© Henry de Laguérie
Sous la pression du changement climatique, les plages espagnoles se réduisent comme peau de chagrin. La situation est particulièrement critique dans le Delta de l’Ebre, à la frontière entre la Catalogne et la région de Valence. Le delta et ses 320 kilomètres carrés de marais, de rizières, de végétation et de bancs de sables sont menacés de disparition.
C’est triste de perdre cette merveille“, regrette Gumersindo Gonzalez. Natif de la région, l’homme pilote un bateau de croisière pour les touristes depuis 30 ans.
D’ici cinq ans, toute la bande de terre que vous voyez ici aura disparu
Il assiste impuissant à la montée des eaux. “D’ici cinq ans, toute la bande de terre que vous voyez ici aura disparu, tout simplement parce qu’elle recule chaque jour. Vous voyez cette petite maison là : il y a deux ans, elle était à 100 mètres de l’eau. D’ici un mois, un mois et demi, elle sera emportée.”
Le scénario noir d’une disparition du Delta serait une catastrophe pour la faune et la flore : le parc naturel accueille plusieurs centaines d’espèces protégées, dont de très nombreux flamands roses.
La montée des eaux se conjugue avec un enfoncement du Delta : les barrages hydrauliques freinent l’arrivée des sédiments. Auteur d’un rapport sur l’érosion du littoral, Carles Ibañez, directeur d’Eurecat, le centre sur la résilience climatique est pessimiste. “Le fleuve Ebre, le plus grand d’Espagne, n’apporte plus les sédiments et le sable nécessaire dans le delta. Et à chaque tempête, la mer emporte les rares quantités de sable qu’il reste.
Le niveau de la mer monte de quatre millimètres par an
La plage du Trabucador mesure cinq kilomètres de long et seulement 200 mètres de large… Ce long bras de sable est souvent envahi par les eaux et risque un jour de disparaître. “Le niveau de la mer monte de quatre millimètres par an. Et ça s’accélère : ce sera bientôt un centimètre chaque année. Et ça ne va pas s’arranger, même si on respecte les accords de Glasgow de la COP26. Je décris tout ça comme un tsunami au ralenti“, ajoute Carles Ibañez.
►►► À lire aussi : Londres, Venise, la Statue de la Liberté… Le changement climatique menace aussi notre patrimoine culturel
En Catalogne, les tempêtes se multiplient : Gloria a ravagé toute la côte catalane en janvier 2020 et a laissé une facture de 75 millions d’euros. Ces tempêtes emportent avec elles des portions entières de plage. 60% de la côte est construite : des maisons et des bâtiments sont donc en danger et il va falloir un jour déplacer la voie ferrée qui relie Barcelone à la Costa Brava.
La montée des eaux est donc aussi une menace pour l’économie d’une région qui vit en grande partie du tourisme estival. D’ici quinze ans, près de la moitié des plages ne seront plus suffisamment grandes pour accueillir du public.
Directeur d’une école de voile depuis 2014 ans près de Barcelone, Jordi Vera devra sans doute bientôt déménager. “On a perdu la moitié de la plage depuis que je suis là. Avant on avait 10-15 mètres de plus. Peut-être qu’un jour il n’y aura plus de plage et on ne fera plus d’activités. Là, ils mettent des rustines : ils font venir du sable mais chaque année ça s’en va.
►►► À lire aussi : Les villes côtières doivent s’attendre à une augmentation des inondations, selon une étude de la Nasa
Les autorités construisent également de nouvelles protections mais pour les experts, ces solutions ne sont pas viables. Si on ne parvient pas à enrayer le réchauffement climatique, ils estiment qu’à terme il faudra sans doute renoncer à vivre au bord de la Méditerranée.
Le plus jeune évêque d'Espagne ne pourra plus exercer ses fonctions à la suite de son mariage avec une femme qui s'avère…
Un Belge a été retrouvé mort vendredi à son domicile de Malaga, dans le sud de l'Espagne, rapportent les journaux locaux…
Copyright © 2023 RTBF

source

Catégorisé: