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Le Fonds d’investissement public (FIP), le fonds souverain de l’Arabie saoudite, qui gère plus de 600 milliards de dollars d’actifs, vient de contracter un emprunt de 17 milliards de dollars, auprès de 25 banques d’Amérique du nord, de l’Europe et du Moyen-Orient. Cette opération « reflète la poursuite de la stratégie pour diversifier ses sources de financement, aidant à conduire des investissements à fort impact en Arabie saoudite et à l’international », indique le communiqué.
Si une partie de la somme sera consacrée au remboursement anticipé d’un prêt de 11 milliards de dollars contracté en 2018, et qui venait à échéance en 2023, ce recours à l’endettement traduit la volonté de l’homme fort du régime, le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit MBS, de disposer des moyens financiers pour accélérer les projets ambitieux de son plan « Vision 2030 » visant à moderniser et diversifier une économie toujours étroitement dépendante des revenus générés par le pétrole et ses produits raffinés qui représentaient 74% des exportations en 2021, suivies de celles du plastique à 8,3%.
Alors que nombre d’économies développées et émergentes, dont la première d’entre elles, la Chine, subissent un ralentissement, le FIP va lui donner toute latitude pour mener ses réformes au pas de course dans un pays toujours caractérisé par un fort conservatisme. Ainsi, MBS a prévu d’investir 40 milliards de dollars chaque année dans l’économie locale.
En effet, le rôle du FIP est plutôt singulier pour un fonds souverain. Habituellement, comme le fonds norvégien, ce sont les ressources nationales qui servent à investir et maintenir la richesse du pays pour les générations futures, et non l’endettement. Mais le compte à rebours est enclenché pour le royaume, premier exportateur mondial de pétrole. La demande mondiale va structurellement baisser avec la transition énergétique, et Riyad a bien conscience qu’elle ne doit pas louper l’opportunité.
Néanmoins, le fait qu’une large partie des banques créditrices soit américaines montre que les financiers de Wall Street ont confiance dans le potentiel de développement du pays. Dans le document fourni aux investisseurs pour la levée de fonds, le FPI indiquait avoir un rendement annuel – plus qu’honorable – de 12%. En février, le fonds avait déjà été renforcé par le transfert de 4% du capital de la compagnie publique pétrolière Aramco, une part valorisée à l’époque à 80 milliards de dollars.
Le pays est en effet le grand gagnant de la crise énergétique. Au troisième trimestre, il a affiché un PIB en hausse de 8,6% sur un an, après 12,2 % au deuxième trimestre. Toutefois, si la valeur ajoutée du secteur pétrolier a bondi de 14,5%, grâce aux prix élevés du baril, le secteur non pétrolier n’a progressé que de 5,6%.
La dynamique économique du pays s’est redoublée du retour sur le devant de la scène internationale de MBS, qui avait été ostracisé pour avoir commandité l’assassinant du journaliste Jaresh Khashoggi, en particulier depuis l’accession à la présidence des Etats-Unis de Joe Biden. Même s’il a refusé depuis cet été d’accéder aux demandes de Joe Biden d’augmenter la production d’or noir, il n’est plus persona non grata aux Etats-Unis.
C’est que l’Arabie saoudite, membre du G20, entend tracer sa propre voie. Mais, même s’il s’est émancipé de la tutelle du système des pétrodollars avec l’Oncle Sam, les Etats-Unis représentaient en 2021 la deuxième part de ses importations avec 11%, derrière la Chine, avec 20%. A contrario, les Etats-Unis ne représentent que 4,3 % de ses exportations, essentiellement du brut et des produits pétroliers, et la Chine 9,6% Autrement dit, elle a une balance commerciale déficitaire avec ces deux pays.
Riyad joue d’ailleurs sur les deux tableaux pour pousser son avantage, ménageant pas ailleurs la Russie, l’autre pays fort du partenariat Opep+. Un sommet sino-arabe est d’ailleurs prévu dans les prochains jours, avec une visite qui reste à confirmer du président Xi Jinping. La Chine veut en effet jouer un rôle beaucoup plus important dans le golfe, une région qui leur fournit du pétrole mais aussi du gaz sous forme de GNL, dont la Chine est le premier consommateur mondial, et aussi une destination pour les investissements chinois.
Car la diversification des sources de revenus en créant d’autres activités passe aussi par la diversité des investisseurs. Le fonds indique avoir créé 66 nouvelles entreprises dans le royaume, et investit dans tous les secteurs : du tourisme à la défense et l’aéronautique en passant par l’immobilier, les utilities, la santé ou encore les énergies renouvelables. Dernier exemple annoncé cette semaine: la construction d’un aéroport international à Riyad qui espère accueillir 120 millions de passagers d’ici 2030, et 185 millions d’ici à 2050, ce qui en ferait probablement le hub international le plus fréquenté au monde.
Lors de la tenue de la COP 27, le pays a annoncé de nouveaux projets dans le cadre de sa Saudi Green Initiative, comme, par exemple, la plantation de 600 millions d’arbres d’ici à 2030, le développement de l’économie circulaire et des solutions de captation de carbone. L’Arabie saoudite s’est engagée à produire 50% de ses besoins en électricité à partir de sources renouvelables, notamment l’énergie solaire et l’hydrogène, d’ici 2030, ayant pour objectif d’atteindre zéro émission nette d’ici 2060.
L’international n’est pas en reste, le FPI a pris plusieurs participations importantes, par exemple dans Softbank, Uber, Blackstone ou encore le Fonds souverain russe, pour assurer de futurs revenus au royaume, avec l’objectif qu’ils ne dépendent pas du pétrole.

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