Forges-les-Eaux (76) ? « Paris-Normandie ! ». Lille (59) ? « J’ai repéré La Voix du Nord et Nord Éclair ». Lyon (69) ? « Le Progrès ». Philippe Garcia est incollable sur les titres de PQR (presse quotidienne régionale). Un fana d’info locale ? Pas exactement. Depuis un demi-siècle, l’enfant du sud voue une passion sans faille à Sheila. À chaque concert, le Cannois (06) « de la génération papier » contacte les médias du coin pour récupérer les articles écrits sur la venue de son idole. Ce vendredi 28 octobre, la « yé-yé girl » sera sur la scène de l’Hermione, à Saint-Brieuc, pour sa tournée des 60 ans. Et, forcément, à la rédac aussi, on a reçu le petit mail de Philippe.
Une « belle histoire d’amour », entamée en 1970. À la télé, le petit garçon, 6 ans à peine et haut comme trois pommes, tombe sur « Fernando ». Puis « Les Rois Mages » viennent enfoncer le clou. « Ça a été une grosse révélation ». À Noël, ses parents lui offrent le 45 tours. La machine est lancée, Sheila l’accompagnera tout au long de sa vie.
« Pourquoi elle et pas une autre ? », devance le quinqua. « Je ne saurais pas vous dire. C’est un vrai personnage. Toujours de bonne humeur, toujours très belle ». Au fil de l’échange, les « souvenirs de gosse » remontent. « Chaque chanson avait sa tenue, sa choré ». À l’époque, pas moyen de décoller Philippe du petit écran. Des fragments d’enfance dans lesquels il se replonge aujourd’hui grâce à une sacrée collection de vidéos. Des « souvenirs vivants », qu’il a patiemment collecté sur VHS, puis en DVD, avant de les numériser. « À 50 et quelques balais, c’est comme dans mon imaginaire, comme si ça avait été figé ».
Des souvenirs qu’il se fabrique aussi en live, au gré des spectacles donnés par la chanteuse. Paris, Lyon, Genève, Montpellier… Il a arrêté de compter. Pas toujours simple niveau logistique, tant sur le plan financier que professionnel. Mais quand on aime… Pour le retour sur scène de Sheila, il y a plusieurs années, le Cannois enquille onze soirs à l’Olympia sur les douze où elle est à l’affiche. Pour Philippe, chaque show est un « moment de ferveur et de communion entre fans », jamais répétitif. « Ça part toujours en karaoké géant, ça donne une sacrée pêche ».
Dans le public, souvent les mêmes têtes poivre et sel. Une même génération qui a grandi avec l’icône des yé-yé. « Sheila, c’est un peu un fil conducteur, confie le quinqua. Quand ça ne va pas, on met un titre. On emmerde les voisins [rires] mais ça met du baume au cœur, on se dit que ça ira mieux demain ». Cette passion a aussi permis à Philippe de rencontrer ceux qui sont encore aujourd’hui des amis proches.
Une ferveur communicative, auquel son entourage prend part de temps à autre. Le 23 novembre, la chanteuse sera à la Grande-Motte (34). L’occasion pour le Cannois, qui ne va jamais la voir seul, d’embarquer sa filleule. « Vingt-trois ans que je lui casse les pieds avec ça, forcément, elle est curieuse », se marre le parrain. Et puis de toute façon, « Sheila, c’est le partage ».
Pas toujours facile d’assumer des goûts musicaux parfois en décalage avec l’air du temps. « Il y a eu toute une époque où écouter Sheila, c’était gnangnan, c’était ringard. En 1982, je me souviens qu’elle chantait « Gloria » et qu’à côté, j’écoutais aussi ACDC, Trust ou Téléphone ». Sacré grand écart. Mais la fidélité est récompensée et, désormais, la chanteuse reconnaît son fan. « Ah c’est toi ! », lui lancera-t-elle alors qu’il attend une dédicace, planqué derrière la scène d’Âge Tendre, à Montpellier. « Alors là, mon palpitant… », se souvient Philippe, encore ému. « Pendant des années, on passait pour des neuneus. Et maintenant, on lui trouve du talent. Fantastique, au bout de soixante ans de carrière », ironise-t-il gentiment.
Ce vendredi 28 octobre, à 20 h 30, au Palais des congrès et des expositions (auditorium Hermione). Tarifs : mini, 45 € ; maxi, 60 €. Billetterie sur fnacspectacles.com/event/sheila-parc-des-expositions-brezillet-st-brieuc-15006730

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