Après 27 ans d’attente, le musée du Gévaudan rouvre ses portes à Mende ce mardi 18 octobre. Il a pour ambition de concentrer le patrimoine naturel, culturel et historique de Lozère en un seul lieu : deux hôtels particuliers réunis par des travaux titanesques.
“Non-élitiste”, “surprenant” et “fondé sur une solide base scientifique” selon sa directrice, le nouveau Musée du Gévaudan qui s’ouvre mardi à Mende retrace l’histoire de cette province d’Ancien régime en faisant la part belle à la “bête” qui a terrorisé la France de Louis XV. 
C’est un beau projet qui fédère plusieurs entités. Sans la volonté politique de la ville de Mende et le précieux soutien de l’Etat, de la Région Occitanie, de l’Europe et du Département de la Lozère, cela aurait été impossible.

27 ans après la fermeture du musée municipal, ce nouvel espace, gratuit, est installé dans l’écrin de deux anciens hôtels particuliers du XVIIe siècle, en plein cœur historique de Mende, la préfecture de la Lozère. Après avoir traversé un patio lumineux, les visiteurs pourront découvrir, au premier étage, 500 objets sélectionnés parmi les 16 000 de la collection, issue en grande partie des réserves de la Société des Lettres, des Sciences et des Arts de la Lozère, société savante remontant au début du XIXe siècle.
Les quatre premières salles sont dédiées à la “nature et ses usages” et abordent les thèmes de la terre, de l’eau, de la flore et de la faune du territoire, entremêlant des matériaux bruts et l’usage qu’en ont fait les hommes au fil des siècles. “Nous ne voulions surtout pas que ça soit élitiste mais que tout semble évident, que chaque salle ait sa surprise”, explique la directrice du musée, Nadia Harabasz. Dans l’espace réservé aux végétaux se côtoient des fossiles, des planches d’herbier présentées dans des vitrines de bois clair et une “grainothèque où chacun pourra échanger des graines sur le principe du troc, une première dans un musée en France”, ajoute la directrice.

La visite se poursuit sur un mode chronologique plus classique : proto-histoire, Antiquité, Moyen-Age, Renaissance, avant d’aborder l’incontestable vedette des lieux, la “Bête du Gévaudan”. Tour à tour présenté(s) comme un homme déguisé en loup, un gigantesque chien, un lion ou une hyène, “le” ou “les” mystérieux animaux, qui s’attaquaient notamment aux jeunes bergers, auraient fait 87 morts pour plus de 250 attaques entre 1764 et 1767, suscitant la stupeur et l’effroi bien au-delà des frontières de la province royale.
Sur les douze salles, quatre ont pour thème “la nature et ses usages” et huit “la culture et ses témoignages” dont deux salles sont dédiées à la Bête de Gévaudan. L’une, à cette Bête qui fit des centaines de victimes, avec un récit de cette histoire du XVIIIe siècle et l’autre, aux œuvres contemporaines inspirées de la Bête.
C’est d’ailleurs ce que Mende Tourisme met fièrement en avant sur soin compte Twitter : “Star du Musée, la Bête du Gévaudan sera au cœur d’un important dispositif participatif”. 

Deux spécimens ont été tués, le premier par un soldat du roi en 1765, un second en 1767 par un chasseur local, ce qui a mis fin aux attaques. Empaillés, les animaux ont été amenés à Versailles, où ils ont été étudiés avant d’être définitivement enterrés. Les savants d’aujourd’hui s’accordent en tous cas à dire qu’il s’agissait probablement de grands canidés particulièrement féroces, à une époque où la France comptait environ 20 000 loups.
Alimentée à l’époque par une presse à sensation naissante, la légende de la “Bête du Gévaudan” fait désormais partie de l’identité de la région, comme l’attestent les livres de contes, disques, boîtes de biscuits et autre bouteilles d’alcool à son effigie rassemblés par le musée. L’artiste contemporain Lionel Sabatté en propose sa propre version dans une petite salle: une structure métallique recouverte d’amas de poussière qui semble prête à bondir. Après avoir admiré la “Salle des Vertus” – un cabinet orné de fresques du XVIIe siècle – et une petite section “Beaux-Arts”, il ne reste plus qu’à redescendre profiter d’une boutique et d’un espace de détente conçu comme un “tiers-lieu” ouvert à tous.
Nous étions la seule préfecture de France sans musée. Pourtant, quand le temps n’y est pas, il faut bien pouvoir proposer des activités en intérieur.

Département de moyenne montagne du sud du Massif Central, la Lozère attire surtout les amateurs de grands espaces et de sports de plein air, beaucoup moins les passionnés de culture, en particulier depuis la fermeture du musée municipal en 1995. Il aura donc fallu 27 ans pour que renaisse l’idée d’un musée, que les œuvres soient sauvegardées, puis que l’ex-musée soit rénové et agrandi. Le chantier a duré trois ans et coûté 12 millions d’euros, pris en charge par l’Etat, la ville, le département, la Région Occitanie et l’Union européenne.
Ecrit avec l’AFP

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