Ce lundi 5 décembre, le conseil municipal de Rennes a adopté la troisième phase de l’opération de rénovation et d’aménagement du centre ancien. Une centaine d’immeubles -environ 600 logements- devraient être rénovés sur la période 2023-2030 sur un périmètre élargi au secteur de la rue d’Antrain. Les objectifs ? La sauvegarde du patrimoine, la mise en sécurité des immeubles, la lutte contre le logement indigne… Et, nouveauté, un renforcement en faveur de l’amélioration énergétique.
Entamé en 2011, le programme de rénovation du centre ancien a déjà permis de réhabiliter 243 bâtiments sur un objectif total de 660, dont 300 très dégradés. 63 millions d’aides publiques ont été mobilisées, sur un montant total estimé à 110 millions d’euros. À l’origine de ce programme, un rapport sorti en 2008. Selon le document, 40 % des 1 600 immeubles du centre ancien étaient alors dégradés, avec des risques d’incendies et d’effondrements.
Si la capitale bretonne est, pour le moment, épargnée par les effondrements, le risque n’est pas nul. Trois jours après l’effondrement de deux immeubles, le 12 novembre, ayant fait un mort dans le centre historique de Lille, une trentaine de pompiers sont intervenus suite à des craintes concernant les fondations d’un immeuble du centre-ville de Rennes. Heureusement sans conséquences.
À Rennes, marqué au fer rouge par le grand incendie qui a ravagé le centre historique en 1720, ce sont surtout les flammes qui menacent. Comme en 2010, lorsque deux immeubles emblématiques de la place Saint-Michel ont été dévastés. Aujourd’hui, rassure Didier Le Bougeant, adjoint délégué au quartier centre, « tous les logements sont sécurisés et adossés au Service départemental d’incendie et de secours (Sdis, NDLR) ». Reste qu’avec leurs structures en bois -apparentes ou non-, les maisons à colombages, à haute valeur patrimoniale, sont les plus à risques. Et les plus coûteuses à rénover.
Souvent situées dans le périmètre classé du centre historique, les bâtiments doivent répondre à des normes drastiques pour leurs rénovations. Elles sont notamment soumises à l’aval de l’architecte des bâtiments de France (ABF). Une équation d’autant plus difficile à résoudre que la troisième phase de réhabilitation comporte un large volet de rénovation thermique. « Les experts techniques et les architectes du patrimoine n’ont pas toujours les mêmes lectures pour les réhabilitations », remarque Didier Le Bougeant.
Selon la maire, Nathalie Appéré, 71 % des immeubles dans le centre historique auraient des performances énergétiques E, F ou G. Un couperet pour ces logements qui vont, peu à peu, faute de rénovations thermiques, être interdits de location. La loi Climat, votée en 2021, empêchera en effet les propriétaires de louer des biens classés G en 2025. Ceux classés F seront interdits à la location en 2028. À compter du 1er janvier 2034, seuls les biens classés entre A et D pourront être mis en location. De quoi engendrer des surcoûts considérables pour les propriétaires, contraints de passer à la caisse sous peine d’expropriation. En 2020, une enquête publiée dans le Mensuel de Rennes estimait « entre 600 et 800 » le nombre de personnes expropriées, sur 71 adresses. Soit environ 40 % de situation de blocage.
Pour les inciter à rénover, l’Agence nationale d’amélioration de l’habitat (Anah) et Rennes métropole octroient cependant des subventions aux copropriétés : 30 % du prix des travaux hors taxe. Ces aides peuvent grimper jusqu’à 60 % du coût total pour les propriétaires bailleurs qui acceptent de louer en dessous des prix du marché. Et même jusqu’à 90 % pour les propriétaires occupants les plus modestes.
Reste que tous les propriétaires ne peuvent s’acquitter de sommes, parfois astronomiques, et sont contraints de vendre leur bien à la Société publique locale (SPL) Territoires, à des tarifs parfois dérisoires. De l’ordre de 800 euros du mètre carré, dans un secteur où les prix de l’immobilier ancien tournent plutôt autour de 4 500 euros.

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