Au classement des meilleurs buteurs du championnat suisse, il n’arrive qu’en 17e position. Loin derrière Jordan Siebatcheu, passé notamment par Reims et Rennes, intouchable avec ses 22 réalisations sous le maillot des Young Boys. On trouve aussi devant lui un ancien attaquant du SCO (Wilfried Kanga), un Brésilien parti cet hiver du côté de la Fiorentina (Arthur Cabral) ou encore un ex-espoir du FC Barcelone (Jérémy Guillemenot). Autrement dit, personne ne vous en voudra d’avoir découvert Wilfried Gnonto il y a seulement quelques jours.
Même en Italie, peu le connaissaient avant qu’il ne soit appelé par Roberto Mancini pour le rassemblement de juin des champions d’Europe. A 18 ans, celui qui a trouvé le chemin des filets à huit reprises cette saison avec le FC Zurich commence tout doucement à se faire un nom. Le mois dernier, le sélectionneur de la Nazionale a surpris son monde en retenant ce jeune attaquant né en 2003 parmi une liste de 39 joueurs.
Il ne s’est pas contenté de lui offrir une première convocation puisqu’il l’a ensuite lancé contre l’Allemagne (1-1 le 4 juin) pour ses grands débuts sur la scène internationale, avant de le titulariser pour la réception de la Hongrie (2-1 le 7 juin). A chaque fois, Gnonto a convaincu. Absolument pas intimidé, il a offert une passe décisive à Lorenzo Pellegrini face à la Mannschaft, et a eu droit aux encouragements de la presse italienne après sa belle prestation face aux coéquipiers de Dominik Szoboszlai.
“Avec lui, il semble toujours se passer quelque chose. Mais il ne faut pas trop lui en demander tout de suite. Il a commis quelques erreurs mais a simplement besoin de temps”, écrivait le lendemain la Gazzetta dello Sport. Il faut dire que son parcours a tout de la belle histoire. Tout pour plaire à un pays en quête d’un peu de bonheur pour digérer le traumatisme du 24 mars et la défaite devant la Macédoine du Nord (1-0) en barrages pour la Coupe du monde au Qatar. Pour tenter de tourner la page et entamer une reconstruction, Mancini a voulu appeler de nouvelles têtes.
La présence inattendue de Gnonto répond également à un autre problème : la pénurie de buteurs italiens. “Cela nous inquiète, oui. Dans le football pour gagner, il faut marquer. Il faut trouver des attaquants qui, malheureusement, n’existent pas en Italie”, rappelait récemment Mancini, qui ne peut que se réjouir des premiers pas réussis de Gnonto.
S’il a été formé à l’Inter Milan, le natif de Verbania, dans le Piémont, a la particularité de ne jamais avoir joué en Serie A. Barré par Sebastiano Esposito au moment de taper à la porte de l’équipe première, il a préféré faire ses valises et changer d’air plutôt qu’attendre un premier contrat en Italie. Direction donc Zurich à l’été 2020. “Il était chez lui à l’Inter, mais il aurait perdu du temps en restant là-bas. Aller en Suisse aurait aussi pu être une erreur mais il a fait un pas en avant”, expliquait son père Boris dans les colonnes du Corriere della Sera cette semaine. A Zurich, Gnonto a écrit une première ligne sur son palmarès en étant sacré champion de Suisse en mai dernier. Depuis tout va très vite : la sélection nationale, une exposition médiatique qu’il lui faut appréhender, sans doute quelques minutes en plus contre l’Angleterre (ce samedi à 20h45) et mardi en Allemagne, avant un transfert attendu cet été.
Selon la presse italienne, Sassuolo est déjà venu aux renseignements. Mais c’est en Bundesliga qu’il pourrait poursuivre sa progression. Fribourg et Hoffenheim seraient prêts à lâcher les 7-8 millions d’euros demandés par Zurich pour recruter cette pépite capable de couvrir à peu près tous les postes en attaque. Un droitier rapide au centre de gravité très bas (1m70), redoutable dribbleur et à l’aise pour répéter les efforts. Un joueur d’instinct “qui joue au football comme peu le font” selon Mancini. A condition de “ne pas mettre trop de pression” sur ce garçon jovial dont “le meilleur rôle est celui de deuxième attaquant”.
Fan de Raheem Sterling et de Lionel Messi, au point d’avoir attendu une heure après Italie-Argentine, le 1er juin, pour avoir un autographe de son idole, Gnonto a la chance d’être bien entouré. Ses parents, tous deux d’origine ivoirienne, cherchent à le protéger le plus possible. Ce sont encore eux qui l’accompagnent à l’entraînement. “Ce qui lui arrive ne va pas lui monter à la tête, assurait son père au Corriere della Sera. On pense lui avoir donné une bonne éducation. Et puis Wilfried est très studieux, je lui ai apporté des livres pour qu’il puisse réviser.”
Il vaut mieux puisque des examens d’italien et d’allemand l’attendent bientôt. Il sera ensuite temps de prendre des vacances. Et de penser à l’avenir. Qui, peut-être un jour, passera à nouveau par l’Inter à en croire son père : “C’est un fan de l’Inter et il rêve d’y retourner. Quand il est parti, il était vraiment désolé. Mais aujourd’hui son objectif c’est la Coupe du monde 2026. Il veut donc trouver une équipe où il pourra jouer.” Ça ne devrait pas être le plus compliqué.
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