Alors que la baisse d’enneigement suscite l’inquiétude chez de nombreuses stations de skis, celle de Villard-de-Lans, dans le Vercors, a misé sur un programme hôtelier d’envergure porté par l’ancien basketteur Tony Parker. Une résidence de tourisme à près de 100 millions d’euros, qui interroge certains habitants.
Face à la baisse annoncée de l’enneigement en moyenne montagne, la station de Villard-de-Lans, dans le Vercors, mise tout sur un gros programme immobilier porté par l’ex-basketteur professionnel et homme d’affaires Tony Parker pour développer ses activités quatre saisons et attirer une clientèle nouvelle.
Avec +1,3°C à +2,4°C d’ici à 2050, selon les données de Météo France, la station-village située entre 1 143 et 2 050 mètres d’altitude dans le massif isérois fait partie des 5 % de communes françaises où les températures augmenteront le plus. En 1982, le site avait installé 72 canons à neige, il en compte 375 aujourd’hui.
Cette semaine, avec les caprices du temps, le pied des pistes était encore vert. Et comme ailleurs, le réchauffement climatique interroge sur l’avenir de l’industrie du ski. “La diversification, c’est un mot que l’on a à la bouche depuis longtemps”, assure Sébastien Giraud, directeur de la société des remontées mécaniques de Villard-de-Lans et de Corrençon (SEVLC), rachetée en 2019 par le quadruple champion NBA via son groupe Infinity Nine centré sur “le sport, l’éducation et l’art de vivre”.
Actuellement, le ski alpin représente encore 80 % du chiffre d’affaires de la SEVLC qui gère les 21 remontées mécaniques pour 125 km de pistes. Dans cette commune de 4 300 habitants, qui attire depuis plus d’un siècle les amateurs de sport d’hiver, un habitant sur deux vit directement ou indirectement du tourisme.
“En moyenne altitude, l’activité est fragile”, souligne le maire Arnaud Mathieu qui soutient ardemment le programme “Ananda Resort” porté par Tony Parker : une résidence hôtelière quatre étoiles de 900 lits répartis en 132 appartements sur un terrain occupé par un parking, un investissement d’environ 96 millions d’euros.
“Il nous faut un vecteur de croissance”, assure l’élu. Objectif : “assurer, pour les 20 prochaines années, avec une empreinte environnementale moindre, la pérennité de l’activité économique, avec une garantie d’exploitation sur des lits chauds”.
Actuellement, sur 20 000 lits touristiques, 30 % seulement sont des lits “chauds” (avec un taux d’occupation annuel d’au moins 80 %), par opposition aux “lits froids” (taux d’occupation annuel inférieur à 20%).
Les porteurs du projet promettent de créer 100 emplois locaux, avec “un accroissement de l’économie touristique sur le territoire à hauteur de près de 5 %”. Le complexe doté de commerces et d’un centre de loisirs “indoor” axé sur le bien-être et le sport table notamment sur l’accueil de séminaires en inter-saison, alors que l’affluence se polarise actuellement sur les week-ends et les vacances d’hiver. 
Les logements de l’Ananda Resort qui seront réservés à la location pour favoriser la rotation, visent un remplissage à 80 %, au moins 10 mois sur 12. “C’est un objectif ambitieux”, reconnaît Arnaud Mathieu. Mais selon lui, “la notoriété et le réseau [de Tony Parker], peuvent faire monter un grand nombre d’opérations et de personnes”. Avec “l’effet Parker”, l’immobilier a “déjà pris 20 %” près des aménagements prévus, selon lui.
La station restant une destination de proximité (79 % des visiteurs viennent de la région) et de séjours courts (4,15 jours en moyenne), l’objectif est de développer les séjours longs et le tourisme d’affaires. “Aujourd’hui, il y a des demandes de séjours, de groupes et de séminaires auxquelles on ne peut pas répondre”, assure Sébastien Giraud.
Mais, depuis plusieurs mois, l’opposition monte : une association réunissant environ 350 habitants, Vercors Citoyens, a organisé des manifestations contre ce projet “démesuré”. Selon les militants, la résidence va peser sur les ressources en eau du plateau, sur le prix de l’immobilier et sur une circulation routière déjà compliquée en saison.
Pierre de Verdelhan, un militant de Vercors Citoyens installé depuis 20 ans dans la station, dénonce un projet “fermé comme un Club Med”. “Il faut aller de l’avant” pour l’avenir du massif, reconnaît-il. Mais selon lui, le programme risque de “bouleverser l’équilibre”.
Tony Parker qui a choisi Villard-de-Lans sur un “coup de cœur”, lui, assure qu’il “veut faire grandir la station” sans “rien dénaturer”, dans une vidéo diffusée sur le site “Ananda Resort”. Le complexe inspiré de “l’architecture traditionnelle des années 70” doit ouvrir en décembre 2025.

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