La construction de logements sociaux est un vrai défi pour les municipalités. Menacées par de lourdes amendes, beaucoup de villes des Yvelines doivent aussi faire face à la réticence des habitants. À cela s’ajoutent souvent un problème foncier, un prix du mètre carré trop élevé ou un manque de terrain disponible.
Dans ce contexte, le conseil départemental aide les communes qui le souhaitent à atteindre leur objectif en logements sociaux. Cette coopération particulière vient de donner naissance à une première opération immobilière de 90 logements au Pecq. Quinze villes sont encore en mal de logements sociaux dans les Yvelines.*
« Ah oui, c’est très bien. Même si mon studio donne sur la Nationale, je ne vais pas me plaindre », confie, sourire aux lèvres, un père de famille qui a emménagé depuis quinze jours dans la Résidence des Lys. Au Pecq, sa demande a été « jugée prioritaire » en raison de l’insalubrité de son précédent appartement.
« Il faisait à peu près la même superficie, 23 m2, sauf que je suis passé d’un loyer de 509 euros à 212 euros, souffle cet ancien habitant de Montesson qui louait dans le parc privé. C’est énorme en terme d’économies chaque mois. » À ce prix-là, « tant pis s’il n’y a pas de chambre séparée », le papa s’adaptera quand il recevra son ado de 14 ans.
Le nouvel immeuble n’est pas sorti de terre, il s’agit d’une réhabilitation de 120 logements étudiants. Car au Pecq, difficile de construire de nouveaux logements sociaux. Outre l’opposition d’une partie de la population, la ville cossue de 16 000 habitants doit aussi faire face au problème de foncier.
Étendue sur moins de 3 kilomètres, la commune affiche un prix d’achat de plus de 5 300 euros le m2. Autant dire que les biens se font rares, tout comme les terrains nus. « Je n’ai quasiment plus de foncier disponible, précise la maire (LR) Laurence Bernard. On a la particularité d’être très dense avec 6 000 habitants au kilomètre carré. En plus, toute une partie de la ville, en bord de Seine, est en PPRI (NDLR : plan de prévention des risques d’inondation). Il y a donc de réelles difficultés de construction au Pecq. »
Or, la municipalité devait s’acquitter jusque-là d’une amende de 55 000 euros par an en raison d’une carence en logement social. « J’ai très mal vécu cette décision », confie l’élue qui recensait alors près de 23 % de logements sociaux.
Pour atteindre l’objectif des 25 %, un projet immobilier devait voir le jour sur l’ancien bâtiment EDF mais il a été abandonné face à l’opposition de la population. La maire s’est donc tournée vers le conseil départemental pour bénéficier d’un accompagnement financier dans le cadre du plan prévention carence, lancé en 2018.
L’instance départementale a ainsi racheté l’ensemble immobilier avec Les Résidences Yvelines Essonne. Le bailleur social a ensuite rénové le bâti existant pour y créer des logements sociaux, permettant ainsi à la ville du Pecq de remplir ses obligations de construction vis-à-vis de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU). Coût total de l’opération : près de 13 millions d’euros (10 millions pour l’achat et 3 millions pour les travaux), soit 13 000 euros par logement.
« Il faut savoir que la loi est une épée de Damoclès terrible pour les communes des Yvelines, lâche Pierre Bédier, président (LR) du conseil départemental. Les amendes peuvent être très lourdes, sans oublier le risque de perdre le droit des sols, avec la menace de reprise en main du logement par l’État, et l’immense difficulté à suivre le plan triennal pour les maires. On a donc décidé de déployer des moyens financiers conséquents et toute une ingénierie autour de cela. »
Depuis l’adoption du plan prévention carence, 39 communes ont adopté un protocole de partenariat avec le conseil départemental. Ce dispositif est composé également d’un second volet, le bail réel solidaire porté par l’office foncier solidaire.
* Selon la préfecture, 15 communes sont carencées au titre de la triennale 2020-2022 : Le Vésinet, Noisy-le-Roi, Marly-le-Roi, Triel-sur-Seine, Vaux-sur-Seine, Villennes-sur-Seine, Maisons-Laffitte, Versailles, L’Etang-la-Ville, Saint-Arnoult-en-Yvelines, Chatou, Le Chesnay-Rocquencourt, Neauphle-le-Château, Chevreuse, Mareil-Marly. La commune de Flins-sur-Seine est sortie en 2021 de la liste pour des raisons de seuil démographique.
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