Et si nous commencions par dépoussiérer les idées reçues sur l’île de Ré ? Très prisée l’été par les vacanciers, Ré la blanche ne serait-elle qu’un joyau exclusivement réservé aux plus aisés d’entre eux, le Saint-Tropez de l’Atlantique ? Inaccessible pour les classes moyennes et populaires tant les prix de certaines locations estivales donnent le tournis, diront certains. Trop bobo, trop rupine, trop fréquentée, diront les autres. Voilà qui sonne comme une mauvaise pub qui aurait surfé sur la vague amère du succès.
Et si vous mettiez vos pas dans les nôtres le temps de goûter au plaisir salé et iodé d’un territoire qui ne demande qu’à dévoiler son authenticité avec ses plaisirs simples pour toutes les bourses ?
Première chose, oubliez la voiture. Avec ses plus de 110 kilomètres de piste cyclable, Ré se visite à vélo sans fausse note sur une portée quasiment plate. Privilégiez l’arrivée en train à La Rochelle, puis le bus de…
Et si vous mettiez vos pas dans les nôtres le temps de goûter au plaisir salé et iodé d’un territoire qui ne demande qu’à dévoiler son authenticité avec ses plaisirs simples pour toutes les bourses ?
Première chose, oubliez la voiture. Avec ses plus de 110 kilomètres de piste cyclable, Ré se visite à vélo sans fausse note sur une portée quasiment plate. Privilégiez l’arrivée en train à La Rochelle, puis le bus de la ligne 3 qui vous attend sur le parvis (2,30 € le trajet). Dès le point culminant du pont atteint, Ré se dessine devant vous entre bleu et vert, l’Océan à vos pieds, les bois au ras des yeux où vous verrez poindre çà et là quelques clochers. Pour vos déplacements dans l’île, des navettes gratuites à énergie propre, le réseau RespiRé, desservent l’ensemble des spots du territoire.
Preuve qu’il existe des logements accessibles même en haute saison, nous avons déniché un lieu de villégiature pour petits budgets à Saint-Clément-des-Baleines, dans l’une des plus anciennes maisons du village, située au Chabot. Il faut savoir que Saint-Clément a la particularité de compter cinq hameaux : le Chabot, le Gillieux, la Tricherie, le Godinand et le Griveau. L’immersion en terre rétaise commence aussi par ces subtilités de territoire. Il faut descendre à l’arrêt de bus Salorges pour prendre la navette électrique gratuite desservant votre destination. Détail croustillant, la rue des Rentiers vous salue juste avant la rue de la Forge, où vous êtes attendu.
Et vous voilà accueilli par un jeune couple dans ce qui pourrait s’apparenter à une charmante auberge bien proprette. Là, deux choix s’offrent à vous, une jolie chambre chez l’habitant, Des étoiles dans les yeux, pour 45 euros la nuit en été ou une maisonnette craquante, L’annexe du jardin, et son entrée indépendante pour 75 euros la nuit en moyenne en saison estivale. De quoi tordre le cou aux préjugés pour ces deux Airbnb à prix très doux dans l’esprit du concept originel. L’air océanique vient vous chatouiller les narines dès les fenêtres ouvertes.
Tristan de Pelseneer, Manuela Hirt et leur fille de « 6 ans et demi », Merline, sont vos hôtes pour un séjour en liberté. « Nous n’imposons pas de jour d’arrivée ni de départ. En décalant, pas de bouchons pour entrer ou sortir de l’île », explique la maîtresse des lieux. Malin et souple surtout, comme la philosophie du lieu. Le charme opère, le temps de relever la « mignonnerie » des détails décoratifs, vous voilà comme chez vous. Ils ont pensé à tout pour que vous vous sentiez bien. Et de refaire le monde avec eux, de se lancer dans un bœuf avec les instruments de la salle de musique, de remonter au temps des anciens à travers les objets, meubles et décos de la vie rétaise de leur ressourcerie ou encore de laisser l’île vous appeler à la découverte de ses petits trésors. La vie et la maison des hôtes sont riches de multiples partages. Le bon plan : la mise à disposition gratuite de vélos durant votre séjour.
Dans le « Mag » du 18 juin, nous vous parlions de ces infatigables bénévoles lancés dans le sauvetage de l’écluse de la Moufette, à Saint-Clément-des-Baleines. Une écluse est un ouvrage séculaire et une sorte de digue faite de milliers de pierres qui servait à capturer les poissons à marée basse. Or ces écluses, qui subissent les assauts répétés de l’Océan, ont pour la plupart disparu ou sont en péril. Celle de la Moufette, longue de 875 mètres, est l’une des dernières encore débout, et des habitants de Ré sont déterminés à la préserver. Que diriez-vous d’aller les aider à colmater les brèches au pied du phare des Baleineaux ? Votre mission : ramasser les pierres éparpillées par un Poséidon chagrin et les replacer sur le muret.
Toujours aux alentours de Saint-Clément, il existe une autre façon de découvrir le littoral à moindres frais : le safari à marée basse ! Mené par un ornithologue passionné de nature, Hervé Roques – autrement appelé l’Indiana Jones de l’estran –, l’atelier vous emmène à la rencontre de la vie sauvage peuplant le sable et les recoins rocailleux quand la mer est retirée. « Ce n’est pas de la pêche à pied, mais de la découverte et de la sensibilisation. Nous farfouillons dans les flaques pour découvrir toutes les petites bêtes qui s’y cachent. Crabes, crevettes, oursins, étoiles et anémones de mer… », précise-t-il. Il s’agit d’expliquer leur mode de vie, les interactions entre prédateurs et proies, tout en replaçant les pierres pour préserver l’habitat de ce petit milieu marin. Une sortie ludique qui plaît à tous et où chacun est actif.
Pour les plus contemplatifs d’entre nous, il existe à quelques coups de pédale de là un endroit magique qui invite à la rêverie et qui est totalement gratuit. Au pas de Maisonneuve, à Ars-en-Ré, au bord d’une digue se découpant dans le bleu éclatant ou au soleil couchant, admirez la cabane de douanier datant du XIXe siècle au bord de l’eau. Un paysage qui semble comme immortalisé dans un tableau de maître.
Encore un peu plus loin, plus au centre de l’île, rendez-vous à l’écomusée du marais salant de Loix pour une visite de ce patrimoine historique en chanson ! Pour seulement 5,50 € l’entrée adulte, partez dans un voyage enchanté tout droit sorti d’un livre de Lewis Caroll. Traversez le miroir en posant vos pas dans ceux d’une Alice réincarnée en Clémentine Mallein. Ses mots chantent au rythme de drôles d’instruments qu’elle transporte dans sa brouette magique pour emmener les visiteurs le long du circuit de l’eau depuis l’Océan jusqu’aux carreaux des sauniers tirant le sel ou cueillant sa fleur.
Continuons la balade jusqu’à Saint-Martin-de-Ré. Pour 14 euros seulement par adulte et 8 euros pour les enfants, embarquez à bord du « Fantomas II » pour une promenade en mer hors des circuits touristiques habituels. Le capitaine Christophe Guerry, ancien marin-pêcheur local, vous emmène admirer les fortifications Vauban classées au Patrimoine mondial de l’Unesco avant de naviguer vers les Ilates, entre la Vendée et l’île de Ré.
Enfin, pour clore ce tour de l’île de Ré sans se ruiner, notre coup de cœur : boire un rafraîchissement à l’hôtel 4 étoiles La Baronnie, à Saint-Martin-de-Ré. Son bar, ouvert à la clientèle extérieure à partir de 16 h 30 et jusqu’à 23 heures, propose des thés Dammann à 5 euros et des cocktails à 14 euros. À quelques pas du port, ce sont plus de trois cents ans d’histoire qui vous attendent derrière les portes. Rénovée harmonieusement depuis 1996 et durant douze ans par les propriétaires, La Baronnie a été classée à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 2008.
Cette pause fraîcheur, c’est la garantie d’un moment suspendu qui vous invite déjà à y revenir. On raconte que Claudine Alexandrine Guérin de Tencin, baronne de Saint-Martin de l’isle de Ré (1682-1749), femme de lettres et salonnière française, y lisait des livres au salon. « Peut-être juste dans le fauteuil où vous vous êtes posé, qui sait ? », glisse malicieusement Florence Pallardy, la maîtresse des lieux, déclenchant par cette simple évocation l’imaginaire des cafés littéraires parisiens du siècle des Lumières. Le raffinement du XVIIIe s’offre à vos yeux sans pour autant verser dans l’ostentatoire, l’élégance discrète du joyau se suffisant à elle-même.
En été, le bar s’ouvre sur le parc du domaine. Goûtez à cette bulle de volupté dans le calme d’un vaste jardin au parfum d’éden. Un lieu à déguster sans modération.

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