Fils de commerçant, ancien correspondant de presse, le Tarbais Frank Carnejac est à la tête de la chambre des notaires des Pyrénées-Atlantiques, des Landes et des Hautes-Pyrénées.
Laurent Fabius ne s’en souvient sans doute pas ; Frank Carnejac, lui, n’a pas oublié…
J’ai été correspondant pour «La Nouvelle République des Pyrénées», puis pour la radio. C’était une autre époque, celle des radios libres. J’interviewais Laurent Fabius à Montgaillard. J’ai l’impression que c’était hier !
Aujourd’hui, vous êtes notaire. Fils de notaire, donc, si l’on en croit les griefs de certains parlementaires ?
(Sourire) Pas du tout : fils de commerçant. Contrairement à ce que l’on peut entendre ici et là, très peu de notaires sont enfants de notaires, en France. J’ajoute que la profession se féminise : sur 41 notaires en Hautes-Pyrénées, 21 sont des femmes. Normal : on retrouve en master II 90 % de filles. Elles sont plus sérieuses et plus assidues.
Il s’est dit et il se dit beaucoup de choses sur les notaires…
Il m’est délicat de commenter l’actualité dans la mesure où elle aura forcément évolué entre cet instant, celui de notre entretien, et la publication de votre article.
Alors parlez-nous de la fonction.
Il s’agit d’une profession qui rend des services, qui a une fonction sociale très forte. La preuve : quand une enquête de satisfaction est menée auprès de la population, le taux de satisfaction est digne de celui d’un régime totalitaire organisant ses élections ! Le notaire a donc une vraie utilité sociale.
Dans nos départements ruraux, ne serait-il pas le dernier notable, au sens noble du terme ?
Au sens de celui qui connaît le droit et qui se tient et le tient à disposition «de son prochain», oui. J’ai rencontré beaucoup d’élus, de responsables d’autorités judiciaires ; la plupart partagent cette vision. Un élu (et pas des moindres), m’a confié un jour : «Dans mon secteur, dans tous les villages il y avait un percepteur, un curé, un médecin, un instituteur. Il n’y a plus que le notaire. Vous êtes le seul lien qui subsiste entre la population et les autorités». C’est un témoignage fort de notre utilité sociale : c’est l’accessibilité au droit que nous offrons.
À propos d’utilité sociale, le commun des mortels (sic) ne vous perçoit-il pas seulement comme celui que l’on rencontre in extremis, l’heure de l’extrême-onction approchant ?
Le notaire, s’il tient en rôle important dans la conservation de la mémoire, est acteur dans plusieurs autres domaines. Au service des familles, par exemple, savez-vous que l’on peut se «pacser» chez un notaire. Ou encore, ce qui se sait davantage, le notaire au service du logement et de l’immobilier. Ou encore le notaire au service du développement local et de l’économie (par exemple quand les élus d’un canton ont un projet immobilier pour lequel ils ont besoin de la participation financière du privé). Mais aussi les notaires acteurs du rayonnement de la France…
Là, c’est nous qui sourions.
Je vous assure ! Le notaire, au cœur de la République française, de sa société, tient un rôle que beaucoup de pays envient, à travers le monde. Le droit anglo-saxon, par exemple, n’offre pas autant de garanties pour ce qui est des bases de données immobilières. Les plus grands pays échangent avec nous, sont demandeurs du modèle de notariat français.
On ne voit pas «traîner» un seul dossier dans votre étude ; est-ce dû seulement au talent du designer qui a aménagé votre bureau ?
Les notaires ont été précurseurs en ce qui concerne la télétransmission des données. D’une part, parce que cela permet d’alléger d’autant les espaces, d’autre part, parce que cela participe à la politique de sécurité juridique. Revenons à l’exemple des dernières volontés auxquelles vous faisiez précédemment allusion : de nos jours, elles remonteront immédiatement chez un notaire, quand bien même la personne décédée au Havre les aurait fait enregistrer à Tarbes. (Rires) Et je ne vous parle pas du sort réservé bien souvent au bout de papier laissé chez soi !
Au bout du compte, il faut bien parler sous…
Nous sommes une des très rares professions à exercer selon le principe participatif. Des études très sérieuses démontrent que, dans nos territoires, la majorité des actes sont facturés en dessous du prix de revient. En clair, si une dame entre parce qu’elle a besoin d’un acte attestant du décès de son mari pour accéder aux comptes, on n’ajoutera pas des honoraires à la douleur. Il en sera autrement de l’investissement immobilier d’une multinationale.
La chambre interdépartementale des notaires
À l’échelle de la cour d’appel de Pau, couvre 3 départements et 5 tribunaux (Tarbes, Dax, Mont-de-Marsan, Pau et Bayonne).
Notariat en Hautes-Pyrénées
21 PME (6 individuelles, 15 sociétés).
41 notaires ; 158 collaborateurs.
15.915 actes.
1.573 déclarations de successions.
43 millions d’euros d’impôts collectés.
5,4 millions d’euros de salaires bruts versés aux collaborateurs.
J’ai déjà un compte
Je n’ai pas de compte
Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

source

Catégorisé: