Ces dernières semaines, plusieurs événements ont rassemblé pêle-mêle thérapeuthes, naturopathes et complotistes en Occitanie. Pour l’association Info Sectes Midi-Pyrénées, le risque d’endoctrinement de personnes vulnérables est élevé lors de ces manifestations.
Au début du mois de septembre, le salon du bien-être et du bio a réuni une centaine d’exposants à Toulouse. Parmi eux, bon nombre de naturopathes et notamment Sylvie Beljanski. La fille d’un ancien chercheur de l’Institut Pasteur, condamné au début des années 2000 pour exercice illégal de la médecine, a donné une conférence au cours de laquelle elle a vanté les mérites du thé vert pour soigner le cancer du sein. 
Un festival “néo-chamanique” vient de se tenir à Cazilhac près de Montpellier (Hérault). Traditionnellement organisée dans le Gard, la manifestation existe depuis plusieurs années. Durant trois jours, les 16,17 et 18 septembre, les organisateurs promettaient aux initiés, moyennant l’achat de billets d’entrée, “des rencontres initiatiques et familiales dans un lieu conçu selon les champs énergétiques”.
Point commun entre ces manifestations : des appels appuyés pour un retour à la vie naturelle, exemptée de médecine contemporaine. Des discours qui peuvent aussi servir d’accroche aux mouvements d’emprise sectaire, comme l’a remarqué l’association Info Sectes Midi-Pyrénées. 
Les citoyens, les lecteurs, les auditeurs ne réalisent pas que tous les thèmes possibles du quotidien peuvent être utilisés comme une entrée dans un mouvement sectaire.

France 3 Occitanie : Vous avez vous-même participé au salon du bien-être et du bio qui s’est tenu à Toulouse début septembre. Pourquoi ? 
Simone Risch, présidente de l’association : Ce salon nous a interpellé. Comme d’autres événements du même genre, parce que nous avons remarqué qu’ils se sont démultipliés de manière incroyable. Nous avons été interpellés d’abord par rapport aux intervenants. Ensuite, on s’y est rendu parce qu’on a reçu des indications, des signalements de proches qui nous interpellent. On y est allé pour décrypter, analyser, écouter. On savait aussi qu’on pouvait y retrouver telle ou telle structure associative qui peut en profiter pour faire ce qu’on pourrait appeler de la propagande ou du prosélytisme. On y est allé pour éventuellement pouvoir repérer s’il pourrait y avoir des pratiques juridiquement condamnables comme l’exercice illégal de la médecine. 
France 3 Occitanie : Quelles sont les thématiques abordées lors de ces rencontres ? 
Simone Risch, présidente de l’association : En réalité, les thèmes sont très vastes. Ils sont souvent en lien avec le quotidien. Ça peut être l’écologie, le yoga, la méditation. Mais attention : ça ne veut pas dire que ces disciplines sont des mouvements sectaires. On sait que ça peut être des mouvements d’accroche. Les citoyens, les lecteurs, les auditeurs ne réalisent pas que tous les thèmes possibles du quotidien peuvent être utilisés comme une entrée dans un mouvement sectaire. Sans devenir paranoïaque, il faut rester vigilant.
Ces mouvements tentent d’attirer les personnes avec des thèmes qui leur sont affectivement parlants. Parce qu’il faut savoir que ce n’est jamais basé sur l’intellect, c’est toujours affectif.

France 3 Occitanie : Que sait-on des organisateurs et des participants à ces événements ? 
Simone Risch, présidente de l’association : On ne va pas tout mélanger. On peut bien sûr défendre la liberté d’expression. Mais on ne peut pas éviter de s’intéresser à ces événements et de remarquer qu’ils sont plus ou moins dans les mêmes réseaux. À partir des témoignages que nous avons pu recueillir, on peut voir qu’il y a toujours au départ une approche sympathique, voire amicale. Puis certaines personnes se mettent à distance de leur activité professionnelle. Elles prennent leurs distances avec leurs proches… Ce sont des critères, même s’ils ne sont pas les seuls, qui peuvent nous alerter. 
France 3 Occitanie : Comment peut-on repérer les mouvements d’emprise sectaire ? 
Simone Risch, présidente de l’association : Parfois, on ne s’aperçoit de rien. Ces mouvements tentent d’attirer les personnes avec des thèmes qui leur sont affectivement parlants. Parce qu’il faut savoir que ce n’est jamais basé sur l’intellect, c’est toujours affectif. Ensuite, progressivement, il y a des étapes qui fonctionnent comme une pyramide. D’abord, on attire cette personne, on tente de la séduire. Ensuite on la recrute, puis on la met en dépendance. Elle est donc sous emprise. En clair : attirer, séduire et motiver pour rester. Mais il y a une dizaine d’autres critères qui existent. 
France 3 Occitanie ; une fois que vous avez identifié une situation d’emprise, que faites-vous ? Alertez-vous les autorités compétentes ?
Simone Risch, présidente de l’association : Il faut bien retenir que nous ne sommes pas le ministère de l’Intérieur. On essaie de bien comprendre comment fonctionne la structure avant de dénoncer. C’est ce travail qui est important, pas tant de dénoncer. Il faut comprendre. Si on donne le nom d’une organisation déviante, les citoyens vont rester fixés sur ce nom. L’organisation peut ensuite changer de nom, il peut y avoir des filiales. C’est une toile d’araignée. Et si le groupe se referme, plus aucune information ne filtre et là, c’est dangereux pour les adeptes. Mais une fois qu’on a identifié des personnes malades, qui sont vulnérables au regard de la loi, on sait qu’on doit aller au-delà. Et là, on alerte.

source

Catégorisé: