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DUBAÏ: Pendant une grande partie de l’année dernière, le changement climatique a été au centre de l’agenda politique mondial alors que des événements météorologiques extrêmes, notamment des inondations, des tempêtes de poussière, des vagues de chaleur, des sécheresses et des tempêtes de neige, étaient signalés dans différentes régions du monde.
En même temps, les gouvernements se sont engagés à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à passer à des sources d’énergie plus propres et renouvelables, à prendre des mesures afin d’accroître la résilience et à faire avancer la cause de la justice environnementale. Mais ces engagements, sont-ils suffisamment audacieux ou insuffisantes et tardives?
Au cours de la période des fêtes, l’Office météorologique britannique a prévenu que l’année à venir serait probablement la plus chaude jamais enregistrée, ce qui indique que les mesures prises pour empêcher que les températures mondiales moyennes dépassent de 1,5°C les niveaux préindustriels sont loin d’être suffisantes.
En fait, les recherches de l’Office météorologique britannique indiquent que 2023 sera la dixième année consécutive où les températures mondiales dépasseront d’au moins 1°C les niveaux préindustriels.
Pour de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA), où les températures augmentent presque deux fois plus vite que dans le reste du monde, la menace que représente une année encore plus chaude ne peut être surestimée.
Les problèmes liés au climat continueront d’imposer un énorme fardeau financier aux pays arabes dans les prochaines années; certaines estimations indiquent que l’adaptation au changement climatique pourrait coûter aux pays en développement jusqu’à 340 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,95 euro) par an d’ici 2030.
Afin d’aider les pays en développement, en particulier ceux vulnérables au changement climatique, il a été décidé, lors de la conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP27, qui s’est tenue en novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte, de créer un fonds pour «pertes et dommages».
Ce fonds vise à encourager les pays riches et industrialisés à indemniser les pays en développement à faibles émissions lorsqu’ils sont victimes de catastrophes liées au climat.
S’adressant aux délégués de la COP27, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU, a lancé un appel pour qu’ils soient plus ambitieux dans leurs objectifs de réduction des émissions, conformément à l’objectif de 1,5°C convenu à Paris en 2015.
«Notre planète est toujours aux urgences», a prévenu Antonio Guterres, soulignant la nécessité «d’investir massivement dans les énergies renouvelables et de mettre fin à notre dépendance aux combustibles fossiles». Un grand nombre de pays n’ayant pas atteint leurs objectifs, «le monde a encore besoin d’un bond de géant en matière d’ambition climatique», a-t-il ajouté.
Selon les climatologues, les événements météorologiques des douze derniers mois, notamment les températures record au Royaume-Uni, les incendies de forêt en Europe et en Australie, les inondations au Pakistan, les tempêtes de poussière au Moyen-Orient et la «bombe cyclonique» en Amérique du Nord, ont prouvé qu’une action climatique beaucoup plus concertée est nécessaire.
Zoltan Rendes, ambassadeur du Pacte européen pour le climat et directeur du marketing chez SunMoney Solar Group, affirme que l’impact de la hausse des températures devrait être «amplifié» en 2023, en particulier dans les pays les plus chauds du Moyen-Orient et de la Méditerranée orientale.
Selon une étude récente publiée par la Review of Geophysics, les températures moyennes dans des pays comme l’Égypte, la Grèce et l’Arabie saoudite devraient augmenter d’environ 5°C d’ici la fin du siècle. L’adaptation au climat, entre autres mesures, est donc essentielle pour ces pays.
«Les températures pourraient atteindre des niveaux dangereux dans lesquels il serait presque impossible pour les gens de travailler», a déclaré Rendes à Arab News. «Cela entraînerait une baisse de la productivité et le potentiel de crises humanitaires dues aux maladies liées à la chaleur.»
Selon lui, les stratégies d’adaptation, telles que l’augmentation des dépenses consacrées aux sources d’énergie renouvelables et aux infrastructures de refroidissement, doivent être mises en œuvre immédiatement.
L’utilisation de techniques d’agriculture intelligente face au climat, telles que la diversification des cultures, l’optimisation de l’énergie grâce à des réseaux électriques intelligents et des mesures de conservation de l’eau, sera également cruciale pour le développement de la région dans les prochaines décennies.
«Cette augmentation de la température peut aboutir à une variété de phénomènes météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes de sable, les fortes pluies et les inondations, la sécheresse et les vagues de chaleur, etc. Ces conditions peuvent exercer une pression énorme sur les infrastructures et les ressources vitales essentielles au maintien de la vie dans la région», a expliqué Rendes à Arab News.
Si les tempêtes de poussière ne sont pas rares au Moyen-Orient, l’augmentation de la vitesse des vents due à la hausse des températures pourrait rendre ces tempêtes plus fréquentes et plus intenses.
De même, les zones sujettes aux inondations lors de fortes pluies pourraient connaître un risque accru en raison d’une augmentation potentielle des précipitations, a signalé Rendes.
Pour aggraver le problème, selon le Dr John A. Burt, professeur associé de biologie et responsable des études environnementales à l’université de New York à Abou Dhabi, la hausse des températures entraînera une augmentation de l’évaporation dans la région du Moyen-Orient, où l’eau est rare, ce qui aura un impact négatif sur les écosystèmes et l’agriculture.
«Comme nos mers sont un puits important d’énergie thermique, nous pouvons également nous attendre à une influence sur les vagues de chaleur marines et aux effets qui en découlent sur les écosystèmes sensibles tels que les récifs coralliens», a-t-il indiqué à Arab News.
«Si l’on se réfère au mois d’août 2017, des vents faibles pendant une période de quelques semaines seulement ont entraîné une vague de chaleur marine qui a détruit près des trois quarts de toutes les zones de récifs coralliens dans le golfe.»
Cela est en partie dû à l’environnement déjà hostile de la plupart des pays du Moyen-Orient. Des changements, même modestes, de la température et de la vitesse du vent peuvent avoir un impact considérable sur les écosystèmes et la santé humaine.
«Si le changement climatique représente une tendance à long terme, la variabilité climatique – où nous pouvons connaître des extrêmes beaucoup plus forts – peut avoir des impacts plus aigus et à court terme», a révélé Burt à Arab News.
Il est également important de considérer que les températures mondiales sont également influencées par les événements El Nino et La Nina, qui provoquent des périodes plus chaudes ou plus froides, respectivement, en fonction des changements de la température des océans.
«Ces phénomènes font référence à des flux éoliens à grande échelle qui se produisent dans le sud de l’océan Pacifique et qui ont la capacité d’affecter les conditions météorologiques à l’échelle mondiale, car notre atmosphère et nos mers constituent un système interconnecté vaste et complexe», a-t-il ajouté.
Au cours des trois dernières années, La Nina a entraîné un refroidissement de la température moyenne mondiale, un effet qui devrait prendre fin en 2023 et entraîner un réchauffement des conditions météorologiques.
«Il est important de reconnaître les impacts potentiels de ces événements climatiques car ils peuvent entraîner des coûts humains et économiques importants», a déclaré Rendes à Arab News.
Par exemple, une augmentation des précipitations pendant El Nino pourrait entraîner des risques d’inondation pour certains pays, tandis qu’une diminution des précipitations pendant La Nina pourrait entraîner des pénuries d’eau.
Rendes a prévenu que les régions du Moyen-Orient souffrant de sécheresse risquent de connaître une diminution des précipitations, ce qui entraînera une grave pénurie d’eau.
Par conséquent, les vagues de chaleur pourraient devenir beaucoup plus fréquentes et potentiellement plus durables, car les températures dans la région atteignent des sommets sans précédent.
Selon Rendes, cela pourrait poser un risque accru de maladies liées à la chaleur, telles que la déshydratation, l’insolation et l’épuisement par la chaleur.
«Il est essentiel que les gouvernements travaillent ensemble pour mettre en œuvre des politiques qui portent à la fois sur les efforts d’atténuation du changement climatique et sur les stratégies d’adaptation», a-t-il déclaré à Arab News.
Le rapport 2022 sur les écarts d’émissions, récemment publié par le programme des Nations unies pour l’environnement, partage les mêmes conclusions.
Il montre que le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris de 2015. Au lieu de cela, les températures mondiales devraient atteindre 2,8°C d’ici la fin du siècle, tandis que les températures en 2023 sont en passe d’atteindre entre 1,08°C et 1,32°C au-dessus de la moyenne préindustrielle.
Le rapport indique également que le monde doit réduire ses émissions de 45% afin d’éviter une catastrophe mondiale et qu’une action multilatérale est nécessaire pour faire face à la crise.
Plusieurs pays arabes prennent des mesures dans le but d’atténuer le changement climatique. Par exemple, l’Arabie saoudite a annoncé son intention d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Le Royaume investit dans les sources d’énergie renouvelables comme le solaire et l’éolien de manière à atteindre cet objectif.
Le gouvernement saoudien prévoit également de réduire sa dépendance à l’égard des combustibles fossiles et d’établir une plate-forme d’échange de compensations et de crédits carbone pour la région MENA.
«D’ici 2023, l’Arabie saoudite vise à achever 840 MW de projets solaires photovoltaïques et est actuellement en train de construire 13 autres projets d’énergie renouvelable d’une capacité totale de  11 GW», a dévoilé Rendes à Arab News.
Le Royaume a annoncé que l’un des plus importants centres de capture et de stockage du carbone au monde, situé sur la côte est de Jubail, sera opérationnel d’ici 2027.
Simultanément, des projets ambitieux tels que les initiatives vertes saoudiennes et du Moyen-Orient, lancées en 2021 par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, visent à stimuler la réduction des émissions, le captage du carbone et la transition vers l’énergie verte dans toute la région.
De même, les Émirats arabes unis prennent des mesures pour réduire les émissions liées à la production d’électricité et aux transports afin d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
«Le gouvernement et les dirigeants des Émirats arabes unis ont investi sans réserve dans des projets d’énergie solaire, ce qui leur a permis de devenir le premier pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à suivre une voie nationale vers l’objectif de zéro émission de carbone», a signalé Rendes à Arab News.
Il prévient que, comme pour toute entreprise importante, la coopération entre les gouvernements de la région arabe est une condition préalable à tout progrès significatif.
«Il faut agir maintenant – faisons en sorte que 2023 ne soit pas trop tard», a déclaré Rendes à Arab News. «Ne vous méprenez pas, la planète survivra. Mais faisons en sorte que nous survivions aussi avec elle.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
https://arab.news/z2m2e
TUNIS: Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie a averti mercredi que l’année 2023 serait “compliquée”, dans un contexte de faible croissance et forte inflation, sans un accord rapide avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un prêt.
“Il faut arriver le plus vite possible à un accord avec le FMI pour mobiliser les financements extérieurs mis au budget”, a indiqué Marouane El Abassi lors d’une conférence de presse.
“2023 va être une année compliquée si on n’a pas d’accord avec le Fonds”, a-t-il ajouté.
La Tunisie, endettée à plus de 80% de son PIB, a obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt de près de 2 milliards de dollars, qui devrait lui ouvrir d’autres aides.
Alors qu’elle se relevait à peine de la pandémie de Covid-19, la Tunisie a subi un nouveau choc avec la guerre en Ukraine, qui a fait flamber les prix des céréales et du pétrole qu’elle importe massivement.
Interrogé par l’AFP, M. Abassi a donné plusieurs raisons au report du feu vert définitif du Fonds, attendu initialement le 19 décembre. Il a mentionné la loi de finances tunisienne qui “n’était pas prête”.
“Maintenant, elle a été faite. Et il y a aussi la loi sur les taux excessifs”, a-t-il expliqué, pour réglementer les établissements financiers quand ils pratiquent des taux d’usure.
Autre législation demandée par le FMI: une loi qui permette de restructurer les plus de 100 entreprises publiques tunisiennes, lourdement endettées. La loi a “fait l’objet d’une longue discussion et va passer devant le conseil des ministres”, a précisé M. Abassi.
“Une fois qu’elle sera passée, on sera capables d’aller devant le conseil d’administration du FMI”, a-t-il dit. “Le plus tôt sera le mieux”.
M. Abassi a par ailleurs défendu la récente décision de la Banque centrale de relever son taux directeur à 8% pour combattre l’inflation, même si elle devrait rester élevée en 2023 à 11% selon lui.
Admettant que cette décision va “freiner la croissance”, prévue à 2,1% cette année, il a souligné que la Banque centrale, qui entend aussi défendre la monnaie nationale, n’a “pas beaucoup d’autres outils”.
M. Abassi a enfin dit s’attendre à voir le prix de certains produits “augmenter de manière importante sur trois/quatre ans” avec “la levée progressive des subventions sur les produits de base, notamment énergétiques”.
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BEYROUTH: Deux roquettes ont été tirées mercredi contre une base de la coalition internationale antidjihadiste dirigée par les Etats-Unis dans l’est de la Syrie, sans faire de victime, a indiqué le commandement américain.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre, a imputé l’attaque à des groupes armés pro-iraniens.
L’Iran, ennemi juré des Etats-Unis, et des factions pro-iraniennes soutiennent militairement le régime syrien de Bachar al-Assad dans le conflit déclenché en 2011.
Les tirs de mercredi sont intervenus au lendemain de la commémoration du 3e anniversaire de la mort du général Qassem Soleimani, le chef de la Force Qods au sein des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique.
Qassem Soleimani a été tué dans un raid américain à Bagdad le 3 janvier 2020. L’Iran a promis de venger sa mort.
“Deux roquettes ont visé le matin les forces de la coalition” sur une base installée dans le champ gazier de Conoco dans la région de Deir-Ezzor (est),a indiqué le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) dans un communiqué.
“L’attaque n’a fait ni victime ni dégât”, a ajouté la même source, sans préciser l’origine des tirs.
L’attaque n’a pas été revendiquée mais le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a accusé “des groupes pro-iraniens” en soulignant que les tirs avaient eu lieu au lendemain de la commémoration du 3e anniversaire de la mort de Soleimani.
Quelques centaines de soldats américains sont déployés dans le nord et l’est de la Syrie dans la cadre des opérations de la coalition internationale chargée de combattre le groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Des bases où sont installés des soldats de la coalition sont sporadiquement visées par des tirs de roquettes.
Le 26 novembre, deux roquettes ont ciblé les forces de la coalition sur la base de Chaddadé (nord-est), lors d’une attaque attribuée à l’EI par l’OSDH.
Le 17 novembre, une attaque à la roquette a visé une base de la coalition à al-Omar (est) et l’OSDH avait accusé “des milices pro-iraniennes”.
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TUNIS : Un ancien ministre tunisien de l’Environnement a été condamné à trois ans de prison pour son rôle dans une affaire d’importation illégale de déchets ménagers d’Italie, ont rapporté mercredi les médias locaux.
Mustapha Aroui avait été démis de ses fonctions et arrêté en décembre 2020 avec plusieurs responsables de son ministère dans le cadre d’une enquête sur cette affaire qui a fait scandale en Tunisie.
M. Aroui, ainsi que trois autres prévenus ont été condamnés à trois ans de prison par un tribunal de Tunis qui a rendu son verdict tard mardi, ont indiqué les médias.
Un ancien cadre du ministère s’est vu infliger une peine de dix ans de prison et un autre suspect, en fuite, a été condamné par contumace à quinze ans de prison, selon la même source.
Six autres ont été acquittés.
L’affaire remonte à juillet 2020 lorsque ces déchets ménagers, dont l’importation est interdite par la loi, avaient été acheminés en Tunisie dans 280 conteneurs par une société tunisienne qui avait faussement prétendu qu’il s’agissait de déchets plastiques destinés à être recyclés.
Expédiés de la région de Campanie dans le sud de l’Italie, 213 conteneurs avaient été stockés dans le port Sousse (est), et le reste (67) dans un entrepôt près de cette ville côtière.
La Tunisie a réexpédié en février 2022 en Italie les 213 conteneurs stockés à Sousse après un accord bilatéral.
Le renvoi du reste des conteneurs de déchets, endommagés par un incendie en décembre 2021, fait toujours l’objet de concertations.
Le gérant de la société importatrice, en fuite, avait signé avec une société italienne un contrat pour l’élimination de 120.000 tonnes, au prix de 48 euros par tonne -soit un total dépassant les 5 millions d’euros.
Cette affaire a provoqué des mouvements de protestations de la population et des ONG locales en Tunisie, qui avaient exprimé leur refus que leur pays soit la “poubelle” de l’Italie.
Elle a mis en lumière le commerce mondial des déchets, qui s’est développé en dépit de réglementations strictes visant à empêcher les pays riches de déverser leurs déchets dangereux dans les pays pauvres.

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