Avec l’appui du Comité départemental de spéléologie, le Parc mène des actions de préservation du paysage karstique sud-aveyronnais.
Omniprésent sur le territoire du PNR des Grands Causses, le karst favorise depuis des millions d’années le développement d’innombrables fissures, dolines, avens et autres cavités souterraines formées par la simple circulation des eaux. En plus d’avoir façonné des paysages d’une beauté incroyable, cette particularité peut aujourd’hui être considérée comme un trésor, notamment en matière d’alimentation en eau potable et de débit des rivières en période estivale. Ceci étant, il y a un “mais” : sa grande vulnérabilité aux produits polluants…
Fragile à la pollution
En effet, dans le karst, l’eau de pluie ruisselle et pénètre facilement la roche calcaire, le plus souvent sans filtration. La moindre pollution parvient à se propager très rapidement. Elle peut alors s’étendre sur de grandes distances, ou se stocker plusieurs jours, voire plusieurs mois dans des zones d’eaux stagnantes et s’évacuer du jour au lendemain, toujours polluée…
Des études depuis les années 90
Au regard de cette vulnérabilité criante, le PNR des Grands Causses a pris le pli. Ses équipes lancent régulièrement des études hydrogéologiques et des opérations de traçage des eaux souterraines des causses dont la préservation constitue un enjeu environnemental majeur pour les années à venir. Grâce au concours du Comité départemental de spéléologie (CDSA) et l’utilisation de la fluorescéine, le PNR suit à la trace la réapparition à l’air libre de ce colorant vert. Une méthode qui a fait ses preuves et qui permet de “mieux protéger les zones d’alimentation en eau potable”, explique le responsable du pôle “Eau et environnement” au PNR, Laurent Danneville. “Les premières opérations officielles remontent aux années 90, dit-il. On l’a fait pour le Durzon et l’Esperelle, mais aussi sur le causse Rouge et celui de Sauveterre. D’autres opérations sont prévues sur le causse Noir.”
Un enjeu de santé publique
Dépollution de l’Aven de l’Habit : un enjeu de santé publique Ce partenariat qui s’inscrit dans une démarche de développement durable vient même de franchir un nouveau palier. L’été dernier, 25 spéléologues ont participé avec le PNR à la première action de “dépollution” d’une cavité transformée en poubelle géante par des militaires locaux. Il s’agissait de celle de l’Habit, à la Roque-Sainte-Marguerite, où des déchets alimentaires se trouvaient depuis des années en contact direct avec l’eau ressortant à la source de l’Esperelle qui, cela dit en passant, alimente en eau potable la ville de Millau. “Ces ordures, essentiellement alimentaires, dataient des années 70. On y a également retrouvé des batteries, de la ferraille, et des vestiges d’obus”, se souvient le président du CDSA, Jean-Louis Rocher, qui en profite pour rappeler que le “gouffre est tout sauf un dépotoir”. “Les pratiques de ce genre sont aujourd’hui marginales, témoigne le spéléologue millavois, mais elles persistent, ici où là. Il faut que les gens n’oublient jamais qu’il y a toujours une source au bout”.
 REPÈRES
L’origine
L’origine du mot karst provient d’une région du nord-est de l’Adriatique (Slovénie) connue par l’importance et la diversité de ces formations calcaires. L’âge des formations calcaires des Grands Causses varie entre 150 et 205 millions d’années.
Le processus
Le karst constitue un relief particulier calcaire où l’on rencontre des phénomènes de surface (dolines, pertes, entrées de grottes, gouffres,…) et des phénomènes souterrains (grottes, galeries, rivières souterraines,…). Sa principale caractéristique hydrologique est l’absence ou la rareté des cours d’eaux superficiels. La plupart des écoulements visibles prennent leur source en dehors du domaine karstique et disparaissent dès qu’ils arrivent sur les affleurements calcaires dans des pertes (zones d’absorption des eaux de surface). Le lieu de sortie de ces eaux aux points bas des massifs karstiques est appelé émergence. Selon les cas, on parle de résurgences qui correspondent à des pertes concentrées bien localisées ou d’exurgences, correspondant à des infiltrations diffuses à la surface du karst. Les circulations hydrauliques y sont complexes.
Les deux bijoux
Le milieu karstique sud-aveyronnais est un régal pour les amateurs de cavités, draperies, gouffres et autres cascades pétrifiées. Les sorties possibles ne manquent pas. Parmi les plus belles à faire, on peut citer l’Aven Noir – dont l’entrée se situe à Cantobre (commune de Nant) – et l’Aven des Perles, à Mélagues. Ces deux sites remarquables sont classés. Les visites sont possibles mais limitées.

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