Après avoir chassé les Espagnols des forts de Floride, en avoir pendu quelques-uns pour venger la France de l’infamie infligée par le gouverneur Pedro Menendes, l’Agenais De Gourgues, sa mission et la vengeance du roi Charles IX accomplies, organise son retour. N’ayant pas assez d’hommes pour en laisser en Floride pour tenir les forts, il explique au roi indien Sotariva de peur de voir revenir les Espagnols qu’il serait plus prudent de détruire les fortifications désertées par les Espagnols…
Après avoir chassé les Espagnols des forts de Floride, en avoir pendu quelques-uns pour venger la France de l’infamie infligée par le gouverneur Pedro Menendes, l’Agenais De Gourgues, sa mission et la vengeance du roi Charles IX accomplies, organise son retour. N’ayant pas assez d’hommes pour en laisser en Floride pour tenir les forts, il explique au roi indien Sotariva de peur de voir revenir les Espagnols qu’il serait plus prudent de détruire les fortifications désertées par les Espagnols. En moins d’un jour, les Indiens s’emploient à la tâche et rasent les forts jusqu’aux fondations.
Il restait encore trente Espagnols que les Indiens tenaient pour prisonniers. L’un de ces captifs, sans doute pour apaiser sa conscience, dit au capitaine gascon qu’il avait pendu cinq Français de ses propres mains lors du massacre de la colonie. À genoux il demande pardon à Dieu. Lui et ses compagnons sont tous pendus au même arbre, l’arbre des Français.
Le Capitaine fait ses adieux au Roi Sotariva et à son neveu Olotoraca qui avait survécu à l’assaut du plus grand des forts. « Toutes ces bonnes gens sont les plus marris du monde et se mettent à pleurer à voir le Capitaine vouloir les quitter » (1). Voyant leur peine, De Gourgues leur dit qu’il reviendrait dans douze lunes, leur promet de revenir avec beaucoup de miroirs, de haches, de couteaux. « Alors tous contents, ils disent qu’ils s’en allaient faire danser leur femme, ce qui est pour eux le plus grand signe de réjouissance. »
Le Capitaine et ses 80 arquebusiers, ses 40 mariniers portant des piques, s’en vont le long de la rivière rejoindre les vaisseaux. « Il trouve les chemins couverts de bonnes gens du pays qui lui viennent au devant, portant du poisson cuit et autre vivre, des fruits pour les soldats. » Une vieille femme vient sur le chemin, dire au Gascon en lui prenant les mains « qu’elle ne se souciait point de mourir maintenant, puisqu’elle avait vu une autre fois les Français à ‘‘la Floride’’ ».
Arrivés à l’embouchure de la rivière de May où mouillaient les navires, le maître pilote venu avec les chaloupes, lui dit qu’il avait recalfater les navires, charger les eaux, les vivres et qu’il ne restait qu’à monter à bord pour s’embarquer. Le capitaine De Gourgues fait ses adieux aux rois indiens et leur demande de toujours rester fidèles au roi de France qui les défendra toujours. Une fois à bord le capitaine réunit tout son monde sur le pont. « Mes Amys, rendons grâce à Dieu tous ensemble de la victoire qu’il a donnée à notre entreprise. Devant tant de danger, pour toute chose nous n’avions que le bon droit, nous avons enduré tant de travaux pour défendre l’honneur de notre Pays. N’oublions pas nos Amys morts dans les combats, les gentilshommes Lantonie de Lymousin, Pons de Saintonge, Loubière, Carreau, Gachiè, de bons et vaillants Gascons. »
Le lundi 3 mai 1568, les ancres sont levées, voiles mises, les Français quittent la rivière de May et la Floride. Les vents sont propices, et après 34 jours de traversée, le lundi 6 juin, le jour de la Pentecôte, la flotte arrive au port de La Rochelle. Pas indemne. La Patache avec huit hommes à bord s’est perdue en mer, l’autre navire, la roberge, s’est égarée dans une tempête au large des Bermudes. Elle rejoint La Rochelle un mois après. Le capitaine De Gourgues sans tarder avait fait voile vers Bordeaux, le temps de vendre l’artillerie des forts de Floride à la cité bordelaise. De là, il prend la poste sur la Garonne vers Agen pour aller rendre compte à Blaise de Monluc, le gouverneur militaire de la province. Il lui fait le rapport de sa mission. C’est là qu’il apprend que les Espagnols avaient envoyé 18 pataches, une roberge pour le surprendre en mer et se venger de la Floride, mais ces derniers étaient arrivés avec un jour de retard.
Quatre ans après son retour Dominique de Gourgues a écrit et fait publier, en 1572, son récit de « la Reprise de la Floride. » Depuis l’aventure de ses exploits a inspiré des auteurs et non des moindres : Agrippa d’Aubigné, De Thou, Le Père Charlevoix, L’Abbé Prévost, Mezeray, Tamisey de la Roques, Voltaire, l’Abbé Raynal, Chateaubriand, Girard etc.
(1) Tiré du récit du capitaine De Gourgues.

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