avec la CPAM peuvent exister. Quand il y a une volonté, ça marche, pourquoi ne pas généraliser ce concept ?”
Pour conclure, il assure que de toute façon, la question est avant tout politique. “Ce n’est pas au ministère de la Santé, qui voit la France depuis les avions, ni aux ARS de décider ce qui est bon pour nous. Les meilleurs experts en matière de santé, ce sont les citoyens, il n’y a pas mieux qu’eux pour savoir ce dont ils ont besoin. Et il y a bientôt la présidentielle et les législatives…” Après l’hôpital, Christophe Prudhomme s’est rendu à la clinique de l’Ormeau où il a rencontré les personnels et exposé son idée de rattachement sur un seul site. “Il n’y a pas eu de rejet de cette proposition”, confie Wilfried Zapparoli, le secrétaire général de l’UD Santé-CGT 65.
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