« On est là pour vous témoigner notre admiration la plus totale. Vous êtes un bel exemple de service public mais aussi et surtout humain. Sans vous, autant de personnes n’auraient pu être sauvées des flammes », annonce Olivier Capitanio (LR), président du département et du territoire Paris Est Marne & Bois.
Des paroles élogieuses à destination des éboueurs héroïques de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), pour lesquels l’Etablissement public territorial a souhaité rendre hommage ce mardi autour d’une réception à Joinville-le-Pont, en présence d’élus et des pompiers qui ont bataillé contre les flammes ce fameux matin du jeudi 17 février.
« Je ne crois pas que vous mesuriez l’importance et la bravoure exceptionnelle de votre acte, enchaîne le maire de Saint-Maur, Sylvain Berrios (LR). C’est un évènement marquant dans une vie. On est fier d’avoir des agents pareils sur notre territoire. » Des applaudissements retentissent. La première d’une série qui interviendra entre chaque prise de parole.
Les trois éboueurs présents — le 4e était absent pour raisons personnelles — écoutent avec grande attention. « Vous êtes des héros. C’est très rare aujourd’hui de voir des gens qui sont capables de s’engager dans une situation aussi dangereuse sans se poser de questions », assure le capitaine Pierre avec émotion. Lui-même était là, face à cet immeuble en proie aux flammes, rue de Marinville, après l’explosion d’une batterie de trottinette.
Naoufel Attoumani, Florian Gallon, Anthony Géraldez et Christophe Hugot n’ont pas hésité une seconde. « On n’aurait jamais dû être là à 6h30 », explique Anthony Géraldez, le chef d’équipe des éboueurs. Habituellement, ils commencent leur tournée par une rue à l’exact opposé de la ville. « Je ne sais pas trop pourquoi mais ce matin-là j’ai décidé de modifier notre itinéraire au dernier moment », ajoute l’éboueur de 31 ans, en haussant les épaules.
Arrivés rue de Marinville avant l’aube, les éboueurs entendent une explosion. Très vite, des flammes apparaissent au premier étage de l’immeuble. « Je n’ai pas réfléchi, j’y suis allé directement », raconte Naoufel Attoumani. Le ripeur de 39 ans se précipite et tombe sur un homme partiellement brûlé avec un bébé dans les bras. « Je l’ai tout de suite récupéré et je me suis occupé de lui », rapporte le trentenaire tandis que ses collègues évacuent les parents du nourrisson et « quelques mamies ».
Une scène « impressionnante » dont les trois hommes se souviennent encore dans les moindres détails. Mais à leurs yeux, ce n’est rien d’extraordinaire. « On pensait juste à sortir les gens de là et à les mettre à l’abri », assure Anthony Géraldez. À la vue du feu grandissant, les éboueurs se mettent à crier « au secours ». C’est à ce moment-là qu’Anne, la voisine d’en face, se réveille et constate les dégâts.
« On a tout de suite ouvert notre hall d’immeuble pour accueillir les victimes en rassemblant quelques chaises et des couvertures », se souvient-elle, ce mardi, le regard vif. « C’était terrifiant. Ce qui est sûr, c’est que je ne suis pas près de les oublier ! », lance-t-elle en riant aux éboueurs.
« On ne se rend pas encore compte de ce qu’il s’est passé, ni de l’impact que ça a eu auprès des gens », confie Florian Gallon. Après l’arrivée des pompiers, l’équipe reprendra sa tournée. « On a pour habitude de rire et de discuter tous ensemble pendant le travail. Mais cette fois-ci, pas un mot. C’était le silence complet », se souvient l’éboueur de 32 ans.
Quand on le désigne comme « un héros », Naoufel Attoumani baisse la tête. Pour l’éboueur, il s’agit d’un geste comme un autre auquel il ne pense plus vraiment. « Je me dis qu’au moins, le bébé grandira avec ses parents », raconte le père de famille. Une chance qu’il n’a pas eue. « J’ai grandi sans mes parents. Alors c’est un moment qui m’a énormément touché », décrit-il en se souvenant des quelques instants passés avec le nourrisson.
La majorité des victimes de l’incendie sont sorties d’affaire à l’exception du couple et de leur bébé qui sont encore hospitalisés. « Le père a été plongé dans un coma artificiel à la suite de deux opérations puisqu’il est brûlé au troisième degré. La mère est aussi victime de graves brûlures et entamera bientôt deux semaines de rééducation. Quant au bébé, il doit subir une greffe au niveau de la main », rapporte le maire de Saint-Maur-des-Fossés. « Les services sociaux s’occupent de l’accompagnement des victimes et une demande de relogement a été activée », ajoute l’élu.
Les éboueurs héroïques, eux, sont repartis avec un « petit cadeau » qui leur permettra de profiter d’un séjour tout frais payé.
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