Publié le 18/10/2020 à 14h00
Sarah Bourletias
Elle souhaite “alerter” sur ce qui, à ses yeux, apparaît comme une arnaque “très bien ficelée”, ayant peut-être bien mobilisé des moyens entre Espagne et Lituanie. Le commercial avait la voix “rassurante et s’exprimait très bien”, se souvient Pauline.
Le site Internet par lequel elle est passée était “très bien présenté”. Ses créateurs avaient poussé le vice jusqu’à y laisser des commentaires d’utilisateurs, dont certains “un peu” négatifs pour “que tout ne soit pas parfait et mettre en confiance”. 
Le 30 juin dernier, Pauline, une Ingréenne de 21 ans, a déposé plainte au commissariat de police d’Orléans pour escroquerie. La jeune femme dit avoir été flouée de presque 10.000 euros, soit “toutes ses économies”. Son histoire serait aussi celle d’au moins un autre Français, à Avignon, qui dit avoir été escroqué, à la même période, de la même façon.
Un “pro de l’arnaque” a-t-il sévi à Orléans et floué plusieurs commerçants ?
Retour en arrière. Début juin 2020, Pauline cherche un véhicule sur Le Bon Coin. Celui sur lequel elle jette son dévolu a déjà été vendu, lui apprend par message la personne à l’origine de l’annonce. “Cette personne me redirige alors vers le site d’un mandataire automobile, un-mandataire.fr, en me disant qu’il s’est adressé à eux et que tout s’est toujours très bien passé. Le site a l’air très professionnel, est très bien présenté et à aucun moment ne donne l’impression d’un site amateur.”

Le site par lequel Pauline est passée affiche, depuis, le visuel ci-dessus. Capture d’écran.
Mieux : le site renseigne un numéro Siren (numéro attribué aux entreprises pour permettre de les identifier), référencé lui aussi sur des sites spécialisés. “A aucun moment je ne me méfie, d’autant qu’un commercial me recontacte dans la foulée.”
Ce dernier s’exprime “très bien, avec confiance”, et propose à la jeune femme une Mini Cooper à quelque 9.000 euros. Pauline préfère attendre avant de se précipiter : “Je laisse passer quelques jours tout en ayant des échanges réguliers avec le commercial”.
Cette Mini Cooper, qu’elle décide finalement d’acheter au courant du mois de juin, Pauline n’en verra jamais la couleur. Le tour de passe-passe utilisé par le ou les escrocs laisse songeur. “Ils m’ont demandé de verser la somme, soit près de 9.000 euros, via une application de cryptomonnaie, qui est sûre et existe bel et bien.”
“Ma banque a bien donné son accord pour que je procède au virement, qui en théorie devait constituer une garantie, apparaître sur l’application de cryptomonnaie mais n’être versé à un-mandataire.fr qu’après la livraison du véhicule. En tout cas, c’est ainsi que les choses m’avaient été présentées par le commercial.”
La voiture ne sera évidemment jamais livrée… mais la somme bien débitée du compte de Pauline, et ses contacts avec la prétendue entreprise (via le site ou le numéro de téléphone du commercial), évanouis dans la nature le jour même de la transaction. 
Il tentait d’écouler de faux billets de 100 € dans les commerces d’Orléans
La mésaventure inspire à un policier de la direction départementale de la sécurité publique du Loiret (DDSP) ce commentaire : “On est sur une arnaque classique”. Ce qui ne la rend pas moins efficace.
“Sur ce type d’affaire, on est en général confronté à des escrocs professionnels, qui peuvent œuvrer à plusieurs partout en Europe. Internet a “dégéographisé” les escroqueries, ce qui rend d’autant plus complexes les enquêtes.”
Ce que ne contredira pas Abdelaziz. Cet Avignonnais de 33 ans affirme lui aussi avoir été victime de la même arnaque, décrivant des faits similaires en tout point sur la même période. Les premières investigations feraient état, selon ses dires, d’un réseau organisé dans au moins deux pays de l’Union européenne. “La carte prépayée avec laquelle le commercial m’a contacté aurait été achetée en Espagne, et l’argent versé à un-mandataire.fr retiré en Lituanie”, explique le jeune homme.
Ces modes opératoires ne sont pas si différents de ceux utilisés “au début des années 2000, si ce n’est qu’ils ciblaient alors de grosses entreprises“, poursuit le policier de la DDSP. “Les escrocs obtenaient des virements sur des montants colossaux en se faisant passer pour des avocats ou des patrons du Cac40. Aujourd’hui, les entreprises ont musclé leur défense et ce type d’arnaque cible davantage le “quidam” moyen.”
La technique est d’autant plus appréciée que la “traçabilité assurée par les banques sur des sommes inférieures à 10.000 euros est moins importante que sur celles supérieures à ce montant”, explique le policier de la DDSP.
Toujours en cours, l’enquête ouverte à la suite de la plainte de Pauline a été confiée au groupe des fraudes et enquêtes administratives de la DDSP du Loiret.
Un couple de Loirétains escroqué d’1,5 million d’euros pour de fausses œuvres d’art africaines
Du côté d’Avignon, en attendant les résultats de ces investigations souvent “longues car complexes”, Abdelaziz dénonce depuis des mois un-mandataire.fr sur différents forums Internet, où des internautes disent eux aussi avoir été arnaqués.
Le “militantisme” du jeune homme n’est pas passé inaperçu, incitant les escrocs à le recontacter pour lui soumettre une proposition que d’aucuns jugeraient culottée : “Ils m’ont dit : plutôt que de nous dénoncer, tu veux pas venir bosser pour nous ?”
Le jeune homme, en contact avec d’autres victimes à travers la France dont Pauline, œuvre pour que l’affaire soit “centralisée” au sein d’une même cellule d’enquête, plutôt que dans les commissariats où chacun a déposé plainte. “Nous avons aussi envoyé des courriers aux procureurs* de nos localités pour faire avancer les choses”, précise Pauline. Dans l’espoir, peut-être, de récupérer tout ou une partie de ses économies…
Vigilance. Ces arnaques, souvent utilisées lorsqu’il s’agit de vente de véhicules, reposent sur des techniques similaires, observe la police orléanaise. Des sites qui mettent en contact des particuliers, comme Le Bon Coin ou VivaStreet, constituent “une porte d’entrée” vers les sites frauduleux. Se méfier, donc, si après un premier contact avec un intermédiaire, celui-ci souhaite vous rediriger vers un site dans lequel il affirme avoir “toute confiance”. “De façon générale, pour la vente de voitures, il est conseillé de passer par des sites officiels, connus et référencés”, conseille la DDSP.
*Contactée, la procureure de la République d’Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren, n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Sarah Bourletias
3 commentaires
Gérard Manvussa a posté le 20 octobre 2020 à 09h38
enfin bon, il faut quand même être vraiment naïf, car à la vue des éléments et de la méthode, ça sentait l’arnaque à plein nez !
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chevreuil cerf sanglier a posté le 18 octobre 2020 à 20h48
on a we bons garagiste dans le Loiret Internet c est du vent
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lecteur lecteur a posté le 18 octobre 2020 à 14h12
*Contactée, la procureure de la République d’Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren, n’a pas donné suite à nos sollicitations. *** vous plaisantez.. pourquoi voulez vous une réponse. .le vol chez un particulier “du bas” n’ a jamais de suite….
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