Sur la table de la terrasse, Yvette, Isabelle, Bernard et Jean-François achèvent d’éplucher et de couper en dés les légumes pour la soupe. Seul Marc manque à l’appel ce jour-là. En cuisine, Laurence lance une tournée de cafés pour « L’équipe ». C’est comme ça qu’à Zuekin, l’accueil de jour pour grands précaires et SDF de Biarritz, on surnomme ce groupe de six voisins et amis de Bassussarry. Bénévoles du dispositif Un Soir, un repas, un mercredi par mois, ils se réunissent pour cuisiner une entrée, un plat et un dessert aux démunis. Le…
Sur la table de la terrasse, Yvette, Isabelle, Bernard et Jean-François achèvent d’éplucher et de couper en dés les légumes pour la soupe. Seul Marc manque à l’appel ce jour-là. En cuisine, Laurence lance une tournée de cafés pour « L’équipe ». C’est comme ça qu’à Zuekin, l’accueil de jour pour grands précaires et SDF de Biarritz, on surnomme ce groupe de six voisins et amis de Bassussarry. Bénévoles du dispositif Un Soir, un repas, un mercredi par mois, ils se réunissent pour cuisiner une entrée, un plat et un dessert aux démunis. Le jeudi, à la salle Errecart à Pétricot, ils assurent ensuite le service de leur repas chaud fait maison pour une vingtaine de personnes.
La campagne 2022-2023 a démarré début novembre. Depuis un an, l’association est passée d’un à deux dîners solidaires hebdomadaires. « Il y aurait les besoins pour trois, mais se poserait alors un problème de disponibilité de la salle », précise le président de l’association, Daan Van Setten. Il pense qu’il parviendrait à trouver le nombre de bénévoles nécessaire. La flexibilité du dispositif y aide. Comme les gens de « L’équipe », ils sont une soixantaine à se relayer jusqu’à fin mars pour cuisiner. Plusieurs restaurateurs mettent aussi la main à la pâte.
« Il y a tous les profils. Des couples, des personnes seules, de tous âges et notamment des gens qui souhaitent s’investir pour les autres, mais manquent de temps. Certains s’inscrivent pour une unique fois dans l’hiver et font juste un plat ou un dessert, d’autres cuisinent régulièrement et assurent le repas complet », décrit-il encore.
Cette souplesse, c’est aussi cela qui a convaincu, à l’origine « L’équipe ». Yvette se souvient d’avoir vu l’appel à bénévoles lancé par Zuekin au début de l’aventure dans « Sud Ouest ». C’était en 2018. L’association le constatait, ses bénéficiaires peinaient à se déplacer jusqu’à Bayonne pour profiter du repas de la Table du soir. Elle voulait proposer un équivalent à Biarritz.
Yvette soumet l’idée à ses voisins du quartier Mendixka. Ici, la plupart ont noué des relations amicales, s’invitent volontiers pour l’apéro, ont même créé une association « festive et culturelle » sous les couleurs de laquelle ils participent ensemble au concours de la meilleure omelette ou des meilleures tapas. Une demi-douzaine sont partants.
« On est des privilégiés, confie Laurence. On a nos maisons, on mange à notre faim. On voulait faire quelque chose, mais on a tous nos vies, les enfants, le travail. Là, c’est environ deux heures de préparation la veille et, le jour J deux heures pour le service. Point. Ça collait avec ce qu’on pouvait faire. » Isabelle renchérit : « On passe à la fois un moment sympa à cuisiner ensemble et un moment chouette avec les bénéficiaires. On commence à les connaître, on discute, c’est agréable. On ne donne qu’un peu de temps et, au final, ils nous apportent sans doute plus qu’on ne leur apporte. »
Certains vivent à la rue, d’autres ont un toit mais pas les moyens de bien manger et encore moins celui de rêver partager la table d’une gargote avec d’autres pour rompre aussi l’isolement. « On les sert, c’est bon. Ils nous disent qu’ils ont un peu l’impression d’être au restaurant. »
Il existe deux formules pour s’investir. Pour le repas du lundi, la Banque alimentaire fournit les denrées. Aux cuistots du jour de concocter le repas en fonction. Pour celui du jeudi, les bénévoles se procurent eux-mêmes ce qu’ils mitonnent. « L’équipe » investit à chaque fois une soixantaine d’euros. Par le passé, ils ont fait de la paella, des crêpes bretonnes ou encore des ballottines pour Noël. Là, ce sera au choix, bœuf bourguignon ou poulet aux oignons, pommes de terre et far breton.
En cuisine, le frichti mijote. Laurence est aux fourneaux. Elle a posé sur la table une pile de barquettes en plastique. « C’est parce que certains veulent emmener des restes après avec eux. On prévoit large exprès. » Histoire de conserver au-delà des nuits froides et pluvieuses, un peu du rare réconfort de manger bien, bon et chaud.

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