l’essentiel Dimanche dernier, l’incendie de Roumagnac a détruit le garage de Jawad Malek à Gaillac. Six ans de travail anéantis et un avenir incertain
De son petit garage, il ne reste rien, qu’un toit éventré et des pans de murs noircis. Jawad Malek observe les décombres calcinés. « Je comprends pas. Le feu a serpenté depuis la route de Montauban. Je ne pourrai même pas récupérer un coffret de clés, elles sont toutes voilées. » 
Tout le matériel est à mettre à la casse, le pont, les équilibreuses à pneus, les compresseurs d’air, le contrôle d’éclairages, les « valises ». Dans le petit bureau, l’ordinateur et l’imprimante ont fondu.
Ses deux aînés se serrent contre lui et regardent en silence. Ce père de trois enfants a tout perdu en quelques minutes. « Dimanche, la gendarmerie m’appelle vers 16 heures et me dit : venez, il y a le feu au garage. J’arrive de suite, la moitié du bâtiment flambait déjà. J’ai cru tomber dans les pommes. » 
En 2016, il s’était installé dans ce bâtiment en bois, comme locataire. Un site peu visible dans la zone de Roumagnac, mais où il s’était fait assez vite une clientèle, d’abord dans la communauté marocaine, puis bien au-delà. Il faisait l’entretien, les réparations (toutes marques, essence ou diesel, et même poids lourds) et de l’électronique. S’il le fallait, il dépannait à domicile. Il travaillait six jours sur sept, et le dimanche s’il fallait livrer un véhicule. Petit à petit, il avait complété l’équipement du garage. 
Pour Jawad, la mécanique était une passion d’enfance. Tout petit, à Marrakech, il suivait son père mécanicien, s’essayait au démontage. Il a d’abord travaillé six ans à Madrid, chez Volkswagen, puis un an en Allemagne, chez Mercedes et Porsche où il s’est familiarisé avec les technologies actuelles.
Depuis dix ans, il est à Gaillac. Comme autoentrepreneur, il a commencé au côté de son beau-frère, dans la maison familiale. « Acheter, c’était pas dans mes moyens. Louer aussi, c’était cher ». Deux copains sont venus en renfort, ont effectué les démarches auprès de l’assurance, des impôts, des chambres consulaires. Depuis 2016, même comme locataire, il se sentait chez lui.
Maintenant? « Je ne sais pas ce qu’on va devenir. J’attends l’expert ».  Le moral est bas, même si des clients arrivent: un couple, puis deux, puis quatre autres. « Si vous recommencez, on viendra chez vous. Quand on a un bon mécanicien comme vous, sérieux et honnête, on le garde ». Jawad esquisse un timide « c’est très gentil, merci ». Martine Souquet est venue sur le site, touchée par cette situation familiale. « On va voir ce qu’on peut faire pour trouver un local ». Pour l’instant, le garage est noir, l’avenir aussi.
« Tout est parti d’un feu de fossé ». Un mégot jeté imprudemment depuis la RD 999? Le capitaine Guy Pélissou ne se fixe sur cette hypothèse, possible comme d’autres. Le Centre de Secours de Gaillac, à deux-cents mètres à peine, active alors – il est 16h 26 dimanche 28 août – un détachement pour l’éteindre et protéger l’aire des gens du voyage, encore plus proche. Mais le vent se lève brutalement, violent et tournoyant. Le feu va très vite parcourir deux hectares, menacer cinq entreprises – fermées le dimanche, donc difficiles d’accès pour les pompiers, le temps que leurs dirigeants arrivent pour ouvrir les portails. « La végétation est tellement sèche qu’elle brûle comme de l’essence. La population doit en être consciente et faire preuve d’un maximum de prudence » indique le capitaine. Des renforts sont immédiatement activés depuis les centres de Castelnau-de-Montmiral, Graulhet, Cahuzac-sur-Vère, Albi, et Lisle-sur Tarn pour protéger les entreprises de la zone d’activités de Roumagnac et le Centre de Secours.
Les 34 sapeurs-pompiers engagés depuis le premier appel ont réussi à circonscrire le sinistre, notamment quelques feux de palettes qui auraient pu donner une dimension alarmante. « L’intervention a pris fin à 21h 08 » précise le capitaine Pélissou. L’entreprise la plus touchée est le garage JM Automobiles, entièrement détruit. Si les flammes avaient franchi la rue de Bézelle et l’Avenue de l’Europe, l’impact sur la zone d’activités et plus largement sur l’économie locale aurait pu tourner au désastre.
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