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Publié le 20/08/22
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Le château de Miramare aux éclatantes façades, près de Trieste, domine depuis 1855 la baie de Grignano.
Imago/Stock&people
Le Nord de l’Italie, de San Remo à Trieste en passant par Turin et Milan, s’avère source inépuisable d’art et d’histoire. Le lac de Côme et ses villas au romantisme suranné, qui inspira Stendhal et sa Chartreuse de Parme, fut aussi le pays de l’enfance du grand Luchino Visconti. À Stresa, sur les bords du lac Majeur, Ernest Hemingway vécut son premier chagrin d’amour dans cette station balnéaire de la Belle Époque. À Milan, l’architecte Gio Ponti a marqué l’effervescente ville de sa modernité, rivalisant avec l’héritage classique du Caravage. Ferrare aussi, sa lumière et les brumes du Pô, qui ont tant marqué Antonioni. Ou encore San Remo, berceau d’Italo Calvino, et l’incontournable Venise, à la recherche des pépites gothiques ou byzantines…
Villa Erba, le havre de paix et de faste où Luchio Visconti passa son enfance. Divine madeleine de Proust.
Photo : Luciano Movio
« Tout est noble et tendre, tout parle d’amour, rien ne rappelle les laideurs de la civilisation. » Ainsi Stendhal louait-il le lac de Côme, dans La Chartreuse de Parme, roman dont le héros, Fabrice del Dongo, avait tant marqué le cinéaste italien. Aujourd’hui, hors les voitures, rien n’a vraiment changé. Villas de rêve, lac d’opale, pentes montagneuses, c’est la même splendeur alanguie. Chaque été, elle réservait le havre d’une villégiature, comme on n’en trouve que dans ses… films ! Bâtie à la fin du XIXe dans un style néo-Renaissance, la propriété, encore bien conservée, offre un décor fastueux : une immense salle de bal, une enfilade vertigineuse de salons et de chambres, des lustres en cristal de Venise, des fresques du XVIIe au plafond, du cuir de Cordoue… Découvrez le lac de Côme de Luchino Visconti…
Stendhal tombe fou amoureux de l’Italie à 17 ans. La villa Balbianello et son jardin enchanteur.
ARTHUS-BERTRAND Yann / hemis.fr
« Que dire du lac de Côme, sinon plaindre les gens qui n’en sont pas fous ? » écrit Stendhal (1783-1842), Henri Beyle de son vrai nom, dans Promenades dans Rome, en 1829. Lorsqu’il note ces mots, l’homme n’a pas encore été nommé consul de France à Civitavecchia (poste qu’il occupera de 1831 à 1842). Mais cela fait longtemps déjà qu’il est tombé « fou » amoureux de l’Italie, qu’il a découverte à l’âge de 17 ans, dans le sillage de l’armée napoléonienne, où il s’était engagé par idéalisme ou désœuvrement — ce qui l’avait conduit tout droit à Milan, en 1800. Découvrez le lac de Côme de Stendhal
Isola Bella et son splendide palais baroque dont le parc surplombe les eaux.
AMANTINI-ANA/ONLYWORLD.NET
Ernest Hemingway (1899-1961) avait prévenu : hors saison, « Stresa semblait une ville déserte, avec ses longues rangées d’arbres sans feuilles, ses villas et ses grands hôtels fermés ». Mais c’est précisément pour cette raison que les Italiens, à l’instar de l’écrivain américain, aiment venir ici, sur les bords du lac Majeur, à l’automne ou en hiver. Désuète, Stresa l’est encore plus sans sa foule estivale. Comme Hemingway au début du siècle dernier, on y accède depuis Milan par le train, en traversant la longue plaine de Lombardie mouillée. Découvrez le Stresa d’Ernest Hemingway
Le Duomo, bijou gothique, est la troisième plus grande église du monde. À l’époque du Caravage, elle n’était pas encore achevée.
JOEL MICAH MILLER/GALLERY STOCK
Avant de devenir le génie du clair-obscur au destin tragique, le jeune Michelangelo Merisi, dit le Caravage (1571-1610), vécut à Milan jusqu’à l’âge de 20 ans, dans un périmètre, maintes fois démoli et reconstruit, situé autour de la cathédrale. Les maisons ont disparu, mais les églises qu’il fréquentait avec sa famille sont restées. A l’époque, le Duomo n’était pas encore achevé (il le sera deux siècles plus tard) et il présentait une façade blanche et lisse, là où, aujourd’hui, une superbe dentelle de sculptures et de colonnades ne laisse plus le moindre mètre carré libre. Sur le côté de la place, une file d’attente s’est formée devant le Palazzo Reale pour visiter l’exposition-événement, comme on dit, « Dentro Caravaggio ». Découvrez le Milan de Caravage
À Milan, les pinacles du Dôme et les tours semblent rivaliser avec les sommets des Alpes.
Photo12/Alamy
« Vous voyez la tour là-bas ? C’est le palazzo Pirelli. Il a été dessiné par Gio Ponti », annonce le liftier, au sommet de la Torre Branca, du même architecte. Au loin, le mince gratte-ciel de 1956, le premier de Milan, surnommé le Pirellone, 127 mètres de minceur rationaliste, émerge aujourd’hui d’une forêt de buildings. Vingt-trois ans le séparent de la Torre Branca, observatoire en tubes de métal planté entre les arbres du parc Sempione, en plein centre de la ville, où les Milanais aiment s’allonger sur les pelouses ou jouer de la musique. Depuis les 108 mètres de haut, la vue est splendide. Par temps clair, on aperçoit les Alpes. Découvrez le Milan de Gio Ponti
Il Teatro Regio, l’une des huit réalisations de Carlo Mollino.
MAXIME GALATI FOURCADE
Turin est un bijou. Loin de sa réputation de ville industrielle, la capitale du Piémont, bâtie entre le XVIIe et le XIXe siècle, est un modèle d’urbanisme dense aux rues droites bordées de kilomètres d’arcades, et aux places intimes que l’on découvre au dernier moment. Elle descend en pente douce vers le Pô, jusqu’à la blanche et carrée piazza Vittorio Veneto. Prenons à gauche et longeons le fleuve, large et paisible. Nous voilà devant la seule villa à jardin du centre, édifiée en 1888 pour un peintre, à l’angle du quai Machiavel et de la via Napione. Au premier étage de cette maison au toit couronné d’un fouillis de ferronneries se trouve la casa Mollino. Découvrez le Turin de Carlo Mollino
Palazzo Shifanoia où les fresques exaltent les ivresses païennes.
Photo : Maki Galimberti pour Télérama
Au sommet des remparts, l’air est d’une clarté de verre. Sur le chemin de ronde, semé d’herbes capricieuses, les couples enlacés regardent de haut la capitale d’un autre temps qui vit retenue, silencieuse, repliée sur ses trésors et ses palais. Michelangelo Antonioni (1912-2007) se promenait là. Souvent. Il était jeune et marchait beaucoup, même si ça donnait le sentiment de tourner en rond. Il aimait Ferrare, où il est né, son cœur historique et « son charme secret », il vantait sa « manière insouciante et aristocratique de s’offrir à ses habitants, à eux seulement ». Découvrez le Ferrare de Michelangelo Antonioni
Le palais des Doges, place Saint-Marc, dont la beauté n’a jamais lassé Ruskin, qui y passait des journées entières et séjournait au Danieli, juste à côté.
John Greim/Age fotostock
Tout est comme John Ruskin (1819-1900), écrivain et philosophe de l’art, l’a écrit. Au sommet du campanile de Torcello, une petite île au bord de l’Adriatique, « un des plus merveilleux coups d’œil que puisse offrir le vaste monde » attend le visiteur essoufflé. Au-delà de ces « plaines de marécages salées dont les éminences informes sont séparées par de petites baies », l’île de Burano. Plus loin, dans la brume du soir, les clochers de Venise. Et, au nord-ouest, la ligne sombre des Alpes. C’est ici que tout a commencé, au VIe siècle. Torcello est la mère de Venise. A l’intérieur de l’église, deux immenses mosaïques témoignent de ses influences byzantines. Découvrez le Venis de John Ruskin
Trieste.
Imago/Stock&people
De grands bateaux immobiles semblent posés en équilibre sur la surface lisse et sombre de l’eau. On est au mitan de l’après-midi, et déjà le crépuscule précoce de novembre tend un drap bleu marine sur l’Adriatique et les faubourgs de la ville. Même l’extravagant château de Miramare, vigie de marbre blanc posée sur le promontoire de Grignano, à la porte nord de Trieste, ne peut rien contre l’avancée irrésistible des ténèbres, qui engloutissent bientôt ses façades éclatantes et ses tourelles immaculées. Comme elles avalent peu à peu la mer anthracite, les plages, les établissements de bains désuets et charmants, la longue promenade plantée d’ifs et, de l’autre côté de la route, presque à portée de main, les flancs des collines qui enserrent la mince plaine côtière. Découvrir le Trieste d’Italo Svevo
Italo Calvino usa ses fonds de culotte à San Remo, sur la côte fleurie, avant d’écrire « Le Baron perché ».
Imago/StudioX
Au numéro 82 de la via Meridiania, qui serpente entre des immeubles d’une banalité estampillée 1950, il reste un jardin entre des murs roses, abritant une villa de même couleur protégée d’une grille. Italo Calvino (1923-1985) a vécu ici pendant vingt ans, avant de devenir écrivain. L’un des arbres, un faux poivrier aux petites feuilles, lui aurait servi de point de départ pour Le Baron perché, un de ses contes les plus célèbres, publié en 1957. Posée sur les pentes jadis presque campagnardes de San Remo, la maison s’est retrouvée cernée par un fouillis urbain de plus en plus confus pendant le boom économique de l’après-guerre. Calvino évoque celui-ci avec drôlerie dans La Spéculation immobilière (1957). Découvrir la San Remo d’Italo Calvino
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