L'acteur Jean-Pierre Bacri est mort ce 18 janvier d'un cancer. L'annonce a été faite par son agence et via le fil de l'Agence France Presse. C'était un ancien élève du lycée Carnot à Cannes. Les Cannois se souviennent et parlent de lui comme d'un "bon copain, un beau ténébreux toujours ombrageux".
L’acteur, scénariste, réalisateur, Jean-Pierre Bacri est décédé ce lundi 18 janvier à l’âge de 69 ans. Un cancer l’a emporté.
Issu d’une famille juive d’Algérie, il est arrivé avec ses parents à Cannes en 1962. Son père est alors facteur quartier Rocheville. Il travaillait le week-end dans le cinéma de la ville et avait fait découvrir le 7e Art à son fils. Celui-ci suit ses études au lycée Carnot, il y entreprend des études de lettres et y croise Cyril de La Patellière. Bacri veut alors devenir professeur de français et de latin. 
David Lisnard a souligné en lui le “Cannois de coeur, celui de la jeunesse”: 
A 25 ans, Jean-Pierre Bacri monte à Paris et décide de travailler d’abord dans la publicité. Il pousse la porte d’un cours d’art dramatique, c’est d’abord l’écriture qui l’intéresse. En 1977, il écrit sa première pièce, Tout simplement, vite suivie de trois autres. Parallèlement, Jean-Pierre Bacri décroche de petits rôles à la télévision et sur les planches. 
Il était un grand habitué du Festival de Cannes aux côtés notamment de sa femme Agnès Jaoui comme ici en 2004. Sa complice et alter ego à l’écran et derrière la caméra, depuis des décennies. Ils recevront cette année-là le Prix du scénario au Festival de Cannes.
Ensemble ils ont signé des classiques comme : Cuisine et dépendances, Place publique en 2018, en passant par Le Goût des autres, Comme une image…
En 2006, il était aussi présent sur le tapis rouge de la Croisette, comme acteur dans le long métrage Comme Charlie. Un film réalisé par Nicole Garcia. 
“Je me souviens de lui au Milk bar en face du lycée Carnot à Cannes…” Ce commentaire de Manuela Rizzi sur Facebook fait écho à d’autres messages. “Il y venait avec sa longue cape noire !” Un autre d’ajouter, “et secouait le flipper !” Des anecdotes d’anciens élèves du lycée dans les années 70. Jean-Pierre Bacri a passé la période de mai 68 dans ce lycée.
« Je suis de tout cœur avec vous » avait-il écrit aux étudiants du BTS audiovisuel du Lycée Carnot de Cannes en 2004 lorsqu’on lui avait demandé d’être leur parrain de promotion,
se souvient Jérémy Crunchant, enseignant au lycée.
Ils sont nombreux à rapporter des souvenirs sur Jean-Pierre Bacri sur les réseaux sociaux :
Il avait un comportement étrange . Pas comme tout le monde. On le voyait arpenter la plage, pensif, peut être déprimé… Va savoir. Un artiste qui se cherchait en 1975 !!!!
Manuella Rizzi, une Cannoise sur Facebook 
 
 
Joëlle Arrini, aujourd’hui adjointe au maire de Cannes se souvient de ces années lycée “où il ne laissait pas indifférent ! C’était le beau ténébreux de Carnot !” Amusée, cette ancienne amie de l’acteur parle de lui avec beaucoup de respect :
C’était quelqu’un sur la réserve, il ne parlait pas de sa famille par exemple. Un homme bien, vous savez le bon copain, le grand frère hyper-sensible…
Joëlle Arrini
Jean-Pierre Bacri était plus âgé qu’elle, il faisait un peu tourner la tête des jeunes filles du lycée “on voulait toutes le connaître, c’était le littéraire qui ne laissait personne indifférent”. La bande de copains, dont faisait partie le pilote automobile Patrick Tambay, se retrouvait pour des parties de boules place de l’étang vers la pointe Croisette. Si le cinéma n’était pas encore son objectif, les lettres le passionnaient. 
Je me souviens un soir, nous étions à la grande pizzeria du vieux port… Il a commencé à écrire des poèmes sur un coin de nappe en papier ! Un sacré pince sans rire en plus.
Jean-Pierre Bacri a reçu cinq fois un César, quatre fois le trophée du meilleur scénario avec Agnès Jaoui, pour “Smoking/No Smoking”, “Un air de famille”, “On connaît la chanson” et “Le Goût des autres”, et une fois celui du meilleur acteur dans un second rôle pour “On connaît la chanson”.
Dans les rôles qu’il choisissait, ou ceux qu’il écrivait avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri pourfendait le sectarisme culturel, le conformisme, les chapelles, la servilité…
En 1978, il tourne sur la Côte d’Azur il joue dans le téléfilm “L’éblouissement” tiré du texte de Maurice Toesca, auteur ayant habité Breil-sur Roya dans les Alpes-Maritimes :
Quelques mois plus tard, toujours sur la Côte d’Azur. Jean-Pierre Bacri en interview et en tournage au Cap Martin, revoyez l’une de ses premières interviewes en télévision, sur FR3 !
Autre temps, autre style. Sortie en mars 1989, la comédie douce-amère de Jean-Marie Poiré, “Mes meilleurs copains” connut un flop sur le moment mais est devenue depuis une référence culte pour illustrer l’amitié. 
Extrait du film de Jean-Marie Poiré :
C’était avant qu’il ne soit catalogué comme l’acteur d’un seul rôle, celui de l’éternel bougon, lui qui détestait pourtant qu’on lui colle “cette étiquette”:
Je ne joue pas toujours des personnages râleurs !
s’était emporté l’acteur auprès de l’AFP en 2015. 
Dans une interview sur Europe 1 il y a 5 ans, Jean-Pierre Bacri s’amusait à raconter que lorsqu’il était encore au lycée, à Cannes donc, il avait rencontré un voyant. “Un jeune petit voyant… J’avais 17 ans…” 
Il m’a fait mon ascendant, mais bon comme je ne crois à rien… Il m’a alors dit : je connais la date de ta mort… Juin 2015 ! On ne peut pas s’empêcher d’y penser !
On ne peut s’empêcher d’y penser aussi ce jour. 

 

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