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Les dérives liées à l’habitat privé insalubre font l’objet du film «Les Promesses», en salles le 26 janvier. Isabelle Huppert y incarne une maire de Seine-Saint-Denis se battant pour sauver une cité délabrée.
Par Marine Richard
Mis à jour le
Publié le
De l’eau goutte du plafond de la cuisine, la cage d’escalier est littéralement inondée, des installations électriques non conformes, à l’image de ces câbles qui pendent, sautent aux yeux. Une fuite a pénétré des appartements du quartier des Bernardins, une véritable cité insalubre. Et pourtant, les locataires doivent payer 153€50 pour un parking envahi par l’eau ou plus de 50€ de charges pour un ascenseur en panne depuis 10 ans.
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Le film Les Promesses, projeté ce mardi en avant-première, en présence notamment de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, Anru, de l’Agence nationale de l’habitat, Anah, de France Urbaine et d’Emmanuelle Wargon, la ministre du logement, et en salle le 26 janvier, n’est pas un documentaire mais il montre cependant avec une extrême précision la problématique des marchands de sommeil, des propriétaires qui achètent à bas prix des biens insalubres et les louent, tout en ayant connaissance de l’état déplorable de ces logements.
L’histoire? Clémence Collombet, maire d’une ville de Seine-Saint-Denis (93), livre un combat acharné pour sauver le quartier des Bernardins, une cité insalubre dont profitent les marchands de sommeil. En effet, plus la cité se dégrade et moins cher les propriétaires vont acheter les appartements. Clémence, incarnée par l’actrice Isabelle Huppert, se bat pour obtenir 63 millions d’euros d’argent public permettant de rénover ces logements détériorés. Deux mondes parallèles s’affichent: celui des immeubles vétustes et celui du palais doré de Matignon où le sort réservé à la Cité des Bernardins doit être tranché.
«Nous avons rencontré des maires de plusieurs villes dont Grigny et Chanteloup-les-Vignes, qui nous ont expliqué comment fonctionnent les marchands de sommeil. On a voulu mettre au cœur de ce film le sujet du logement qui raconte des choses sur la banlieue», explique le réalisateur Thomas Kruithof. Cette thématique méconnue du cinéma est pourtant connectée au réel. «Le film met l’accent sur l’habitat privé en difficulté, or quand on parle de logements dégradés dans des cités, on pense souvent aux logements sociaux alors que les copropriétés privées sont les plus difficiles à réhabiliter. Cette réalité existe et on l’ignore souvent», applaudit Emmanuelle Wargon, la ministre du logement.
Le long-métrage a en partie été tourné à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis (93), dans la cité du Chêne Pointu, avec des figurants clichois. Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois, s’était demandé «si un film sur les copropriétés dégradées intéresserait quelqu’un», lorsque le scénariste Jean-Baptiste Delafon, également co-auteur de la série Baron Noir, lui avait expliqué sa démarche. Et pourtant, après avoir vu le film, il reconnaît qu’il a atteint son objectif.
«En France, le parc privé potentiellement indigne est estimé à 420 000 logements indignes ou dégradés. Près de 52 % de ces logements appartiennent à des propriétaires bailleurs privés», souligne l’étude d’impact de la loi Elan. L’activité de marchand de sommeil est difficile à quantifier statistiquement, d’après cette même étude. Aucune estimation chiffrée du phénomène ne peut être proposée.
Louer un habitat indigne est pourtant un délit comme le trafic de drogue. Le marchand de sommeil risque cinq ans de prison et 150.000 euros d’amende pour «hébergement incompatible avec la dignité humaine» ou trois ans de prison et 100.000 euros d’amende pour «perception indue de loyers», selon le code pénal (article 225-14). La loi logement prévoit la confiscation systématique des biens immobiliers des marchands de sommeil et de leurs indemnisations d’expropriation.
Les élus locaux se livrent à une lutte sans merci contre les marchands de sommeil et vont parfois même jusqu’à la procédure judiciaire mais «dans 50 % des cas, les plaintes ne sont pas instruites. Et dans les dossiers qui vont au bout, il faut compter trois ou quatre ans pour avoir une condamnation», déclarait Stéphane Peu, député PC de Seine-Saint-Denis, au Figaro en 2017. Un peu moins d’une centaine de condamnations sont prononcées chaque année.
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l'oeil13
Il y a quand même 48 % des logements indignes qui ne relèvent pas du privé, c’est cela l’économie mixte..