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Source : JT 20h Semaine
L'ex-ouragan Danielle ne cesse de perturber le climat dans l'Hexagone. La dépression est responsable de la vague de chaleur qui s'abat sur le sud-ouest de la France ce lundi – avec des températures jusqu'à 39 degrés enregistrées – et provoque une remontée d'air tout droit venu du Sahara sur le sud de l'Hexagone. Des courants d'air qui transportent avec eux des particules de sable, un phénomène déjà observé à plusieurs reprises cette année, et qui colore le ciel d'une couleur ocre bien spécifique. 
Mais pour ce nouvel épisode, les quantités de poussière transportées devraient rester limitées par rapport aux précédents. Quelques grains de sable pourraient toutefois se déposer au sol dans la nuit de lundi à mardi en raison de l'arrivée d'averses orageuses, sans parvenir à teinter le ciel cependant.
Une bonne nouvelle, d'autant que ces nuages de sable peuvent s'avérer dangereux pour la santé. L’organisation météorologique mondiale (OMM) estime que ces poussières sont "une sérieuse menace pour la santé humaine". Transportées par les vents, elles peuvent occasionner des irritations et des problèmes respiratoires, particulièrement pour les personnes les plus fragiles. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d'ailleurs confirmé que "des études épidémiologiques ont mis en évidence un risque accru de mortalité cardiovasculaire due à des problèmes respiratoires, ainsi que d’asthme chez l’enfant". 
Une étude parue dans la revue Epidemiology relevait en 2008 que ces poussières peuvent contenir des particules néfastes pour la santé comme du nitrate, du sulfate, du phosphore, de l’ammonium, du fer, de l’aluminium, du carbone ou encore du sodium. Enfin, elles peuvent transporter des virus et des métaux lourds ou des pesticides dangereux. Des risques qui restent néanmoins à tempérer dans les pays européens pour qui, contrairement aux États du Moyen-Orient ou d'Afrique fréquemment impactés par les tempêtes de sable, enregistrent des concentrations de particules modérées.
Bien que potentiellement dangereux pour les humains, ces nuages de sable s'avèrent indispensables pour les forêts et les océans, notamment lorsqu'ils traversent l'océan Atlantique. Le scientifique Nick Middleton, auteur d'une étude pour le programme des Nations unies pour l'environnement sur l'impact des nuages de sable sur l'océan (2020) explique : "Les particules de poussière du désert sont constituées de minéraux, de nutriments et de matières organiques et inorganiques. La poussière joue un rôle dans toute une série de processus physiques, chimiques et biogéologiques de la Terre, et interagit avec les cycles de l'énergie, de l'azote, du carbone et de l'eau. Tous sont nécessaires aux fonctions du système terrestre." 
Une analyse confirmée, en avril 2021, par une étude de la Nasa qui affirme que les particules de sable en provenance du Sahara fournissent "des nutriments à l'océan ainsi qu'à la végétation en Amérique du Sud et dans les Caraïbes". Elles nourrissent donc la faune marine avant de venir déposer des minéraux, comme du fer et du phosphore – des engrais indispensables au développement des forêts tropicales – dans des écosystèmes capitaux pour la planète comme la forêt amazonienne.
La plus grande forêt tropicale du monde manque de fertilisants pour ses sols. Comme le pointe la Nasa, les feuilles tombées et en décomposition et la matière organique fournissent la majorité des nutriments pour les végétaux de cet espace et sont rapidement absorbés par les plantes et les arbres après avoir pénétré dans le sol. Mais certains nutriments, le phosphore particulièrement, sont emportés par les pluies dans les ruisseaux et les rivières, s'écoulant du bassin amazonien sans jamais avoir le temps de nourrir les sols. 
Les chercheurs à l'origine de l'étude ont ainsi déterminé qu'environ 22.000 tonnes de phosphore sont apportées chaque année par les nuages de sable du Sahara dans la forêt amazonienne, soit l'équivalent de ce qu'elle perd en un an en raison des pluies et des inondations. Concernant les océans, une étude publiée dans Nature en 2014 estimait que plus de 70% du fer disponible pour les "photosynthétiseurs" dans l'Atlantique provenait de la poussière du Sahara.
Toujours est-il que les nuages de sable peuvent également avoir des effets néfastes pour la planète, provoquant le développement d'algues toxiques. Ces poussières peuvent également transporter des microorganismes, capables de résister plusieurs jours dans l'atmosphère, qui peuvent infecter les récifs coralliens et contribuer au déclin de ces organismes. 
Le sable du Sahara, transformé en poussière et transporté par les forts courants d'air, est donc "un composant essentiel du système terrestre et a un effet sur le climat", détaille l'un des participants à l'étude, Hongbin Yu. Mais à l'inverse, "le changement climatique a un effet sur la poussière", précise-t-il. Si les nuages de sable en Afrique et au Moyen-Orient et ceux qui touchent l'Europe pourraient se multiplier dans les années à venir en raison de l'avancée des déserts et de la hausse des températures, ceux indispensables à la forêt amazonienne pourraient, eux, se raréfier, selon la Nasa.
En cause : le réchauffement des océans qui agit directement sur la vitesse du vent. "Les températures de surface de la mer ont un impact direct sur la vitesse du vent, de sorte que, quand l'Atlantique nord se réchauffe par rapport à l'Atlantique sud, les alizées qui soufflent la poussière d'est en ouest s'affaiblissent. En conséquence, les vents plus lents ramassent et transportent moins de poussière du Sahara", détaille l'organisme. 
Certains experts avancent ainsi que le phénomène pourrait se réduire d'au moins 30% au cours des 20 à 50 prochaines années. Une bonne nouvelle pour nos poumons, mais une mauvaise pour les forêts et les océans de la planète.
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