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En confrontant ses trésors à ceux du Musée médiéval de Cluny, le musée esquisse pour la première fois une histoire des retables français du XIIe au XVe siècle.
Chercher les premiers retables, ce n’est pas remonter aux origines de l’Église. En effet, la première surprise de l’exposition du Louvre, consacrée à la naissance et au développement en France de ces ornements d’autels – panneaux de pierre sculptés ou de bois peint -, est qu’ils n’apparaissent pas avant l’an 1000. « Le prêtre avait alors pris l’habitude de célébrer l’eucharistie devant l’autel, ce faisant il en occultait les décorations. Celles-ci réapparaissent donc derrière et en surplomb, explique le commissaire Pierre-Yves Le Pogam. Leur fonction est de magnifier le lieu central du culte. Ce sont toutes des images des scènes sacrées. »
Ainsi en est-il du retable de Carrières-sur-Seine, le plus ancien conservé en France, jadis installé dans la basilique Saint-Denis. Au centre, très découpé dans le calcaire, une Vierge en Majesté tient l’Enfant, à sa gauche, une Annonciation, et à sa droite, un Baptême du Christ. Ici, le nouvel art gothique perce sous le style roman. Les drapés sont déjà complexes, les mains fines, l’eau du baptême encore naïvement représentée. Surtout, on admire les puissants entrelacs latéraux, comme un souvenir de l’ancien monde celtique et, au-dessus, portée par des chapiteaux corinthiens formant baldaquins, une merveilleuse ville médiévale en miniature : la Jérusalem céleste.
Dès 1130, des anges se déploient dans ce type de structures, se jouant de la pesanteur de la pierre. Les mécènes, eux, se mettent à occuper les flancs. Les scènes bibliques se diversifient aussi. Adorations des Mages, nativité, fuite en Égypte? La couleur avait été tout de suite employée comme partout dans les églises. Elle subsiste à l’état de traces particulaires comme sur ce premier bois peint découvert à l’Ille-sur-Têt, dans une humble église des Pyrénées- Orientales. La Vierge centrale a disparu, volée en 1976, mais subsistent le témoignage de la piété profonde et les initiatives novatrices des artistes régionaux d’alors.
L’essor du genre est donc particulièrement remarquable au XIIIe siècle. Les maîtres jouent non plus seulement de la diversité des matériaux mais aussi des formes et des formats. Les retables portatifs, pour la dévotion privée, apparaissent et deviennent de plus en plus minuscules. En bois puis en ivoire ou en argent : tout un travail d’orfèvrerie fait désormais pendant aux grands polyptyques des cathédrales.
Le retable est aussi, de plus en plus souvent, un reliquaire. Comme celui de la Vraie-Croix de Floreffe (1254) portée par des anges et décorée de gargouilles. Ces retables tabernacles s’ouvrent, se déploient ou se replient, se surchargeant sur toutes leurs faces d’éléments décoratifs sophistiqués et raffinés. Quant au panneau central, appelé à l’italienne « pala », il gagne encore en solennité. Bien plus tard, isolé des autres éléments du dispositif, il s’imposera comme l’ancêtre du tableau.
En attendant, les grandes tendances stylistiques évoluent et sont parfaitement lisibles au Louvre par l’enrichissement de prêts du Musée de Cluny-Musée national du Moyen Âge. « Le XIVe siècle rompt avec le passé : plus de polychromie, peu de dorures, recours au marbre et à l’albâtre pour de très bas-reliefs et non plus pour des figures extrêmement découpées, résume Pierre-Yves Le Pogam. En outre, les parties du récit ne sont plus unifiées mais compartimentées dans des structures géométriques. Tout cela, cette sorte de choix de l’austérité, est le signe d’un doute de la possibilité pour l’art d’imiter parfaitement l’au-delà et même l’ici-bas. »

«Les premiers retables, XIIe-début du XVe siècle, une mise en scène du sacré», jusqu’au 6 juillet, aile Richelieu du Musée du Louvre tél. : 01 40 20 53 17. www.louvre.fr Catalogue Louvre-Officina Libraria, 280 p., 38 €.
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Le Louvre remonte
aux origines de l’art sacré

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