L’accusé était-il sous l’influence de sa femme au point de la tuer avec leur bébé de 20 mois ? La personnalité de Charles-Olivier Adde, jugé pour ce double assassinat, aux Rives en juillet 2019, a occupé les débats de son procès d’Assises à Montpellier. Le verdict des jurés est de 18 ans de réclusion criminelle.
Charles-Olivier Adde a finalement été reconnu coupable du double meurtre de sa fille et de sa femme. 2 assassinats qu’il avait avoué en garde à vue juste après le drame en juillet 2019.

Il vient d’être condamné à 18 ans de réclusion criminelle par les jurés de la cour d’assises de l’Hérault. Une injonction de soins de 5 ans a, en outre, été prononcée à l’encontre de l’accusé, qui est resté stoïque à l’annonce du verdict, à Montpellier.
Il a désormais 10 jours pour faire appel de sa condamnation.
Le Parquet avait requis ce matin, 25 ans de réclusion criminelle. Mais les jurés se sont montrés moins sévères que l’avocate générale, cette dernière ayant qualifié ce double meurtre d‘”acte fou, déraisonnable”.
L’avocate générale a requis une peine exemplaire à la hauteur de la tragédie qui a eu lieu aux Rives, au nord de Lodève, le 16 juillet 2019. 25 ans de réclusion criminelle.
Pour elle, la culpabilité de Charles-Olivier Adde, chef d’entreprise, ne fait pas débat. L’accusé est coupable d’actes horribles. Le double assassinat est son oeuvre tragique. “Il a tué volontairement sa femme et sa fillette de 20 mois. Sa responsabilité est entière”. Pour elle, cette tuerie, cet assassinat glaçant, tout était prémédité.
“La vraie question c’est comment ce chef d’entreprise parfaitement inséré, comment ce mari qui aime sa femme, ce père de trois enfants a pu en arriver à tirer trois balles dans la tête de sa femme, et quatre dans la tête de sa fille.”

Dans son réquisitoire, l’avocate générale, qui s’est davantage épanchée sur le contexte que sur l’assassinat en lui-même, a requis une injonction de soins durant

dix ans et demandé aux jurés d’envisager le retrait d’autorité parentale du père.
La magistrate a rappelé que l’hospitalisation d’Ombeline, “la princesse de la famille”, victime de dénutrition, avait été vécue comme une “effraction insupportable dans la sphère familiale”: “Cette inquisition est l’une des clefs pour comprendre le pourquoi du comment”.
Décidé par la mère, le choix d’isoler la famille dans le village des Rives, sur le plateau du Larzac, s’était ajouté à “une relation fusionnelle de madame Adde avec ses enfants”. “C’est un amour trop grand, trop démesuré”, au point que les parents “finissent par mal les aimer” a insisté Isabelle Delande.


“Mais peut-on aimer trop ?” a questionné l’avocate de la défense, Flavie Baumelou.
Mardi, des experts psychologue et psychiatrique ont dressé le portrait d’un homme de 43 ans qui a “manqué de tendresse” sans pour autant avoir eu une enfance malheureuse auprès d’une mère aimante et avec un père absent et alcoolique.
“Fasciné” par son épouse, l’accusé est, encore aujourd’hui, “totalement inféodé à elle”, a surtout insisté l’experte psychologue.

L’accusé lui assure: “elle ne m’a jamais imposé ses idées, mais elle avait rarement tort”.
Selon l’enquête, c’est elle qui avait proposé le projet de suicide collectif face au placement ordonné de la dernière de leur trois enfants. Finalement, il l’a tué avec le bébé de près de 20 mois en juillet 2019, mais a renoncé à assassiner leurs deux autres fils.
Dans ce dossier, l’analyse de la personnalité de l’accusé et celle de sa femme semblent indissociables. Dans leur maison du village des Rives sur le plateau du Larzac, l’épouse “tenait les rênes” de la vie familiale, assurait la scolarisation des deux fils aînés à domicile et s’occupait de la petite dernière, “dans une cellule très fermée au monde extérieur”, décrit la psychologue.
La décision par les services sociaux de placer la petite fille est venue percer cette bulle familiale et contrarier le schéma instauré par la mère, à l’origine d’un “pacte” de suicide collectif, selon l’enquête.
Au lendemain du double assassinat, dans son véhicule de retour de Bretagne avec ses deux fils qu’il avait prévu de supprimer, Charles-Olivier Adde finalement renonce à son macabre projet. L’experte psychologue analyse: “il est revenu à lui-même lorsque sa femme n’existait plus”.

Au fil des auditions, menées au pas de course, l’emprise de l’épouse sur l’accusé n’est “pas évidente” mais “il s’est laissé contaminé par elle”. “Il n’a jamais réfléchi au bien-fondé du suicide collectif”, ajoute l’experte psychologue qui précise ne pas avoir décelé, chez lui, de dysfonctionnement psychique.
Une “altération importante de son discernement” a en revanche été constatée par un expert en psychiatrie, lui aussi interrogé à l’audience.

Aux rares questions du président et de l’avocate générale, l’accusé répond sur un ton monocorde.
“Ça fait deux ans que je suis face au miroir, que j’essaie de comprendre ce qu’il s’est passé. J’aurai dû avoir la force de dire stop”, lâche-t-il se défendant pourtant d’avoir vécu sous l’influence de sa femme.
“Oui on aurait pu faire différemment, mais j’ai pas la réponse”, admet-il, le souffle court. Mais “on était arrivés à un point de non-retour”.

Très investi dans son emploi de chef de production, au point d’enchaîner des journées de 16 heures, Charles-Olivier Adde est “bien perçu” et “apprécié” par ses collègues. Une de ses anciennes patronnes le décrit comme “un homme bien”.
Dans son travail, comme dans son couple, il se surinvestit. “C’est ma manière de faire, passionnément” se justifie-t-il.
Lue par le président à voix haute, une lettre posthume, de 11 pages, écrite par l’épouse et retrouvée dans son ordinateur, raconte la “douleur”, “la confusion de nos esprits” et une “paranoïa devenue réalité” faisant référence au placement de sa fille.

Ce long récit est conclu par : “à un de ces jours dans l’autre monde”.

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