L’information avait déjà filtré le 6 juillet dernier, sur les réseaux sociaux, sans qu’un crédit quelconque puisse être accordé à leur source. “Cette fois-ci, c’est un responsable d’Al Qaïda, un ancien cadre de la maison mère en Afghanistan, qui l’annonce. Jamais auparavant, l’organisation, très secrète, n’avait même mentionné son nom. L’info est très fiable”, commente David Thomson, journaliste à RFIauteur d’un livre sur « les Français jihadistes » (Ed. Les Arènes) », qui a révélé l’information ce matin.
Des responsables américains ont confirmé ce vendredi soir sa mort. “Il est sans aucun doute mort”, a déclaré un responsable sous couvert de l’anonymat. Une autre source avait indiqué auparavant qu’il y avait “de très fortes chances” qu’il ait été tué dans une frappe aérienne de la coalition contre Daech en Syrie en juillet.

Miraculé en novembre 2014

Dans son “communiqué”, Sanafi al Nasr a également confirmé que David Drugeon était un expert en explosifs, qu’il était bien passé par l’Afghanistan. David (alias « Daoud ») Drugeon avait déjà été donné pour mort à Idlib une première fois, début novembre 2014. Puis sa mort avait été démentie. Car le Vannetais devenu artificier du groupe jihadiste Khorassan, avait “miraculeusement” échappé à une frappe de la coalition. En 2010, déjà, les services de renseignement français avaient annoncé à ses parents sa mort, à la suite d’une frappe de drone en Afghanistan.

Photo d'archives
Photo d’archives

 
A lire aussi
David Drugeon est né un jour de novembre 89 à Vannes. Petit garçon, rien ne le distingue des jeunes qu’il fréquente à l’école Brizeux puis au collège Antoine de Saint-Exupéry. David Drugeon se serait converti à l’islam à l’âge de 13 ans, après le divorce de ses parents en 2002.

 

Photo d'archives
Photo d’archives

Il a passé toute son enfance dans le quartier de Ménimur, à Vannes, où il fréquentait la mosquée du quartier. Après le collège, David Drugeon avait intégré un lycée professionnel, à Rennes. C’est là qu’il s’était fait remarquer, n’hésitant pas à quitter les cours pour faire sa prière.

Le jeune homme avait abandonné l’établissement, s’était réorienté et avait décroché un BEP mécanique poids lourd (sa passion, avec l’OM). Il avait même exercé quelques mois le métier de chauffeur routier.

À Vannes, le jeune homme s’était investi dans les oeuvres sociales de la communauté musulmane. « Il avait très vite émis le souhait de mettre de l’argent de côté pour partir apprendre la langue arabe en Égypte, rapportait au Télégramme, en avril 2014, l’un de ses proches. On n’a plus eu de nouvelles de lui à partir de son second voyage là-bas.”
A lire aussi

Une “cible prioritaire” des Américains

David Drugeon avait quitté la Bretagne en avril 2010, et rejoint un camp d’entraînement d’Al Qaïda à la frontière pakistano-afghane. Il y est resté trois ans et demi, au cours desquels il aurait croisé Mohamed Merah (qui, lui, n’est resté qu’une dizaine de jours). C’est aussi là qu’il est devenu un expert en explosifs, et « un intime » du responsable Europe d’Al Qaïda, Moez Garsallaoui, un lieutenant de Ben Laden, qui, lui, sera tué par des drones américains en octobre 2012.

“Hamza al Faransi”, qui se faisait aussi appeler “Daoud” ou “Suleman”, évolue encore un an dans cette zone tribale. Les services de renseignement le pistent jusqu’en Syrie, début 2014. Entre temps, l’homme est devenu “une cible prioritaire” des Américains, qui le considèrent comme l’un des djihadistes les plus influents et les plus dangereux d’Europe. “Son niveau dans la hiérarchie n’était peut-être pas très élevé, nuance David Thomson. Mais sa spécialité en explosifs et son parcours en faisaient quelqu’un de dangereux. Et les hauts cadres d’Al Qaïda n’annoncent pas la mort de simples soldats. Ce n’était pas n’importe qui.”

Contacté ce vendredi matin à Vannes, son père n’avait reçu, de son côté, aucune information.
A lire aussi
 

source

Catégorisé: