Ce jeudi matin, à l'occasion de ses vœux à la presse depuis son installation dans le fauteuil de préfet de l'Hérault, Hugues Moutouh a fait le point sur nombre de dossiers. Comme à son habitude, c'est sans langue de bois. 
Comment s'est passée l'année 2022, la première année complète depuis que vous êtes préfet de l'Hérault ?
2022 a été une année très pleine. J'ai été nommé il y a dix-sept mois, je commence à avoir une vision assez précise du département. Je tiens à dire que je suis un préfet très épanoui. En même temps, je reconnais que c'est difficile de ne pas être épanoui dans l'Hérault. Je connaissais déjà le département, l'un de mes fils y est né. Donc j'en avais déjà une idée en étant nommé. Mon leitmotiv aujourd'hui est la crainte de ne pas faire suffisamment pendant le temps qui m'est imparti. En général, un préfet reste deux ou trois ans. Je n'ai aucune certitude mais je ne pense pas que le Président de la République envisage pour moi une nouvelle affectation. Il y a quand même une horloge. L'horloge électorale est de six ans : les élus ont six ans pour réaliser leurs engagements. Nous, c'est plus bref. Deux à trois ans donc. Je suis un homme pressé par le temps. Plus le temps passe, plus on se dit : "Mon Dieu, il y a tellement de choses à faire." L'avantage, c'est que l'on a un regard neuf et de l'impartialité en changeant ainsi régulièrement de poste. 
En 2023, quelles seront vos priorités ?
Une chose après l'autre. Le début d'année 2023 n'est pas très simple. On le voit déjà avec la crise énergétique. Le but est de faciliter la vie de nos concitoyens mais aussi des entreprises. Il y a des aides comme celles attribuées pour les TPE, à la suite de ce qu'il se passe dans les boulangeries, pour les aider à hauteur de 280 € par mégawatt. Le gouvernement nous a demandé de communiquer dessus. C'est la politique du "aller vers".
L'actualité nationale, ce sont aussi les retraites et les grèves annoncées. Peuvent-elles prendre de l'ampleur ?
Je n'ai pas de retour des renseignements territoriaux qui tendent à annoncer des troubles ou des violences particulières. Cela ne veut pas dire que cela ne se produira pas, il peut suffire d'une étincelle. Après, nous en sommes juste aux bases d'un projet qui va être discuté au Parlement. Y aura-t-il une forte mobilisation ? On ne sait pas, les gens ont quand même conscience de la situation. Sachez en tout cas, cela peut surprendre, qu'en tant qu'ancien professeur de libertés publiques, je considère que les manifestations font partie du jeu démocratique.
Localement, à son installation, le renfort des compagnies de CRS devait prendre fin en ce mois de janvier. Qu'en est-il ?
Ils sont présents en nombre et on avance. On a réussi à maintenir de façon pérenne les quatre sections de CRS à Montpellier. Après, il ne s'agit pas non plus de CDI, ce sont des forces mobiles qui changent toutes les trois semaines mais elles seront encore là quelques mois. Il s'agit de 80 hommes que l'on peut utiliser un peu partout dans le département. D'autant que la CRS de Béziers, elle, n'est pas maintenue, elle part. Mais il n'est pas impossible qu'il y ait de nouveaux redéploiements, notamment à venir des Antilles. Bien sûr, le maire de Béziers regrette ce départ, mais il comprend. Mais encore une fois, ceux qui restent peuvent être redéployés selon les besoins. Leur mission est de renforcer les zones commissariats et de lutter contre la délinquance de proximité. Je les ai déjà fait intervenir à Sète et Frontignan, pour des démantèlements de points de deal. Quand on a une compagnie de trente hommes sur une intervention, c'est différent et on peut faire un travail plus en profondeur que cinq ou six hommes dans un environnement qui peut être hostile. Et je ne m'interdis pas de les envoyer à Béziers ou ailleurs. 
Qu'en est-il des objectifs en termes de sécurité pour 2023 ?
Nous avions déjà une tendance à la baisse. Il sera difficile de confirmer la baisse. Pour différentes raisons. Notamment parce qu'on s'éloigne du confinement. Et même si la situation globale s'améliore, on travaille. Nous avons notamment une demande du ministère de l'Intérieur de sécuriser l'ensemble des lignes de tramway sur la métropole de Montpellier. J'ai demandé à ce que les policiers prennent le tram. Il n'y a pas forcément plus d'agressions mais les gens ne sont pas tranquilles. Surtout pour les femmes à certaines heures. Et ce sentiment d'insécurité est plus fort chez une femme seule dans le tram que chez un homme seul. Nous serons satisfaits le jour où une femme seule n'aura pas peur de se faire agresser dans le tram. 
Il est question d'une police des transports. Où en est-elle ?
La Métropole cherche à recruter une quarantaine de personnes. Cela peut être long. Toutes les municipalités de France sont en train de recruter des policiers municipaux. Montpellier a des avantages, c'est le Sud, c'est séduisant. Mais l'inconvénient, c'est que le prix de l'immobilier est cher. 
Qu'est-il de l'accueil des femmes quand elles vont déposer plainte ?
Il faut accueillir du mieux possible les personnes qui vont porter plainte. Il y a toute une pédagogie à avoir, notamment sur les violences infrafamiliales ou de rue. Les principales victimes sont des femmes. Nous allons également nous attaquer à l'une des causes : l'alcool. Montpellier est une ville avec beaucoup d'étudiants mais avec une consommation excessive d'alcool. Nous avons énormément d'affaires avec de l'alcoolisme, que ce soit l'agresseur ou la victime. Cela augmente considérablement les risques pour une jeune femme seule dans la rue à 3 h du matin, qu'il s'agisse de violence de rue ou de harcèlement. Il y a une prédation qui patrouille, qui n'attend que ça et profite de l'état de vulnérabilité. Nous sommes en train de faire un travail d'éducation avec le rectorat, auprès des associations, des étudiants, des lycéens… On retrouve l'alcool dans les violences intrafamiliales. Il faut une politique plus incisive. Et nous sommes sur le terrain aussi avec les mairies concernant les bars à chichas et épiceries de nuit qui sont des points de cristallisation de comportements déviants ou délinquants. Ce n'est pas le cas de tous mais il faut trouver un juste milieu. Quant à l'accueil des femmes, il a un accompagnement des professionnels en commissariat et en gendarmerie. La parole s'est libérée. Il y a +20 % de plaintes en 2022, dont 15 à 20 % pour des actes anciens, qui remontent à 2019 par exemple. C'est un objectif public prioritaire. 
Le commissariat de Béziers a désormais un chien, Ragnar, pour accompagner les victimes, notamment les enfants… Qu'en pensez-vous ? y en aura-t-il un à Montpellier ?
Je n'ai pas encore fait sa connaissance mais il faut que j'aille le voir. En tout cas, je soutiens totalement cette initiative ! Je crois aux rôles jouer par les animaux.
À Montpellier, il est largement question des transports. Soutenez-vous la politique de la Métropole ?
C'est un sujet très important. Nous avons proposé au président de la Métropole, et il l'a acceptée, une étude multimodale pour repenser tout le bassin de vie. Je vais arrêter la gouvernance d'une instance comme c'est le cas à Toulouse avec la Dreal. Quels déplacements ? Où ? Dans quelles conditions ? Il faut impliquer les agglomérations et communautés de communes. Notamment le Pays de l'Or, avec l'aéroport et le littoral. Ce n'est pas normal que les déplacements vers le littoral soit aussi compliqué. On doit aussi pouvoir accéder plus facilement à l'aéroport. Un tram ? Je ne sais pas. En tout cas, il faut un moyen de transport collectif. D'ailleurs l'Etat détient 60 % des parts de l'aéroport. Je veux une cession des parts de l'Etat vers la Métropole, qui n'en détient que 0,5 %. On peut envisager qu'elle en détienne 10 %. C'est l'aéroport de Montpellier. Il faut que la Métropole de Montpellier ait davantage son mot à dire.
Question déplacements, il est aussi question du Contournement ouest de Montpellier, le Com. Où en est-il ?
Le calendrier est respecté. On est avec ASF sur la demande d'autorisations environnementales pour 2023. En 2024, il y aura les acquisitions foncières et les fouilles préalables. Le premier coup de pioche sera donné en 2025 pour une mise en service en 2025. Tout se passe pour le mieux. Je n'ai pas d'inquiétudes quant au recours déposé. 
La mise en place de la ZFE à Montpellier ne fait pas l'unanimité. Quelle est votre ligne ?
Je suis la ligne de la loi. Je peux vous dire que jusqu'à cet été, il n'y aura pas de PV. Ensuite, on verra. Je ne suis pas militant écologiste mais il faut concilier l'objectif de verdir nos modèles, il faut se montrer responsables. Mais je suis aussi très sensible aux situations de précarité sociale. Le taux de pauvreté de l'Hérault est de 20 %. Il est de 60 % à La Paillade et très élevé dans les territoires ruraux, là où les véhicules ne sont pas modernes. Il faut concilier ce qui n'est pas conciliable. Il ne doit pas y avoir d'opposition entre la fin du monde et la fin du mois. Le comportement bioresponsable a un prix. Un véhicule électrique, c'est plus cher. Y aura-t-il des aides ? La situation de Montpellier n'est pas isolée au niveau national. C'est un vrai souci. Il ne faut pas de décrochage. L'écologie n'est pas qu'une affaire de gens riches. Je comprends le désarroi des artisans.
Où en est le département en termes de transition écologique ?
Nous avons une feuille de route. On doit pouvoir faire mieux sur l'énergie renouvelable, notamment l'éolien et le photovoltaïque. Il y a des obstacles de la part d'associations écologistes parce que les éoliennes constituent une atteinte à la biodiversité mais nous avons besoin de l'éolien. Il faut trouver un compromis, par exemple avec de l'éolien sur pied plutôt qu'au sol. Il faut aussi regarder du côté d'anciennes carrières ou de friches. Nous y réfléchissons avec la chambre d'agriculture.
Le projet de golf de Montagnac, dans le Biterrois, est controversé. Verra-t-il le jour ?
L'autorisation date de 2011. Une réactualisation du projet me semble souhaitable. C'est un problème d'eau. je comprends le souhait des élus de diversifier l'offre de loisir et de résoudre un manque de logements. Le problème c'est que l'équilibre du projet tient en la présence du golf, ce n'est pas simple. On a besoin de logements, mais pas à n'importe quel prix.
Qu'en est-il de l'arrêté d'interdiction de consommation des huîtres du bassin de Thau?
Ces huîtres, je les consomme avec beaucoup de plaisir. J'ai pris cet arrêté à contrecœur mais c'était une question de santé publique, après rapport de l'ARS et analyses qui ont montré une présence de norovirus. Il y a une donnée économique avec plusieurs millions de préjudices, avec plus de 300 conchyliculteurs. L'arrêté, c'est du 27 décembre au 27 janvier. Il y aura des analyses avant de redonner la possibilité de consommer des huîtres. J'ai vraiment pris cet arrêté à contrecœur mais il en est de la protection des consommateurs comme des conchyliculteurs. Le problème ne vient pas des huîtres mais de l'eau. Il faut en améliorer la qualité dans le bassin. J'ai demandé un rapport sur la STEP notamment en vue de travaux. C'est un bassin fermé. Le problème n'est pas l'huître mais elle était dans une eau infectée. On verra pour accompagner les conchyliculteurs. Nous allons regarder ce que l'on peut faire.
Un mot sur le village de transition à La Rauze à Montpellier ?
La situation est totalement pacifiée. L'État a investi 2 M€ sur deux ans. Je le redis : il était question de deux ans et ce sera le cas. tous les mois, des familles partent. Le village de transition est une réussite, nous nous sommes donné les moyens et je ne voulais pas que cette opération soit renvoyée à La Saint-Glinglin.
Quelle sera votre communication en 2023, notamment sur les réseaux sociaux ? Vous aviez fait un tweet que vous aviez dû retirer. Serez-vous moins incisif cette année ?
Ce tweet, je l'ai retiré. Je ne l'ai pas fait pour stigmatiser des populations et je n'ai aucun problème avec les étrangers. Ils contribuent à la vie de notre pays. Après, il y a des différences. Il se trouve que dans la Métropole, il y a une délinquance étrangère. Les premiers à en souffrir sont les étrangers. C'est une question de respect. Quand je dis qu'il y a trop de délits à Montpellier commis par des étrangers en situation de SDF, c'est un constat. Je regrette de choquer parfois les gens mais c'est important d'appeler un chat un chat. C'est un souci d'efficacité pour lutter contre la délinquance. La délinquance est cartographiée. On ferme administrativement des épiceries et des bars à chicha qui ne respectent pas la loi car la loi me permet de le faire. Le trafic de contrebande de cigarettes est essentiellement aux mains d'étrangers en situation irrégulière. Avec également du trafic de drogue dans le département, c'est vrai. Mais on s'attaque aussi aux clients. Il n'y aurait pas d'offre s'il n'y avait pas de clients.
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Un super Préfet qui dit ce qu'il fait et surtout qui fait ce qu'il dit.

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