En 2018, le littoral basque comptait 31 406 résidences secondaires, auxquelles s’ajoutent 2 805 pied-à-terre de vacances, à l’intérieur des terres. Tandis que les ménages peinent à s’y loger en raison d’une pénurie de biens et de coûts exorbitants, un amendement au projet de loi de finances s’invite dans le paysage.
Il a été publié le 5 octobre par le député de Haute-Savoie Xavier Roseren, puis validé le 19 octobre par l’Assemblée, à coup de 49.3. Il vise à étendre, dès 2023, les possibilités de surtaxe dans les communes pénalisées par un fort taux de résidences secondaires et un coût de l’immobilier excessif. Est-ce que cela changera la donne au Pays basque et en Béarn ? Pas forcément. Ou peu. Explications.
Pour surtaxer les résidences secondaires et favoriser…
Il a été publié le 5 octobre par le député de Haute-Savoie Xavier Roseren, puis validé le 19 octobre par l’Assemblée, à coup de 49.3. Il vise à étendre, dès 2023, les possibilités de surtaxe dans les communes pénalisées par un fort taux de résidences secondaires et un coût de l’immobilier excessif. Est-ce que cela changera la donne au Pays basque et en Béarn ? Pas forcément. Ou peu. Explications.
Pour surtaxer les résidences secondaires et favoriser la résidence permanente, il fallait jusqu’alors faire partie d’une zone d’urbanisation continue de plus de 50 000 habitants, où un déséquilibre marqué entre l’offre immobilière et la demande existe… Ce qui est le cas de 24 des 158 communes (1) situées sur le littoral et le rétro littoral basque, où vivent 70 % des habitants de l’Agglomération Pays basque.
« À terme, et selon l’évolution de la situation, de nouvelles communes pourraient entrer dans ce périmètre, signale le président de l’Agglomération Jean-René Etchegaray. C’est du ressort du préfet. » Où l’on notera, par exemple, l’absence (provisoire ?) de Saint-Pée-sur-Nivelle, Souraïde et Espelette dans la liste, malgré une connexion avec le littoral de plus en plus marquée (2).
L’objectif de Xavier Roseren ? Affranchir ladite surtaxe de la zone d’urbanisation tendue, sous certaines conditions. Son amendement prévoit qu’une commune classée station de tourisme, dont les prix de l’immobilier sont élevés et le taux de résidences secondaires important, peut prétendre à cette surtaxe.
Ce qui se comprend fort bien à l’aune du territoire où vit le député : la Haute-Savoie, avec ses villes chics et ses stations de ski prisées. Où Chamonix, par exemple, coche toutes les cases : station de tourisme, prix élevés (8 000 euros le mètre carré à l’achat), fort taux de résidences secondaires (70 %).
Chamonix entrerait ainsi parmi les villes « surtaxables », poursuivant le but fixé par Xavier Roseren : « Le maintien des populations montagnardes en zone rurale, mais aussi de la capacité de ces territoires à contribuer à un développement touristique durable. »
Ce qui est bon pour la Haute-Savoie l’est-il aussi pour les Pyrénées-Atlantiques, où une station comparable à Chamonix n’existe pas ? En Béarn et dans une moindre proportion au Pays basque, la montagne demeure certes le terrain de jeu des résidents secondaires (3). Mais cela se fait-il vraiment au détriment des locaux, qui seraient désireux de vivre à l’année en altitude ?
En vallée d’Ossau, le maire de Laruns, Robert Casadebaig, s’interroge : « C’est un vrai sujet de réflexion, qui touche beaucoup de communes touristiques, comme Laruns. Comment mettre sur un pied d’égalité, au niveau fiscal, ceux qui vivent toute l’année ici et ceux qui n’y sont que pendant une petite partie ? » L’élu béarnais semble toutefois opposé à une fiscalité trop gourmande sur les résidences secondaires : « Quand des gens achètent ici, ils contribuent à la richesse du territoire, ainsi qu’à l’accroissement touristique. »
En Aspe, où plusieurs villages connaissent de forts taux de résidences secondaires (63 % à Aydius, 70 % à Lescun), les élus se sont récemment saisis de cette question. « La démographie et le logement constituent des préoccupations prioritaires pour la vallée d’Aspe, qui ne représente que 8 % de la population de la Communauté de communes du Haut-Béarn, alors qu’elle porte 42 % du parc de résidences secondaires », écrivait le maire de Bedous, Henri Bellegarde, à la préfecture en 2021.
Pour les Aspois, jusqu’à présent, les efforts des communes pour développer une offre locative conventionnée ne suffisent pas « à satisfaire les demandes des ménages, qui s’amplifient, et notamment des jeunes qui ne trouvent pas de logements adaptés à leurs besoins ».
Reste que la montagne du 64 propose un foncier plus abordable qu’en Haute-Savoie. Où l’on notera que la commune de Cambo-les-Bains, pourtant pas perchée en haute altitude, répond finalement mieux aux critères édictés par le député de Haute-Savoie.
La cité thermale est en effet hors zone tendue, classée station de tourisme, flanquée de nombreuses résidences secondaires (22,4 %) et relativement peu accessible (3 700 euros le mètre carré). Reste à savoir où la loi mettra précisément le curseur, si elle est définitivement adoptée.
Au Pays basque toujours, un second exemple semble pertinent à première vue : celui de Larrau, en Haute Soule. Sauf que le prix au mètre carré est ici inférieur à 1 400 euros, très loin des vertiges biarrots (8 600 euros le mètre carré), luziens (7 500) ou guéthariars (11 000). « Ça reste beaucoup trop cher, estime le maire de Larrau, Jean-Dominique Iriart. Le salaire ici, c’ est 12 000 euros par an. Les petites gens ne peuvent plus se loger. Une ancienne ferme s est vendue à 375 000 euros. » Pour autant, aux yeux de l’édile souletin, l’initiative du député savoyard n’en reste pas moins, « un grain de sable alors qu’il en faudrait un plein camion ».
« Je ne pense pas que cet amendement puisse beaucoup concerner le Pays basque, relève Jean-René Etchegaray. Pour nous, il ne s’agit pas vraiment d’une révolution. Néanmoins, nous regarderons cela avec attention. »
(1) Les 24 communes concernées sont : Ahetze, Anglet, Arbonne, Arcangues, Ascain, Bassussarry, Bayonne, Biarritz, Bidart, Biriatou, Boucau, Ciboure, Guéthary, Hendaye, Jatxou, Lahonce, Larressore, Mouguerre, Saint-Jean-de-Luz, Saint-Pierre-d’Irube, Urcuit, Urrugne, Ustaritz, Villefranque.
(2) Saint-Pée-sur-Nivelle : 13 % de résidences secondaires. Souraïde : 17 % de résidences secondaires. Espelette : 5,5 % de résidences secondaires. Dans ces trois communes, le prix au mètre carré se situe autour de 4 000 euros, soit l’équivalent des prix boucalais.
(3) Parts des résidences secondaires dans les stations de montagne des Pyrénées-Atlantiques. Lanne-en-Barétous (Issarbe) : 36,6 %. Laruns (Artouste) : 59,6 %. Larrau (Iraty) : 62,1 %. Arette (La Pierre Saint-Martin) : 64 %. Urdos (Le Somport) : 69,2 %. Eaux-Bonnes (Gourette) : 95,1 %.

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